Vesper Chronicles (2022) de Kristina Buozyte et Bruno Samper

par Selenie  -  25 Août 2022, 18:09  -  #Critiques de films

Une production belgo-franco-lituanienne ambitieuse co-signée par la réalisatrice-scénariste lituanienne Kristina Buozyte et le français Bruno Samper, qui ont collaboré déjà sur leur précédent long métrage "Vanishing Waves" (2012) et leur court "K is for Knell", segment du film d'horreur collectif "The ABC's of Death 2" (2014). Leur projet est inspiré de l'évolution de la science : "Cette idée que plus la technologie va avancer et évoluer, plus elle va s'intégrer au vivant et devenir totalement organique. Aujourd'hui on commence à stocker de l'information numérique sur de l'ADN. La prochaine révolution sera sans doute celle de la biologie synthétique, elle s'est déjà notablement accélérée pendant la pandémie. On s'est aussi beaucoup penchés sur le biodesign : depuis 20 ans, l'informatique a permis, grâce aux images de synthèse, de faire émerger une esthétique inspirée de la complexité des formes du vivant. Il y a tout un pan de l'art et du design qui s'est développé dans ce sens-là chez les stylistes, les designers ou dans le "motion design". Pour leur film, les cinéastes se sont inspirés de divers oeuvres comme le film d'animation "La Planète Sauvage" (1973) de René Laloux, la série documentaire "L'Aventure des Plantes" (1982) de Jean-Marie Pelt, les oeuvres de Jim Henson, Hayao Miyazaki, mais aussi d'architectes jusqu'au Chef Opérateur Feliksas Abrukauskas qui s'est inspiré pour la lumière des peintres Rembrandt et Vermeer ! Notons que les deux réalisateurs-scénaristes co-signent le scénario avec un troisème collaborateur, Brian Clark dont on peut citer le travail d'écriture sur les films "C'est ma Vie après Tout" (2013) de John Badham et "Sadie" (2016) de Craig Goodwill... 

Dans un futur pas si lointain, les écosystèmes se sont effondrés et désormais les êtres humains sont séparés en deux mondes différents, les plus privilégiés se sont retranchés dans des citadelles qui vivent en autarcie, et les autres qui survivent dans une nature devenue hostiles. Vivant dans les bois avec son père, Vesper rêve d'une autre vie notamment grâce à ses talents de bio-hackeuse. Elle pense que le destin frappe enfin à sa porte quand un vaisseau venu d'une citadelle s'écrase... Au casting, on remarque plusieurs acteurs lituaniens inconnus, mais des acteurs plus (un peu plus) connus britanniques pour les rôles principaux ce qui s'expliquent aussi par un budget limité d'une co-production qui ne fait pas forcément rêver à l'international. Ainsi dans le rôle titre est incarnée par la jeune britannique Raffiella Chapman aperçue dans "Une Merveilleuse Histoire du Temps" (2014) de James Marsh, puis vue dans "Miss Peregrine et les Enfants Particuliers" (2016) de Tim Burton et "Infinite" (2021) de Antoine Fuqua. Son père est interprété par Eddie Marsan acteur britannique à la gueule singulière vu de "Mariage à l'Anglaise" (1999) de David Kane à "Un Homme en Colère" (2021) de Guy Ritchie en passant par "Tyrannosaur" (2011) de Paddy Considine, "Le Dernier Pub avant la Fin du Monde" (2013) de Edgar Wright ou "Atomic Blonde" (2017) de David Leitch. Parmi les britanniques citons encore Edmund Dehn aperçu dans "Spoon" (2011) de et avec Sharlto Copley et Simon Hansen puis "Kid Gloves" (2013) de Adam Simcox, Rosie McEwen surtout aperçue dans des séries TV diverses, et surtout Richard Drake acteur britannique un peu moins connu que Eddie Marsan mais dont on reconnaît la trogne depuis "Batman begins" (2005) de Christopher Nolan jusqu'à "The Munsters" (2022) de Rob Zombie en passant par les "Halloween" (2007-2009) du même réalisateur, mais aussi "La Mort de Staline" (2017) de Armando Iannucci et "Les Frères Sisters" (2018) de Jacques Audiard. Parmi les lituaniens citons Marijus Demiskis vu dans "Sasha was Here" (2018) de Ernestas Jankauskas et "Piktuju Karta" (2021) de Emilis Velysis, puis Markas Eimontas vu dans "Peruna" (2020) de Joona Teva. Et enfin n'oublions pas la très singulière beauté du mannequin américain Melanie Gaydos vue dans "Insidious : la Dernière Clé" (2018) de Adam Robitel et dans "Tous les Dieux du Ciel" (2019) de Quarxx...

D'emblée on constate trois choses, d'abord un climax dystopique certe convenu mais aussi efficace qu'inhérent au genre, des effets spéciaux judicieux essentiellement au service d'une flore et d'une faune aussi créative que fascinante, puis malheureusement un scénario aussi éculé que galvaudé. La trame est celle de quasi tous les films du genre avec le cahier des charges idéal où les réalisateurs ont pris bien soin de cocher toutes les cases. Ainsi on a la petite ado solitaire mais si futée, les méchants riches et les gentils pauvres (ou presque faut bien un méchant!) avec les cités pour les gens d'en-haut et les taudis pour les gens d'en-bas etc... etc... On est constamment entre l'agacement et la séduction, agacer par un récit cousu de fil blanc qui trace un sillon grossier vers une suite déjà dans les cartons (tout dépendra du box-office), agacer par une héroïne au génie trop flagrant pour être crédible, puis séduit par une atmosphère et un rythme lancinant et prenant, puis séduit par un bestiaire énigmatique bien mis en valeur par des effets spéciaux savamment dosés. On notera aussi un bon point pour un style plus "adulte" qu'à l'accoutumé dans ce genre de film, des sous-entendus et une violence qui est à déconseiller au moins de 12 ans. Dans l'ensemble rien de bien neuf malgré des idées, et eu final un petit film de SF qui se regarde sans déplaisir.

 

Note :      

 

12/20
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