La Famille Asada (2023) de Ryôta Nakano
Nouveau film de Ryôta Nakano, réalisateur méconnu mais qui a déjà signé les films "Chichi Wo Torini" (2012), "Shizumanai Mittsu No Ie" (2016), "Yu Wo Wakasuhodo No Atsui Ai" (2016) et "Nagai Owakare" (2019). Ce projet est néanmoins une idée de son producteur Shinjo Ogawa, connu en France pour le film "La Ballade de l'Impossible - Norwegian Wood" (2011) de Tran Anh Hung, qui lui a parlé de la vie du photographe japonais Masashi Asada connu au Pays du Soleil Levant pour deux livres, un premier en 2008 où il mettait en scène de façon humoristique sa propre famille, puis un second qui témoigne des conséquences du tsunami en 2011. Le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Tomoe Kanno qui a écrit pour les films "Misono Yunibasu" (2015) de Nobuhiro Yamashita, "Kagefumi" (2019) de Tetsuo Shinohara ou "Une Porte sur l'Eté" (2021) de Takahiro Miki. Le film est un succès au Japon avec en prime plusieurs nominations au Japan Academy Prize 2021...
Passionné par la photographie, Masashi s'amuse à mettre en scène sa famille depuis son enfance. Mais depuis qu'il est parti étudier pour devenir photographe il revient peu et de façon irrégulière chez les siens. Mais pourtant il va arriver à devenir photographe grâce au soutien de sa première amoureuse et de la confiance d'une éditrice. Passionné de photographie, il a en explorer une autre facette quand il devient bénévole suite au tsunami qui ravage les côtes japonaises... Le photographe est incarné par Kazunari Ninomiya vu dans "Lettres d'Iwo Jima" (2006) de Clint Eastwood, "Gantz" (2010) et "Gantz Revolution" (2011) tous deux de Shinsuke Sato, et retrouve après "Assassination Classroom" (2015) de Eichiro Hasumi son partenaire Masaki Suda qui joue un ami vu dans "Death Note : Light Up the New World" (2016) de Shinsuke Sato, "The Great War of Archimedes" (2019) de Takashi Yamazaki ou "Cube" (2021) de Yasuhiko Shimizu. Sa colocataire et amie est interprétée par Haru Kuroki vue dans "A Bride for Rip Van Winkle" (2016) de Shunji Iwai et "Dans un Jardin qu'on dirait Eternel" (2018) de Tatsushi Ômori, qui retrouve après "La Maison au Toit Rouge" (2014) de Yoji Yamada l'acteur Satoshi Tsumabuki vu dans "Pandémie" (2009) de Takahisa Zeze, "The Assassin" (2015) de Hou Hsiao-Hsien et "It Comes at Night" (2018) de Trey Edward Shults. Les parents sont joués par Jun Fubuki vu dans "Le Phénix" (1978) de Kon Ichikawa, "Kaïro" (2001) de Kiyoshi Kurosawa et "Notre Petite Soeur" (2015) de Hirokazu Kore-Eda, puis Mitsuru Hirata vue dans "La Marche de Kamata" (1982) de Kinji Fukasaku, "The Man in White" (2003) de Takashi Miike et "Hikari" (2017) de tatsushi Ômori. Puis enfin n'oublions pas Makiko Watanabe vue dans "Zebraman" (2004) de Takashi Miike, "La Forêt de Mogari" (2007) et "Still the Water" (2014) tous de Naomi Kawase ou "Kenshin : le Commencement" (2021) de Keishi Ôtomo... Le réalisateur explique pourquoi ces livres photos l'ont inspirés : "Dès les premières pages, j'ai éclaté de rire et en même temps cela m'a fait chaud au coeur. Pour faire ces photos uniques en leur genre, il avait forcément fallu une confiance aveugle et une coopération totale de la famille du photographe, et je me suis dit que cela cachait sûrement une belle histoire familiale." Malheureusement, c'est là le premier soucis, le cinéaste met le doigt sur un point essentiel, à savoir qu'on ne comprend pas en quoi c'est hilarant, les photos sont amusantes sans doute pour les protagonistes mais de là à éclater de rire il y a un monde. Idem, elles n'ont rien d'unique et on dirait même qu'elles sont plutôt banales. Mais cela repose assurément sur une grande différence culturelle avec le Japon.
Mais finalement ça n'est pas non plus le fond du propos. On est d'abord un peu perdu, car en fait il ne s'agit pas réellement de l'histoire d'une famille mais un biopic sur le photographe Masashi. Ainsi le film débute alors qu'il a 10 ans et on le suit chronologiquement jusqu'à sa reconnaissance professionnelle, puis jusqu'au drame du tsunami en 2011. Le film est scindé en deux parties bien distinctes pourtant, ce qui crée un décalage de genre et rythme. Dommage. La première partie est donc une comédie douce amère où on suit Masashi dans son parcours, année après année, pour devenir photographe tandis que sa famille et que sa coloc patientent et le soutient en attendant qu'il s'éveille ou réagisse. Pas hyper drôle, mais touchant et assez léger et fantaisiste pour nous faire sourire. Puis arrive le tsunami, le film prend un petit virage vers une comédie dramatique forcément plus sérieux, encore plus émouvant. Mais le rythme est différent, on serait presque dans un autre film, une autre histoire, seule la présence de Masashi permet une continuité. Il y a soudain des longueurs et on se dit que le cinéaste aurait dû favoriser une des deux facettes du récit, et gagner par la même occasion 15 bonnes minutes. Mais on constate qu'on aime plus les proches, famille et amis, que Masashi flirte avec l'antipathie. En effet, la famille soutient le fils prodigue de bout en bout, sa coloc est compréhensive et patiente, les camarades discrets et plein d'abnégation alors que Masashi est égoïste, ne fait pas vraiment attention à ceux qui l'aiment, ne fait jamais d'effort pour eux. Seul son rapport à la photographie laisse entrevoir son humanité. Sur le fond, ce Masashi n'est pas des plus passionnants, son travail n'est pas franchement éclatant de talent, mais son histoire permet un bel hommage à la puissance émotionnelle des photographies, de nos photos, familiales évidemment et pas que. Un beau film, qui ne pêche que par une construction narrative aléatoire ou du moins peu judicieuse qui retire trop vite la dimension fantaisiste des photos. Mais l'émotion est certaine, plusieurs séquences touchent à la grâce, et entre sourire et larme ça reste une très joli moment.
Note :