Eiffel (2021) de Martin Bourboulon

par Llowenn  -  24 Août 2022, 14:09  -  #Critiques de films

Troisième long-métrage de Martin Bourboulon, après les comédies "Papa et Maman" (2015) et sa suite "Papa et Maman 2" (2016), il se retrouve derrière la caméra après nombre de personnes envisagées pour la réalisation de ce drame - biopic sur une idée de la scénariste Caroline Bongrand qui y travaille depuis 1997. Envisagé par des producteurs américains et français, il faut attendre 2020, pour que le projet se concrétise.

 

Gustave Eiffel, fin des années 1880, est abordé pour créer le projet d'une haute tour, élément central de l'exposition universelle de 1889. Déclinant d'abord l'idée, il se lance finalement dans cette aventure après avoir revu son amour de jeunesse. Tiraillé dans un projet qui prend plus de temps que prévu et l'arrivée de celle qu'il a aimé, ravivant chez lui souvenirs et sentiments.

 

Le problème en prenant des personnages ayant réellement existé c'est que l'on s'attend à une base historique qui se tient. Or là, si les personnages ont vécu à la bonne date, même avec 90% de romancé, un problème évident arrive concernant un personnage trop effacé : La Tour Eiffel. Non, Eiffel n'est pas le seul architecte, dessinateur et concepteur de la Géante de Fer, il n'est même pas à l'origine de l'idée ni de sa hauteur et enfin, Gustave Eiffel, n'a jamais fait de la tour de 300 mètres son bureau. Écrire un scénario d'une romance ancrée dans une réalité à cet inconvénient que le peu montré ou insinué doit être juste. Le "librement inspiré de faits réels" n'est en rien une excuse à un minimum de vérité et de documentation.

 

Si l'on ne se base que sur l'histoire d'amour, le film porte un très beau regard sur le développement et la force des sentiments ainsi que sur les convenances d'une société aujourd'hui désuète. Le duo amoureux Duris/Mackey fonctionne à merveille, l'étincelle entre les deux emporte, l'alchimie des regards et des gestes allument tous les feu de la passion de leurs personnages. Costumes, lumière et décors plonge le spectateur dans la fin du 19ème siècle, avec une reconstruction du Paris 19ème particulièrement réussi. Point d'honneur pour la réalisation des plans réduits, portraits et regards, amenant à la limite de l'intimiste, on accompagne chaque réaction et sentiment de l'acteur, très beau travail. Le jeu des flashbacks et le rajeunissement numérique de Romain Duris ne gâchent en rien le conte amoureux de Gustave Eiffel. 

 

Mais cette romance entache cette fameuse base historique, passant des détails qui auraient mérités un peu plus de développement comme les différents projets en concurrence pour la tour Eiffel, l'enjeu financier d'Eiffel (esquissé dans le film), lui qui finance la tour, lui qui investi dans la presse pour la notoriété de cette géante de fer (encore une fois évacué en un plan ou deux), les grands noms de l'époque qui s'insurge contre la construction mais aussi Eiffel qui n'a pas négocié le salaire des ouvriers afin que les délais soient respectés (à un an près). Réellement, à la fin du visionnage du film, on a envie d'un second film sur ce personnage massif et central de Paris afin de voir toutes les étapes de sa création sur papier à son élévation. Mais surtout l'enjeu de l'exposition universelle qui est un thème du film est balayé en quelques instants pour se focaliser sur l'histoire d'amour, il n'y a pas de concrétisation des différents enjeu du film.

 

Il ne faut pas voir le film comme un biopic, ni comme un film historique, seulement comme une belle romance mais dans ce cas là, la commercialisation du film n'a pas joué des bons arguments pour ne rester que dans l'idée du drame.

 

Avis de Selenie ICI !

 

Note :                

10/20
Eiffel (2021) de Martin Bourboulon
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