Alerte Rouge (2022) de Domee Shi
Nouveau Pixar, le 25ème, sorti exclusivement sur la chaîne Disney+, Alerte Rouge est le premier a être réalisé par une femme. Film très médiatisé, les interviews de Domee Shi ont été nombreuses et l'explication du film basée sur ses souvenirs d'enfance ont donné une direction sur la compréhension du film qui ne sera finalement pas favorable à la lecture de celui-ci.
La jeune Mei découvre l'année de ses treize ans que tous les membres féminins de sa famille sont maudits et qu'ils se transforment en panda roux à la suite d'émotions trop fortes. En pleine adolescence, elle va devoir faire face à la situation grâce à la présence de ses amies.
Le premier constat au bout de quelques minutes de film, c'est le raté sur le public envisagé, les thèmes de l'adolescence dans ses aspects les plus caricaturaux, avec un dessin moins fin, des traits plus bruts, caractéristiques qui s'éloignent des précédents Pixar ("Soul", "Luca") vont finalement s'adresser à un public plus jeune. L'apparence et le caractère du personnage principal ne s'accordent pas, on oscille constamment entre les paradoxes : l'ado - l'enfant dans ses relations ; la rebelle et pourtant parfaite et sage sous tous les aspects - etc... La réalisatrice n'a pas réussi à donner à son personnage une trame claire. Par contre, on est très vite énervé du personnage qui exaspère constamment dans son attitude.
Les anachronismes constants entre l'époque de la réalisatrice et l'époque d'Alerte Rouge sont trop nombreux pour rentrer dans le film. Les boys band ont disparus, les cols roulés en laine des "petites filles" sont oubliés, on est vraiment loin d'une réalité adaptée en film d'animation comme le voulait la réalisatrice, dommage car elle a promu le film sur cet aspect. Son propre passé a trop imprégné le décor, les costumes, les comportements etc. Le choix de la trame des couleurs, très tranché avec des couleurs très brutes, oscillant entre le vif et le pastel "petites filles" n'améliore pas la maturité du scénario qui manque de nuances et de contrastes... Le groupe d'amies de Mei ne joue pas en la faveur du film, personnages trop vite travaillés, inondés de clichés, un brin criard, ils manquent de personnalité et de charisme et n'apporte pas grand chose au film, si ce n'est sur la partie finale avec un dénouement très tendre.
Le film manque de finesse et d'aboutissement. Que ce soit dans le scénario, la description des personnages, les thèmes abordés, il y a trop de chose sans y voir de conclusion. On reste sur des thèmes de midinettes abordés sans subtilités et plus encore en enchainant les caricatures (la vie scolaire, les filles ado amoureuses, les comportements etc..).et les gags qui ne font pas rire tant ils sont prévisibles.
Le panda roux est le seul point d'orgue du film qui laisse à réfléchir sur les différentes facettes de soi que l'on peut ou non montrer et qui se dessinent à cette période clé qui est l'adolescence. La maitrise ou l'acceptation de soi est donc une jolie métaphore maitrisée par la réalisatrice. Importance, donné à cet animal puisque c'est le seul point d'attention sur le dessin qui surpasse tous les autres éléments du film. L'idée de la transmission familiale pose un tendre regard sur les legs qui ne sont pas toujours facile à porter ainsi que l'acceptation de sa famille et des personnalités qui la compose.
Ce n'est pas un mauvais film, mais c'est très loin de ce que Pixar a proposé dernièrement, bon jugement de l'avoir mis sur petit écran plutôt qu'au cinéma.
Note :