Jujutsu Kaisen 0 (2022) de Park Sung-Ho
Tiré du shônen manga (2017) créé par Gege Akutami, publié dans le magazine Weekly Shônen Jump mythique journal où sont nés aussi Dragon Ball, Naruto ou One Piece. Le manga est devenu en très peu de temps un des mangas les plus vendus au monde avec à ce jour 70 millions d'exemplaires vendus, devenu depuis une série animée (2020) et un film qui est d'ores et déjà dans le Top 9 des plus grands succès manga au Japon avec 8 millions d'entrées. Néanmoins, il ne s'agit pas de l'adaptation de la collection principale qui débute avec le tome 1, mais l'adaptation du prequel de la trame principal soit le tome 0. Précisons que ce manga est ce qu'on nomme un Dark Fantasy où des esprits se nourrissent des sentiments négatifs des humains. Cette production siglée Toho, firme derrière les films de Akira Kurosawa et la franchise "Godzilla", est réalisée par Park Sung-Ho choisit logiquement car déjà aux commandes sur la série TV animée éponyme (2020), connu également sur "The God of High School" (2020). Le scénario est signé par Hiroshi Seko qui a déjà écrit entre autre pour la série TV animée "L'Attaque des Titans" (2017-2021) et le film "The Empire of Corpses" (2015) de Ryôtarô Makihara...
Lorsqu'il était enfant Yuta Okkotsu a vu son amie Rika Orimoto mourir dans un terrible accident de la route, juste quelques temps après s'être promis à un mariage quand ils seront plus grands. Depuis, Yuta est hanté par Rika devenu un Fléau, monstre naissant des sentiments négatifs. Il rencontre Satoru Gojo, un puissant exorciste qui va le prendre sous son aile. Yuta entre donc dans une école spéciale qui forme des exorcistes qui utilisent les Fléaux pour combattre les malédictions néfastes pour le monde... Evidemment, vu le style te le genre le public qui se déplace est d'emblée plutôt acquis car, précisons-le, on est dans un manga bien éloigné du "Disney nippon" Ghibli avec notamment les Miyazaki. A l'instar de "Demon Slayer" dernier carton en date du manga "pur" ce film reprend donc à la lettre le manga livre tome 0 donc jusque dans l'animation et le graphisme. En gros il s'agit juste d'une transposition d'un story board. Premier constat, il y a une grande différence entre les décors et arrière-plans avec les personnages, ce qui est le grand défaut du film. Ainsi les décors et arrière-plans sont sublimes de justesses et de beauté, de vrais tableaux façon estampes japonaises, mais à contrario, les personnages sont déjà plus discutables. Le bestiaire est riche et varié mais les Fléaux restent souvent des apparitions express façon "vite fait bien fait", les mouvements du visage restent très primaires, tandis qu'on est surtout bloqué sur les mains, en gros plans elles apparaissent grossières, vieilles et trop grandes ce qui frappent visuellement. Il y a aussi quelques détails qui rendent un peu perplexe, comme ce rideau de Geto qui donnent de la lumière en pleine nuit ou le manteau de Panda à la fin.
Si le grand méchant du film renvoie assez clairement à un certain Voldemort, on reste surtout interessé par une intrigue solide, un paramètre prenant autour du Fléau issu de sentiments négatifs qui reste une variation toujours efficace. Mais il faut faire avec l'outrance inhérent au manga qui n'a rien à voir avec la subtilité des émotions et des interprétations. Tout est surjoué, chaque émotion, chaque instant intime est poussé jusqu'à la caricature. A tel point, surtout, qu'on repasse des séquences antérieures façon flash-backs pour bien rappeler au spectateur les choses au cas où il serait amnésique ou bien très stupide ! Ce genre de manga donne l'impression qu'il faut tout boursouflé, tout faire ou joué à outrance pour bien surligné les choses, il est bien difficile de comprendre autant de "sur-tout" à croire que les fans de manga sont trop limités intellectuellement pour savourer un peu de mesure et de finesse. Dommage pourtant, car l'histoire est passionnante, les personnages principaux sont touchants, qu'on aimerait que le graphisme de ces derniers soient aussi propres et nettes que les décors et paysages. Par contre, on apprécie la fluidité dans les séquences d'action, la diversité des "dons" et des pouvoirs, une violence digne d'un film live aussi (attention aux plus jeunes !) avec une réflexion sur la mort et le deuil qui n'est pas anodine. Donc on retrouve une histoire sur le fond universelle et foisonnante, mais qui est traité malheureusement comme si le spectateur était trop con pour tout comprendre, insistant donc sur tout et n'importe quoi. Agaçant voir horripilant dans la forme donc, gâchant un fond qu'on aimerait voir plus constructif et direct. Dommage...
Note :