Women Do Cry (2022) de Mina Mileva et Vesela Kazakova

par Selenie  -  11 Mars 2022, 14:45  -  #Critiques de films

Présenté au dernier Festival de Cannes 2021 à la section Un Certain Regard, ce film est une co-production franco-bulgare derrière quoi on peut citer le producteur français Olivier Père qui est également producteur du très réussi "La Nuée" (2021) de Just Philippot. Ce projet est un projet collectif et familial, et surtout féminin et féministe. Ainsi, le film est réalisé produit et écrit par deux amies, Mina Mileva et Vesela Kazakova, assistées à l'écriture par la soeur jumelle de cette dernière Biliyana Kazakova, les deux soeurs qui ston d'abord actrices s'octroient aussi deux rôles. Les trois femmes se connaissant bien pour avoir déjà collaborer ensemble sur divers projets, des documentaires comme "Zaradi Lelia Sneje" (2008) et aussi un précédent film resté inédit chez nous, "Cat in the Wall" (2019). Les trois femmes se sont inspirés de faits réels pour étoffer leur histoire... 

On suit plusieurs femmes, filles et mères. Une maman en dépression post-natale, une jeune femme qui apprend qu'elle a été contaminé par le VIH, une autre mère qui cherche un peu de réconfort via le calendrier lunaire... etc... tandis que ces femmes se battent comme elles peuvent leur pays la Bulgarie est en proie à de violentes manifestations sur des sujets qui déchirent le pays... Les soeus Kazakova incarnent chacune un rôle, Vesela est sans doute la plus connue, déjà vue notamment dans "Mila of Mars" (2004) de Zornitsa Sophia et "Ao, le Dernier Néandertal" (2010) de Jacques Malaterre, Bilyana a été vu dans "Le Mas des Alouettes" (2007) des frères Taviani, tandis qu'elles invitent également une autre soeur, Katia Kazakova à les rejoindre devant la caméra. Dans un rôle central citons Maria Bakalova aperçue dans la série TV "Gomorra" (2017), puis dans le film "La Saveur des Coings" (2019) avant d'être particulièrement remarquée dans "Borat 2 : Nouvelle Mission Filmée" (2020) de Jason Woliner aux côtés de Sacha Baron Cohen. Dans son premier rôle au cinéma Ralitsa Stoyanova mais déjà annoncée dans "Samodiva" (2021) de Nikol Kostiva. Et enfin citons l'acteur Iossif Surchadzhiev vu dans "Dali" (1991) de Antoni Ribas, "Harry nous a Quitté" (1993) de Rangel Vulchanov, "Vercingétorix" (2001) de Jacques Dorfmann ou encore "Avé" (2011) de Konstantin Bojanov... Le cinéma bulgare est très discret, mais fait montre d'une certaine spécificité portée sur les aspects sociaux dans un pays qui est passé du communisme au capitalisme sans transition, dans un pays orthodoxe qui est resté très patriarcal. Ce film est alors un pas vers un regard plus tolérant et ouvert à la position des femmes, à leur émancipation et à plus de liberté pour elles. Ainsi on suit 5 femmes, 5 soeurs qui sont autant de problématiques sans qu'on comprenne malheureusement certains tenants et aboutissants : l'aînée est aussi peut-être la mère de la plus jeune, une autre est lesbienne et est en fait un homme (?!), une a quitté son travail de pharmacienne pour obéir à son homme qui préfère la voir assumer son rôle de maman au foyer, l'autre est une pseudo-ingénieur, la plus jeune a le V.I.H....

Bref rien est très clair à l'exception d'un père veuf qui battait sa femme et qui était un tortionnaire sous le régime communiste. Ce dernier est donc le seul véritable protagonistes mâle d'importance dans le récit, les autres sont des caricatures plus ou moins sous-exploitées. Outre le fait qu'il semble très improbable d'avoir autant de drames et/ou des cas sociaux (sens premier) dans une même fratrie, on a bien du mal à démêler les liens intra-familiaux. Mais le plus gênant est le virage que prend l'histoire, où les "soeurs" aident leur benjamine qui tombe dans une sorte de démence, paramètre un peu gratuit qui parasite le propos général et qui monopolise soudain l'intérêt et vampirise le récit comme seul fil conducteur tout en tentant d'instiller quelques thématiques comme le passé communiste ou la violence conjugale sans pour autant les traiter. Mina Mileva et Vesela Kazakova signent à quatre mains un film qui veut trop en raconter en trop peu de temps, qui s'éparpille donc sans pouvoir exploiter à fond ses sujets, et finalement le résultat s'avère un peu lourd, voir poussif malgré quelques séquences qui ne manquent pas de grâce, comme les deux soeurs assises sur le tas de pavés (tout un symbole !), ou une soeur qui confirme à la plus jeune que toutes les femmes sont des putes. A contrario on reste perplexe sur d'autres passages comme la dispute très puérile entre deux soeurs dont l'une est à priori adulte et ingénieur (?!). Un film aux messages louables voir nécessaires mais dans un scénario trop fouillis pour convaincre pleinement. Dommage.

 

Note :      

 

11/20
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