Very Bad Trip 3 (2013) de Todd Phillips
Après les succès de "Very Bad Trip" (2009) suivi de "Very Bad Trip 2" (2011) il est aussitôt annoncé un troisième opus, mais dès mai 2011 le réalisateur Todd Phillips prévient : "Si nous devions faire un troisième, si le public veut, si le désir est là, je pense que nous avons une idée très claire dans nos têtes. Ce ne sera certainement pas dans le même modèle que ce que vous avez vu dans les films précédents. Le troisième serait surtout un final et une fin. Le plus que je pourrais dire, ce qui est dans ma tête et je n'ai pas discuté avec ces acteurs, est qu'il ne suit pas ce modèle, mais une nouvelle idée. Au niveau du lieu, je dis que je suis très ouvert." Finalement, ce lieu sera Tijuana ville mexicaine frontalière connue pour ces meurtres et ces Cartels de drogue. Todd Phillips co-écrit le scénario avec Craig Mazin scénariste du second film et qui a entre temps écrit la comédie "Arnaque à la Carte" (2013) de Seth Gordon. Le budget est une fois de plus augmenté pour atteindre 103 millions de dollars. Malheureusement cette fois le succès n'est pas important, engrangeant tout de même 362 millions de dollars au box-office Monde ce qui est une forte baisse, dont moins de 2 millions d'entrées France. Un semi-succès vu comme un échec surtout que les acteurs ont reçu une forte augmentation de leur cachet (x 15 pour Bradley Cooper entre autre). Il faudra un certain temps au réalisateur pour revenir, avec une comédie plus sérieuse "War Dogs" (2016) avant de renouer avec le succès mondial en virant clairement dans un autre genre avec le chef d'oeuvre "Joker" (2019)... Deux après les événements en Thaïlande, Phil, Stu et Doug mènent des existences tranquilles et heureuses et ont depuis fait disparaître leurs tatouages et se sont rachetés une conduite. Seul Alan semble toujours en marge, toujours prêt à tout jusqu'à ce qu'il tombe dans une crise existentielle et dépressive. Les trois amis décident donc de lui venir en aide. Cette fois pas d'entterement de vie de garçon, pas de Bangkok, pas de Leslie Chow qui serait en prison en Thaïlande, finalement qu'est-ce qui pourrait dégénérer ?!...
Les acteurs sont donc de retour, Bradley Cooper vu dans "Happiness Therapy" (2012) de David O. Russell ou "The Place Beyond the Pines" (2012) de Derek Cianfrance, Ed Helms vu dans "Les Miller, une Famille en Herbe" (2013) de Rawson Marshall Thruber, Zach Galifianakis vu dans "Moi, Député" (2012) de Jay Roach et "Amis pour la Vie" (2013) de Matthew Weiner, puis Justin Bartha seul des quatre à avoir une carrière qui reste discrète avec la série TV "The New Journal" (2012) et le film "CBGB" (2013) de Randall Miller. Présents dans les trois films, on retrouve plusieurs membres de la famille, dont Jeffrey Tambor vu dans "Monsieur Popper et ses Pingouins" (2011) de Mark Waters et "Flypaper" (2011) de Rob Minkoff et surtout Ken Jeong vu dans "Transformers 3 : la Face cachée de la Lune" (2011) et "No Pain No Gain" (2013) tous deux de Michael Bay. On retrouve aussi madame Stu incarnée par Jamie Chung vue entre temps dans "Premium Rush" (2012) de David Koepp, "L'Homme aux Poings de Fer" (2012) de RZA et "Eden" (2012) de Megan Griffiths, puis on voit le retour de deux personnages du premier film joué par Mike Epps vu dans "Faster" (2011) de George Tillman Jr. et "Sparkle" (2012) de Salim Akil, puis Heather Graham vue notamment dans "About Cherry" (2012) de Stephen Elliot et "Horns" (2013) de Alexandre Aja. Citons deux nouveaux protagonistes, Melissa McCarthy en plein boom après ses performances remarquées dans les comédies "Mes Meilleures Amies" (2011) de Paul Feig, "40 Ans : Mode d'Emploi" (2012) de Judd Apatow, "Arnaque à la Carte" (2013) de Seth Gordon et retrouve après "Les Flingueuses" (2013) de Paul Feig son partenaire, antagoniste du film, John Boorman acteur fétiche des frères Coen depuis "Arizona Junior" (1987) et qui retrouve aussi l'acteur Zach Galifianakis après "Moi Député" (2012)... Après deux premiers films aussi percutant qu'hilarant, aussi grossier que délirant, qui assumaient idéalement leurs titres que ce soit en V.F. ou en V.O. (une gageure en soi !) voici donc la suite qui doit clôturer la trilogie éthylique par excellence. On doit avouer que pour finir en beauté on s'attendait (ou plutôt on aurait aimé) un speech style Alan/Galifianakis qui organise son faux mariage avec Jade/Graham pour pouvoir repartir en java avec ses meilleurs amis. Mais non, rien de tout ça. Alors que l'opus n°2 était sans doute trop similaire à l'original, cette fois c'est le contraire l'opus n°3 s'avère sans doute beaucoup trop éloigné du concept.
Plus de mariage, plus d'enterrement de vie de garçon et, pire, plus d'alcool ni de trous noirs. Mais également plus d'enquête éthylique pour comprende ce qu'il s'est passé mais une intrigue plus "classique" et linéaire où trois amis tentent de faire soigner leur pote Alan avant de tomber dans une affaire douteuse qui ne les regarde pas franchement entre leur connaissance toxique Chow/Jeong et un super méchant mafieux (John Goodman en cachetonneur). Le scénario penche beaucoup vers la comédie policière, un polar en filigrane avec des pieds nickelés comme assurance-vie. Mine de rien, l'intrigue est plutôt bien foutu avec un départ aux gags aussi mortels qu'hilarants, puis quelques rebondissements efficaces (braquage et conséquences), tandis que l'idylle inattendue offre un morceau de flirt cultissime. Mais le rythme donne quelques longueurs, les gags sont beaucoup plus rares, et le concept ainsi occulté ôte toute dimension délirante et/ou malaisante qui faisait le sel et l'audace de la franchise jusqu'ici. En témoigne un film tout public alors que les deux premiers films étaient interdits aux plus jeunes. Le côté mexicain est survolé (Tijuana en mode vite fait bien fait) tandis que l'accent est mis sur l'émotion genre "on va se dire adieu", d'où également le retour de quelques personnages. Dommage, surtout quand on voit la fin qui donne un aperçu de ce que ça aurait pu être en prologue d'un troisième long métrage, mais je dois m'égarer... En conclusion, une suite qui ne tient pas ses promesses malgré la tentative de surprendre, moins de rire, moins de délire pur, on reste sur notre faim même si la faim reste savoureuse. Note indulgente.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 14 ans :