Mort du réalisateur Ruggero Deodato

par Selenie  -  29 Décembre 2022, 23:34  -  #Décès de star - Bio

Nous apprenons la mort d'un cinéaste méconnu pour le grand public mais qui mérite le détour, Ruggero Deodato est mort ce 29 décembre 2022 à l'âge de 83 ans.

Né en 1939 dans le sud de l'Italie, mais pour des raisons économiques il migre au Danemark où il apprend le piano. Avec sa famille il revient en Italie et emménage à Rome alors qu'il a 14 ans. Il habite alors dans le quartier réputé de Parioli où se concentre de nombreuses personnalités et des studios du cinéma. Très vite l'adolescent connaît des contacts et notamment il devient ami avec le fils du réalisateur Roberto Rosselini.

 

Il obtient de petites apparitions non créditées comme dans les films "Destinazione Piovarolo" (1955) et "Il Coraggio" (1955) tous deux de Domenico Paolella, mais surtout il devient assistant-réalisateur sur les films "Le Général Della Rovere" (1959) et "Viva l'Italia" (1961) tous deux de Roberto Rosselini.

 

Sa carrière d'acteur ne prend cependant pas comme il l'explique : "J'ai fait plusieurs petits films pendant un an ou deux, puis on m'a appelé pour auditionner pour Federico Fellini, mais de seize à dix-huit ans. J'avais changé, j'avais des lunettes, j'étais moche. Fellini ne m'a pas pris. Je ne pensais plus être un acteur." Malgré tout il persévère, non pas devant mais derrière la caméra. Il apprend ainsi le métier en tant que assistant-réalisateur entre autre sur les films "Danse Macabre" (1964), "Marchands d'Esclaves" (1964) et surtout "La Terreur des Kirghiz" (1964 - ci-dessous) tous de Antonio Margheriti mais ce dernier film reste une co-réalisation même si il n'est pas crédité, puis citons le western spaghetti "Django" (1966) de Sergio Corbucci.

Il peut enfin réaliser son premier long métrage en solo avec la suite du film d'aventure "Gungala, la Panthère Nue" (1968), et enchaîne aussitôt avec de petites productions sans stars, des films d'aventures et des comédies sans prétention dont "Phénoménal et le Trésor de Toutânkhamon" (1968), "Donne, Botte e Bersaglieri" (1968) ou "Faut pas Jouer avec les Vierges" (1969 - ci-dessous).

Le succès n'étant pas franchement au rendez-vous, entre 1970 et 1975 il travaille surtout pour la télévision, pour des séries TV mais aussi beaucoup pour la publicité signant des spots pour des marques comme Piaggio, Fiat ou Philips.

 

Il revient pourtant avec le Giallo "Ondata di Piacere" (1975) dont le succès lui permet de renouer avec le grand écran. Il fait sensation avec un poliziottesco (polar politico-spaghetti) "Uomini si Nasce Poliziotti si Muore" (1976 - ci-dessous) qui est considéré alors comme l'un des plus violents du cinéma italien, il sera amputé de plusieurs scènes et interdits au moins de 18 ans. 

Il enchaîne avec un film d'épouvante qui devait à l'origine être la suite du film "Au Pays de l'Exorcisme" (1972) de Umberto Lenzi signé par ce dernier. Finalement, malgré le même casting, le projet change de main pour devenir "Le Dernier Monde Cannibale" (1977 - ci-dessous) premier film de cannibal en Italie. Il revient ensuite à des genres plus "classiques" avec les drames "Le Dernier Souffle" (1978) et "SOS Concorde" (1979).

Il revient ensuite au film d'épouvante, en revenant à l'anthropophagie et signe "Cannibal Holocaust" (1980 - ci-dessous) qui crée un scandale encore plus violent qu'en 1977. Il lui est notamment reproché des animaux chassés réellement et tués de façon hyper réaliste. Le cinéaste est jugé et est même condamné à quatre mois de prison avec sursis. Malgré tout, son style façon docu-fiction marque les esprits et la postérité en fera un film culte.

Les soucis juridiques font que le succès de "Cannibal Holocaust" n'est pas probant, Deodato décide donc de tourner dans la foulée, la polémique étant déjà là, la violence semble avoir décomplexé le réalisateur qui enchaîne avec un un Giallo hyper-violent avec "La Maison au Fond fu Parc" (1980 - ci-dessous) avec la même équipe et les mêmes producteurs.

Il signe ensuite le film d'aventure "Les Prédateurs du Futur" (1983), puis revient avec "Amazonia : la Jungle Blanche" (1985 - ci-dessous) qui clôt la trilogie cannibale de Deodato. Néanmoins, ce 3ème opus est sans inspiration autre que de jouer la surenchère.

Il réalise ensuite le film d'aventure "Le Loup du Désert" (1986), le film d'horreur "Le Camping de la Mort" (1986) sans cannibales cette fois, et le nanard de Heroic Fantasy "The Barbarians" (1987).

Le succès est de moins en moins au rendez-vous, il signe les Giallo "Le Tueur de la Pleine Lune" (1988 - ci-dessous) avec Michael York et "Angoisse sur la Ligne" (1988) mais finalement il finit par revenir à la petite lucarne et travaille à la télévision pour plusieurs séries TV, régulièrement jusqu'en 2005.

Entre temps il réalise un film d'aventure familial avec "Les Petites Canailles" (1992), puis un petit Giallo avec "Vortice Mortale" (1993).

 

À l'instar de certains de ses films, Ruggero deodato est devenu un réalisateur culte, il fait ainsi un caméo en cannibale dans le film d'horreur "Hostel, Chapitre II" (2007 - ci-dessous) de Eli Roth. Un retour devant la caméra qui va donner des idées puisqu'il fera la grande partie de sa carrière d'acteur dans les années suivantes souvent pour des caméos ou de petits rôles. Citons par exemple "The Museum of Wonders" (2010), "Chimères" (2013) de Olivier Beguin, Lilith's Hell" (2014) de Vincenzo Petrarolo sans oublier son dernier film en tant que son ultime film en tant que réalisateur-acteur avec "Ballad in Blood" (2016) inspiré de l'affaire Meredith Kercher survenu en 2007.

En 2018, il sort le scénario d'une suite à son film "Cannibal Holocaust", publié sous forme d'un récit illustré sous le titre "Cannibal Holocaust 2".

Le cinéaste rencontre sur un tournage en 1968 l'actrice Silvia Dionisio qu'il épouse en 1971 et avec qui il a un fils avant de divorcer en 1979. Il épouse plus tard celle qui sera la mère de sa fille née en 2001.

 

Ruggero Deodato aura une filmographie objectivement oubliable, néanmoins il restera dans l'histoire pour sa trilogie cannibale, dont le culte "Cannibal Holocuast" et 2-3 autres films.

 

Ruggero Deodato est mort ce jeudi 29 décembre 2022 à l'âge de 83 ans.

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