Kimi (2022) de Steven Soderbergh

Nouveau long métrage de Steven Soderbergh qui semble délaissé définitivement le grand écran avec ce troisième film diffusé pour la plateforme HBO Max après "La Grande Traversée" (2020) et "No Sudden Move" (2021). Pour ce nouveau projet pourtant le réalisateur semble retourne run peu en arrière avec une histoire qui reprend des ingrédients de ses films comme "Sexe, Mensonges et Vidéo" (1989) et "Piégée" (2011). Pour ce film il collabore avec David Koepp, réalisateur du sous-estimé "Hypnose" (1999) et "Premium Rush" (2012), et surtout un des scénaristes les plus réputés de sa génération avec entre autre "L'Impasse" (1993) de Brian De Palma, "Panic Room" (2002) de David Fincher ou "La Guerre des Mondes" (2005) de Steven Spielberg... À Seattle, la pandémie du Covid a modifié le quotidien, surtout celui de Angela qui en est devenu agoraphobe malgré la levée de nombreuses restrictions. Désormais en télétravail elle ne sort plus de chez elle et passe son temps à travailler sur le serveur KIMI pour lequel elle examine les flux de données, et se permet tout de même quelques écarts en invitant son voisin pour un peu d'amour. Mais un jour elle décèle sur une bande son de ses flux ce qui serait un crime, elle en est certaine. Elle décide d'aviser ses supérieurs, mais pour prévenir éventuellement le FBI elle doit quitter son appartement et se rendre au bureau de sa responsable avec la clef USB qui contient la preuve. Angela prend alors son courage à deux mains...  

Angela est incarnée par Zoë Kravitz (fille du rocker Lenny Kravitz) vue entre autre dans "Mad Max Fury Road" (2015) de George Miller, "Kin le Commencement" (2018) de Jonathan et Josh Baker et surtout remarquée tout récemment en Catwoman dans le très réussi "The Batman" (2022) de Matt Reeves. Ses voisins sont joués par Byron Bowers vu récemment dans "Concrete Cowboy" (2021) de Ricky Staub et qui retrouve Soderbergh après "No Sudden Move", et Devin Ratray qui retrouve également le réalisateur après "Effets Secondaires" (2013), année fructueuse d'ailleurs avec aussi "Nebraska" (2013) de Alexander Payne, "Blue Ruin" (2013) de Jeremy Saulnier et "R.I.P.D. Brigade Fantôme" (2013) de Robert Schwentke. Les autres protagonistes sont joués par Rita Wilson vue notamment dans "Auto Focus" (2002) de Paul Schrader, "Pas si Simple" (2009) de Nancy Meyers ou "Gloria Bell" (2018) de Sebastian Lelio, India De Beaufort vue surtout dans des séries TV comme "Les Frères Scott" (2009-2010) ou "Jane by Design" (2012), Emily Kuroda aperçue dans de nombreuses séries TV comme "Gilmore Girls", "Grey's Anatomy", "Six Feet Under", "Urgences", Les Feux de l'Amour"...  Puis enfin Jacob Vargas vu entre autre dans "Bobby" (2006) et "Un Héros Ordinaire" (2018) tous deux de Emilio Estevez et qui retrouve après le chef d'oeuvre "Traffic" (2000) le réalisateur Steven Soderbergh et sa partenaire Erika Christensen vue depuis dans "Flight Plan" (2005) de Robert Schwentke et dans la série TV "Parenthood" (2010-2015)... Outre ses films le réalisateur reprend un canevas connu mêlant secret, paranoïa, et un héros ou héroïne lambda. On pense forcément beaucoup aussi à "Conversation Secrète" (1974) de Francis Ford Coppola et "Blow Out" (1981) de Brian De Palma à quoi Soderbergh ajoute en toute logique le côté 2.0, avec un KIMI qui renvoie évidemment aux systèmes façon Google Home. Pourquoi pas ?! Le scénariste est une valeur sûre, le réalisateur un des plus intéressants de ces trois dernières décennies.

Malheureusement le résultat donne un téléfilm de luxe qui coche les cases de façon très scolaire à l'exception notable de quelques passages particulièrement efficaces (il manquerait plus que ça !). Le gros défaut du film est le traitement de l'agoraphobie, Angela ne peut plus sortir mais invite de temps à autre son voisin pour une partie de jambe en l'air, allez ok, mais alors qu'elle est bloquée pour simplement traverser la rue et prendre un petit déjeuner elle n'hésite pas une seconde à quitter son appartement, à traverser la ville sans trop de soucis et à venir dans les plus brefs délais au bureau de sa supérieure !?! Complètement invraisemblable sur le fond, complètement con sur la forme. Soudain le film se retrouve bancal et incohérent, soudain le film ne repose plus que sur l'action et le talent de Soderbergh pour donner un peu d'ampleur à une intrigue déjà convenue. Si on fait abstraction de l'agoraphobie (mais qui reste pourtant un paramètre essentiel !) le film est un petit thriller rythmé qui fait le job, d'abord grâce à une mise en scène immersive et créative avec quelques passages très efficaces... toujours si on fait table rase de l'agoraphobie... Et on pourrait ajouter l'enjeu, par exemple pourquoi Angela ne pense jamais à téléphoner elle-même au FBI ?! Le vrai atout du film reste donc Zoë Kravitz, investie et inspirée elle offre peut-être une de ses meilleures performances et après "The Batman" on peut se dire qu'elle est peut-être enfin arrivée à maturité. C'est déjà vrai bon point. Sans doute un des 2-3 films mineurs de Soderbergh. 

Note :