Une Mère (2022) de Sylvie Audcoeur
Premier long métrage pour Sylvie Audcoeur en tant que réalisatrice après les deux courts métrages "Séparation" (2015) et "Paris-Pantin" (2018) alors qu'elle a débuté en tant qu'actrice notamment dans "La Neige et le Feu" (1991) de Claude Pinoteau et "Gazon Maudit" (1995) de et avec Josiane Balasko, et surtout réputée aujourd'hui comme scénariste pour la télévision avec entre autre "Plus Belle la Vie" (2004) ou "Fortunes" (2010). L'idée de départ est venu après avoir vu sur Youtube une vidéo qui l'a marquée où une femme qui racontait que son fils a été tué jusqu'à ce qu'on comprenne que le tueur était justement le jeune homme assis à côté d'elle : "Je suis restée saisie. Même si cette femme était très croyante, qu'elle était allée voir ce jeune homme en prison, que leur relation s'était construite peu à peu au parloir, j'avais le coeur qui battait : comment était-il possible d'être assise là à côté du meurtrier de son fils et de lui parler aussi sereinement ? Comment faisait cette femme, alors que moi j'ai tellement de mal à pardonner ? Ce sont ces questions qui m'ont fait réfléchir et j'ai tenté de trouver une réponse, ma réponse." Pour le scénario, elle a co-écrit avec Anna Fregonese avec qui elle a déjà collaboré sur la série TV "Mes Amis, mes Amours, mes Emmerdes" (2010-2012), puis avec Jacques Akchoti qui a écrit pour les films "Ne te Retournes Pas" (2009) de Marina de Van, "Faut pas lui Dire" (2017) de Solange Cicurel et "Les Filles du Soleil" (2018) de Eva Husson...
Aline n'arrive pas à faire son deuil depuis la mort de son fils de 17 ans dans une rixe. Elle survit comme une zombie depuis, jusqu'à ce qu'on jour elle croise par hasard son agresseur tout juste sorti de prison. Insupportable pour elle de le savoir libre elle décide d'échaffauder un plan pour se venger, mais ce n'est pas si simple... Cette maman est incarnée par Karin Viard vue récemment dans "L'Origine du Monde" (2021) de et avec Laurent Lafitte, "Tokyo Shaking" (2021) de Olivier Peyon et "les Fantasmes" (2021) des frères Foenkinos. L'agresseur est interprété par le jeune Darren Muselet habitué des rôles de délinquants après "Mon Frère" (2019) de Julien Abraham, "Jeunesse Sauvage" (2020) de Frédéric Carpentier et "Hors Normes" (2019) de Toledano-Nakache. À leurs cotés citons Samir Guesmi vu récemment dans "Parents d'Elèves" (2020) de Noémie Saglio et "Madame Claude" (2021) de Sylvie Verheyde et qui retrouve Karin Viard à l'affiche après "Le Bal des Actrices" (2009) de Maïwenn, Farida Ouchani vue dans "La Daronne" (2020) de Jean-Paul Salomé et "Haute Couture" (2021) de Sylvie Ohayon et qui retrouve après "Nous Trous ou Rien" (2015) de et avec Kheiron son partenaire Pasquale D'Inca aperçu dans "Nos Patriotes" (2017) de Gabriel Le Bomin et "L'Incroyable Histoire du facteur Cheval" (2018) de Nils Tavernier, Oscar Kopp aperçu dans "Une Belle Equipe" (2020) de Mohamed Hamidi et "Mon Cousin" (2020) de Jan Kounen, puis enfin Thierry Rousset et Yannick Rosset qui se retrouvent après le film "Rouge" (2021) de Farid Bentoumi... Le film débute avec une scène particulièrement triste et douloureux qui annonce d'emblée qu'on ne va pas rire une seconde. Une mère perd son fils dans une tragédie de fait divers atroce, qui survit depuis tant bien que mal jusqu'à ce que le hasard lui fait croiser l'assassin de son fils. Désormais elle a un but, la vengeance. Dès le début l'émotion nous assaille, la description froide et clinique du prologue fait froid dans le dos, et le visage émacié de la maman/Viard foudroie de pitié et de compassion. Ensuite, lorsque arrive le repris de justice, le meurtrier de nouveau libre, on est pris par un sentiment d'injustice, mais surtout d'incompréhension et ce, sur le fond comme sur la forme.
En effet, ce criminel libre rapidement (et oui la justice française) nous est montré de telle façon qu'on ne peut avoir d'empathie pour lui ; en effet, il est agressif, violent, "limité" ou du moins peu à même de se donner les moyens de changer, et des détails ne trompent pas sur sa personnalité comme les incivilités naturelles et systématiques. Bref, ce Maxime/Muselet est un bourrin pour lequel on n'a rien pour se raccrocher à un minimum d'empathie ou du moins d'espoir. C'est le gros soucis du film. Car ensuite, quand on en sait plus sur lui, les "excuses" ne sont franchement pas valables et confirment ce qu'on pensait de lui au préalable. Un criminel primaire d'une agressivité folle dont les "explications" sont bien vaines mais reste une caricature plus vraie que nature parfaitement incarnée par l'acteur. Le face à face entre ce criminel et la mère est tendu, très tendu, plusieurs passages font leur effet que ce soit sur l'angoisse, le doute ou la peur. Karin Viard est déchirante. On a un peu de mal à comprendre ou à acquiescer le fait que le jeune homme accepte de rester après la proposition mais finalement le duo fonctionne bien et on se prend au jeu malsain qui se met en place. Vu le sujet, il manque donc un minimum de paramètres positifs concernant ce jeune criminel pour pouvoir aller à l'empathie ou à l'acceptation. Mais pourquoi pas ?! Chaque individu est différent, chaque parent est différent, chaque mère est différente et, surtout, les voies du pardon sont impénétrables...
Note :