Belle (2021) de Mamoru Hosoda

par Selenie  -  6 Janvier 2022, 08:29  -  #Critiques de films

Retour après "Miraï, ma Petite Soeur" (2018) de Mamoru Hosoda le plus connu des réalisateurs-animateurs de films d'animation japonais après un certain Hayao Miyazaki des studios Ghibli. D'ailleurs après une mésentente entre eux Hosoda ne réalisera pas "Le Chateau Ambulant" (2004), mais en profitera pour réaliser "La Traversée du Temps" (2006) et "Summer Wars" (2009) avant de fonder son propre studio avec Yuichiro Saito les Studios Chizu d'où sortiront ses films "Les Enfants Loups, Ame et Yuki" (2012), "Le Garçon et la Bête" (2015) et "Miraï". Pour ce projet fortement inspiré du célèbre conte dont la plus belle adaptation demeure le chef d'oeuvre éponyme "La Belle et la Bête" (1946) de Jean Cocteau, Hosoda s'est entouré d'artistes renommés venus d'autres horizon avec surtout Jin Kim animateur chez Disney sur "La Reine des Neiges" (2013) de Chris Buck-Jennifer Lee et "Zootopie" (2016) de Byron Howard-Rich Moore, de même quele duo Tomm Moore et Ross Stewart auquel on doit le petit bijou "Le Peuple Loup" (2021). Hosoda a affirmé que c'est le film qu'il a toujours rêvé de faire : "J'explore la romance, l'action et le suspense, ainsi que des thèmes plus profonds tels que la vie et la mort. Je l'espère comme un grand spectacle de divertissement pour les spectateurs." Précisons que le titre en V.O. est "Ryu to Sobakasu no Hime" qui signifie "Le Dragon et la Princesse aux Tâches de Rousseur"... Suzu est une ado complexée qui vit dans une petite ville des montagnes avec son père. Elle passe tout son temps libre dans le monde virtuel de l'application U dans lequel elle devient Belle, une icône musicale suivie par 5 milliards de followers. Suzu vit donc une double vie qui va prendre un tournant inattendu quand Belle rencontre la Bête, un dragon aussi effrayant que fascinant et qui va aussi avoir des répercussions dans le monde réel...

La voix de Suzu/Belle est celle de Kaho Nakamura pour son premier film, si elle est inconnue chez nous elle est une chanteuse populaire au Japon. Ryu/Kei le dragon est incarné par Takeru Satoh surtout remarqué dans le rôle principal de la tétralogie "Kenshin" (2012-2021) de Keishi Ohtomo. Le père de Suzu a quant à lui la voix de la star Koji Yakusho vu dans des films comme "L'Anguille" (1997) de Shohei Imamura, "Babel" (2006) de Alejandro Gonzales Inarritu, "Hara-Kiri : Mort d'un Samouraï" (2011) de Takashi Miike ou "The Third Murder" (2017) de Hirokazu Kore-Eda. En V.F. c'est Louane en tête d'affiche et qui prête donc sa voix à l'héroïne après avoir déjà prêté sa voix pour les films d'animation "Les Trolls" (2016) de Mike Mitchell-Walt Dohrn, "Sahara" (2017) de Pierre Coré et "Les Indestructibles 2" (2018) de Brad Bird. Puis surtout, précisons qu'une autre française a oeuvré sur le film en adaptant les chansons en français, à savoir l'auteure-auteure-compositrice et musicienne Cécile Corbel qui avait connu un énorme succès en tant que compositrice du film Ghibli "Arriety le Petit Monde des Chapardeurs" (2011° de Hiromasa Yonebayashi... Au vu des thématiques on constate que Mamoru Hosoda s'inspire une nouvelle fois de sa famille, à l'instar de "Summer Wars" et "Les Enfants Loups" (inspirés de sa mère), "Le Garçon et la Bête" et "Miraï" (inspirés de ses enfants) et ainsi cette foisil abord la question de l'adolescence (ses enfants ont grandi !), et en profite pour évoquer une nouvelle fois les réseaux sociaux et internet après "Summer Wars" mais cette fois de façon beaucoup plus positive comme il l'explique : "Cela peut être un très bon outil pour améliorer la vie de tous. Internet étant en constante évolution, je me suis promis de faire un film qui contribuera à en montrer les applications positives. Depuis l'année dernière, ma vie professionnelle et personnelle s'est radicalement améliorée grâce à internet, et je sens que je me suis un peu plus rapprochée de l'idée que je me faisais du futur il y a 10 ans de cela. Dans notre époque où le monde change constamment et à toute vitesse, et sans restriction à l'égard de la sagesse conventionnelle, je pense qu'il était devenu inévitable de traiter ce sujet."... On reconnaît d'emblée le style Hosoda, un réalisme des traits et une retranscription des sentiments fidèle mais cette fois il n'y a pas grand chose qui va dans ce film d'animation ambitieux mais bancal et maladroit. Liste non exhaustive (malheureusement) : d'abord on ne comprend jamais pourquoi le dragon devient l'intrus, car en quoi son style de combat serait une tare, catastrophe... etc... alors qu'à priori il gagne juste un jeu virtuel de combat ?! Suzu est une timide complexée qui rêve avant tout de chanter mais en 1 seconde elle oublie son rêve et est soudain obnubilé par l'identité d'un inconnu violent ?! Suzu dont la voix est celle de la chanteuse Louane, et si on apprécie plutôt la musique on ne comprend pas grand chose aux paroles la chanteuse marmonnant dans sa barbe.

Suzu est l'héroïne du film, officiellement, mais on constate qu'elle ne prend jamais de décision par elle-même, son amie Hiroka mène le bal sans compter l'aide non négligeable des "fées", bref Suzu est sans grande consistance. Dans l'ensemble on est particulièrement irrité par les personnages qui ne savent pas s'exprimer autrement que par des cris hystériques (très japonais, compensant la frustration nationale de leur angoisse et stress), ainsi que plusieurs plans immobiles, figés, qui se veulent contemplatifs sauf qu'il ne s'y passe absolument rien (pas un brin de vent rien !) durant de très longues secondes, puis l'appli "U" explique le système avatar et là on ne comprend alors pas  les milliers d'avatar dont les looks devraient amener la plupart des "véritables" personnes derrière à la dépression ; seule Suzu/Belle s'en sort dans ce bestiaire finalement peu original. Le scénario est ludique, salutaire dans son propos mais demeure incohérent, poussif et invraisemblable.  Heureusement, alors que le récit sombre dans le n'importe nawak, il y a un sursaut d'intérêt grâce à un twist efficace et bien amené, un rebondissement qui relance le film dans le bon sens avec une montée en tension et des enjeux enfin valable. Néanmoins, si la dernière demi-heure est la plus intéressante elle est encore plombée par quelques "bavures" : la réplique "elle est grande, elle a fait son choix" est particulièrement galvaudée, générique et facile, et on tombe des nues sur une enquête terminée en quelques secondes (deux morceaux de building, une coïncidence ou deux... etc...) que les agents de la série TV "Les Experts" passent pour des grands amateurs voir les plus grands escrocs du monde. Laisser partir une gamine à travers le pays pour se confronter à un homme sans doute dangereux, ou retrouver des enfants dans une ville comme de par hasard. Pas très crédible. Mais cette dernière partie réussi tout de même à jouer sur certaines cordes sensibles, entre le monde de "U" qui explose de couleurs et de musique et les enjeux des uns et des autres le film surnage grâce aux émotions qui passent enfin. C'est laborieux, mais on passe un relatif bon moment. Note généreuse.

 

Note :      

 

09/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :               

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