Broadway (2022) de Christos Massalas

par Selenie  -  2 Juin 2022, 15:32  -  #Critiques de films

Premier long métrage du réalisateur-scénariste grec Christos Massalas après plusieurs courts métrages dont le dernier "Copa Loca" (2017). Le cinéaste a écrit son scénario en ayant en tête avant tout la cachette de son gang athénien, d'abord à la recherche d'espaces ou d'entrepôts abandonnés jusqu'à ce que Sophia Dona, architecte, qui lui a suggéré de visiter un lieu appelé les Arcades de Broadway à Athènes. Le réalisateur précise : "Je ne pouvais imaginer qu'il y avait un tel trésor caché au centre d'Athènes. C'était génial - et un peu métaphysique - que l'espace s'appelle Broadway. J'ai donc décidé d'y baser l'histoire et de faire de cet endroit une co-star du film. Puis, j'ai commencé à réimaginer l'espace dans mon esprit, de telle sorte que nous avons donc dû reconstruire de A à Z le Broadway du film sur la base du vrai Broadway." Notons que le film est une co-production franco-grecque avec notamment le producteur Bertrand Gore qui était derrière les films indés comme "Paradis Perdu" (2012) de Eve Deboise, "Jeune Femme" (2017) de Leonore Serraille ou "Une Histoire d'Amour et de Désir" (2021) de Leyla Bouzid... 

Nelly, jeune fugueuse, trouve refuge dans un complexe de loisirs abandonné d'Athènes qui est squatté par une bande de pickpockets. Elle intègre bientôt la bande, étant danseuse elle donne des petits spectacles de rue le temps pour ses amis de faire les poches des badauds. La combine fonctionne à merveille et Nelly devient la muse de la bande, mais l'arrivée d'un homme mystérieux blessé et couvert de bandage va bouleverser le quotidien de la petite bande... Au casting, quasiment que des inconnus à l'exception peut-être de Elsa Lekakou vue dans "Persefoni" (2019) de Costas Athousakis, "Holy Emy" (2021) de Araceli Lemos et qui retrouve le cinéaste après le court "Copa Loca", Foivos Papodopoulos vu dans "17 Bientôt 18 Ans" (2000) de Mimis Kougioumtzis et "Marionetes" (2015) de Pantelis Kalatzis, Stathis Apostolou aperçu dans "Man at Sea" (2011) de Constantine Giannaris, Salim Talbi vu notamment dans "Mes Nuits sont plus Belles que vos Jours" (1989) de Andrzej Zulawski et "Animals" (2021) de Nabil Ben Yadir, puis enfin Christos Politis, vétéran du cinéma grec depuis "I Leoforos Tou Misous" (1968) de Nikos Foskolos, et vu depuis entre autre dans "Souliotes" (1972) de Dimitris Papakonstadis ou "Anna Karenina" (1995) de Korais Domatis... Une danseuse de pole dance qui cherche à fuir des parents fortunés se retrouve au sein d'une nouvelle famille, singulière et marginale qui vit de leurs talents de pickpocket. On fait connaissance avec les membres mais dès le début quelques détails nous empêche d'y croire, d'abord par des pickpockets qui ne semblent pas spécialement talentueux, ou du moins le réalisateur ne sait pas les filmer de façon crédible et/ou intéressant, ensuite leur succès repose sur le talent de danseuse de Nelly/Lekakou auquel on ne croit pas, ses spectacles sont d'un niveau très amateurs et on ne peut donc croire à un public aussi nombreux.

Mais finalement l'univers pickpocket n'est qu'un paramètre secondaire et l'intrigue se déplace vers d'autres enjeux. Le film vire doucement vers un petit thriller paranoïaque intra-familial, entre peur et jalousie, entre pouvoir et soumission. Le cinéaste avoue avoir pris comme fil conducteur les thématiques autour de l'identité et du genre, il précise : "Mais je ne commence presque jamais un scénario en pensant aux fils thématiques que je vais suivre. Je commence par des images, des sensations, des personnages, et lorsque je commence à développer les personnages, ces thèmes apparaissent de manière tout à fait organique. Mais il est certain que le film parle - ou que je parle à travers le film - de ces questions." Si il en est effectivement question (de la question du genre, de la tolérance... etc...) ce n'est pas franchement probant sur le fond, on peut dire que c'est même peu exploité. Les personnages sont peu attachants, ou plutôt ils restent trop insignifiants pour nous émouvoir. C'est le gros bémol du film. Dans la forme c'est plaisant, l'intrigue bien écrite, avec une petite montée en tension bien gérée mais trop de détails ne fonctionnent pas et il manque un minimum d'empathie pour les personnages pour convaincre pleinement.

 

Note :                

12/20
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :