Alerte Rouge (2022) de Domee Shi

par Selenie  -  30 Mars 2022, 15:27  -  #Critiques de films

25ème long métrage Pixar, mais le 3ème à sortir directement sur la plateforme Disney+ (à l'exception de quelques pays) après "Soul" (2020) de Pete Docter et Kemp Powers puis "Luca" (2021) de Enrico Casarosa, et de surcroît le 1er dirigé en solo par une femme. Cette femme, d'origine asiatique (ce qui n'est pas anodin), Domee Shi a pu obtenir ce poste grâce sans aucun doute au très bon accueil reçu par son court métrage "Bao" (2018), premier court métrage diffusé gratuitement en ligne par Disney. Ce projet est aussi dans l'air du temps, à savoir féministe et féminin puisqu'une grande partie de l'équipe est féminine, à commencer par sa productrice Lindsey Collins déjà derrière "Wall-E" (2008) et "Le Monde de Dory" (2016), mais aussi la cheffe de production, la superviseuse des effets visuels, la réalisatrice forcément qui a été animatrice sur plusieurs Pixar comme "Vice Versa" (2015) de Pete Docter et Ronnie Del Carme, ou "Toy Story 4" (2019) de Josgua Cooley, jusqu'aux co-scénaristes Julia Cho dont l'expérience se focalise surtout sur des séries TV comme "Fringe" (2008) ou "Big Love" (2010-2011), puis Sarah Streicher connu pour son travail sur la série TV "Daredevil" (2018). A noter que les origines asiatiques de Domee Shi a fortement influencée le projet, et la partie autobiographique est aussi évidente...

Meilin Lee est une ado de 13 ans, extravertie, sûre d'elle, surdouée, gentille, entourée de ses trois meilleures amies, une vraie enfant modèle et qui est aussi fusionnelle avec sa mère hyper protectrice et étouffante. Tout va pour le mieux donc jusqu'à ce que Meilin apprenne qu'elle a le pouvoir un peu encombrant de se métamorphoser en panda roux géant suite à un mythe familial. Soudain plus rien ne va et Meilin va devoir apprendre à grandir et à assumer ses choix... Le film débute avec deux paramètres essentiels : la petite héroïne Meilin est une surdouée enfant presque trop parfaite ce qui est plutôt inattendu, souvent les jeunes héros ont d'emblée un soucis qui va justement les emmener vers une quête de soi, cette fois on a une jeune fille horripilante tant elle est l'idéale de perfection dont rêve les parents exigeants et perfectionnistes. Et ces minutes insupportables où on nous montre et nous martèles TOUS les clichés possibles et imaginables sur l'adolescence dont un quator d'amies très panelisé ! 1er soucis, la cinéaste semble obnubilée par son passé, sa nostalgie, mais aussi et donc par sa puberté sauf que la jeune cinéaste oublie trois choses 1- on comprend sans devoir tout désigner et appuyer 2- les héroïnes sont ados mais le film semblent s'adresser à des très jeunes enfants et 3- nous sommes en 2022 plus en 2002 voir même dans les années 90. le choix d'un boys band ringard est ainsi aussi caricatural qu'anachronique même si l'histoire se déroule en 2002 (chansons signées Billie Eilish et son frère tout juste oscarisé pour leur chanson du dernier "Mourir Peut Attendre" de Cary Joji Fukunaga). L'éveil sexuel des adolescentes laisse aussi perplexe, car en effet on parle d'éveil sexuel des filles car ici ce sont elles les obsédées du "bogoss", les garçons restant à jouer au basket. C'est surjoué d'ailleurs à outrance ce qui là, par contre, très paradoxal en cette période où on ne parle que des gestes déplacés (et toute la collection possible) des hommes envers les femmes. Dans "Alerte Rouge" ce sont pourtant bel et bien les adolescentes qui symbolisent une certaine "nymphomanie" répétant régulièrement "enfin devenir une femme" grâce au concert des boys band ou qui se transforment en midinettes "ouvertes". L'impression que le film se trompe d'époque est d'autant plus malaisant quand on touche à ce genre d'idées.

C'est si caricatural, si outrancier qu'on se demande où est passé les subtilités psychologiques auxquelles Pixar nous avait pourtant habitué. Par là même, notons toutes les références aux idées LGBT qui sont arasées, et on sait depuis quelques temps que c'est Disney qui censure ses productions sur ce sujet, même si les artistes Pixar sont sur ce point particulièrement subtils et malins pour y remédier. Le récit se situe au collège, donc outre l'éveil des corps d'autres sujets sont abordés comme le harcèlement, le sexisme (mais là dans l'autre sens !), la violence... sans pour autant que ce soit franchement traité mais juste montré de façon efficace et directe. Ce qui fait que le film surnage repose en fait sur la belle idée du panda roux. On comprend et on trouve même ça plutôt judicieux la symbolique avec le panda roux ; dans le chamanisme cet animal est symbolise "la capacité de voir à travers les masques", la métamorphose offre un parallèle à la puberté, le rouge est une métaphore aux changements radicaux physique et psychologique. Les gags se partagent donc de la même manière, le surjeu et les maladresses autour des "midinettes qui grandissent" ne font pas rire, ça frôle même souvent le pathétique, par contre ce qui entoure directement le panda roux est souvent drôles, ou restent touchant. Malheureusement, le dernier acte (une arrivée très attendue dès le début) est également too much, un peu granguignolesque (un peu de mesure dans les proportions que ce soit dans les personnages, causes ou conséquences !). En conclusion, un Pixar qui sent surtout le Disney faineant, grossier voir même vulgaire par instant, souvent kitsch sans le vouloir, heureusement parfois drôle, émouvant et qui surnage tout juste grâce à un Panda roux craquant. Le plus décevant des PIxar à ce jour... Note indulgente !

 

Note :      

 

10/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :               

12/20
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