Belle (2021) de Mamoru Hosoda

Neuvième film du célèbre réalisateur de film d'animation, Mamoru Hosoda revient cette fois avec une réinterprétation 2.0 du célèbre conte : La Belle et la Bête. Transposée dans notre époque, le réalisateur fait aussi des rappels aux occupations adolescentes d'aujourd'hui en créant un double monde, celui d'une réalité virtuelle par les réseaux sociaux. 

Suzu, ayant perdu sa mère jeune est traumatisée de cet événement, depuis, elle est introvertie n'osant même plus chanter, éloignée de son père avec qui elle vit, et amie avec Hiroka qui n'a pas la langue dans sa poche. Le jeu de réalité virtuelle "U" va l'amener à se libérer de ses peurs par son avatar Belle, une star de la musique, mais va aussi faire la rencontre de Dragon, la bête qui terrorise ce monde alternatif. 

L'idée de réinventer le conte, en passant outre la romance pour créer une histoire d'une amitié forte et d'une protection de l'autre tout en se dévoilant d'abord par une réalité alternative pour enfin être soi dans le monde réel est très intéressante voire très belle. Le synopsis va pourtant se perdre dans des limbes créant une forme de chaos dans lequel on ne peut pas s'y retrouver, les incohérences étant trop fortes et le côté invraisemblable dans le monde réel est trop présent pour croire un seul instant à la trame du film. Ainsi Dragon fait peur dans un monde où tous peuvent être une représentation de leur moi interne, dans une réalité où tous font et sont ce qu'ils veulent, pourquoi lui est désignée le monstre du jeu ? Suzu qui arrive enfin à être qui elle veut dans "U" va laisser son rêve musical de côté pour rencontrer et aider dragon alors qu'elle n'arrive même pas à s'aider elle-même, dans le jeu aussi puisqu'aider et guider par son amie ? Une adolescente qui part à des centaines de kilomètres, endroit trouvé de façon "claquement de doigts", de chez elle avec l'aval de tous les adultes alors qu'elle va se confronter à une personne dangereuse... On a vraiment l'impression d'une histoire non aboutie avec moins de réflexion que sur les films précédents du réalisateur. 

On a une héroïne assez passive, menée par ses amies, particulièrement par Hiroka ayant une personnalité très forte voire plus intéressante que celle de Suzu. Cette dernière est perdue dans des sentiments extrêmement bien mis en avant, très bien dessinés qui peuvent emporter dans ces méandres qui la torture et qui l'empêche d'avancer jusqu'au moment, où elle comprend qu'ils peuvent jouer pour les autres autant que pour elle. 

D'un point de vue image, c'est toujours aussi beau avec un contraste fort entre "U" et le monde réel dans les couleurs très sombre d'un côté et très vives de l'autre. Avec des personnages très standardisés face à un bestiaire assez travaillé de l'autre, on a une réelle richesse de l'image amenant une ode poétique très forte dans le monde "U". Par contre, les chants, seulement murmurés ne sont pas trop entendables et on passe à côté des messages, pourtant clés de l'avancement du récit. 

Au final, un joli film avec une belle promesse mais n'étant pas aboutie sur tous les points, on passe complètement à côté de cette réinterprétation moderne de la belle et la bête. 

Avis de Selenie ICI !

Note :