Rien à Perdre (2023) de Delphine Deloget
Premier long métrage de Delphine Deloget cinéaste issue du documentaire mais remarquée aussi pour ses courts métrages de fiction "Le Père Noël et le Cowboy" (2012) et "Tigre" (2019). Pour ce nouveau projet elle avoue avoir associée son expérience du documentaire avec les contraintes de la fiction pour une histoire forcément déchirante sur une famille en crise : "Une plongée dans la complexité humaine qui m'a permis de tordre le cou à certaines idées reçues. Lorsqu'on parle de placement, on imagine le pire : inceste, maltraitance, sévices... Pourtant, 70% à 80% des placements d'enfants sont ordonnés suite à ce que les services sociaux appellent de la "défaillance" : un tiroir pour parler de parents désorientés, d'enfants difficiles à gérer, de carence éducative, de logements inadaptés, de familles endettées..." La réalisatrice-scénariste écrit son scénario en collaboration avec Camille Fontaine qui a signé entre autre les films "Coco avant Chanel" (2008) de Anne Fontaine, "Landes" (2013) de François-Xavier Vives ou "Une Belle Equipe" (2020) de Mohamed Hamidi, puis avec Olivier Demangel auteur de films comme "Atlantique" (2019) de Mati Diop, "Vers la Bataille" (2021) de Aurélien Vernhes-Lermusiaux, "Novembre" (2022) de Cédric Jimenez ou "Tirailleurs" (2023) de Mathieu Vadepied...
Sylvie vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane et Jean-Jacques. Une nuit, Sofiane se blesse alors qu'il est seul dans l'appartement. Alertés les services sociaux décident de placer Sofiane en foyer le temps d'une enquête. Persuadée qu'ils 'agit d'une erreur judiciaire Sylvie se lance dans un combat pour récupérer son fils le plus vite possible... La mère est incarnée par Virginie Efira qui retrouvent un rôle de mère en crise familiale après les récents "En Attendant Bojangles" (2021) de Régis Roinsard, "Les Enfants des Autres" (2022) de Rebecca Zlotowski ou "L'Amour et les Forêts" (2023) de Valérie Donzelli. Le reste de la famille est composé du jeune Alexis Tonetti dans son premier rôle au cinéma, Félix Levebvre vu récemment dans "La Passagère" (2022) de Héloïse Pelloquet et "Mon Crime" (2023) de François Ozon, Arieh Worthalter vu dans "Le Parfum Vert" (2023) de Nicolas Pariser et "Le Procès Goldman" (2023) de Cédric Khan, et Mathieu Demy vu dans "Club Zero" (2023) de Jessica Hausner. Citons ensuite India Hair vue cette année dans "Les Petites Victoires" (2023) de Mélanie Auffret et "Jeanne du Barry" (2023) de et avec Maïwenn, Nadir Legrand vu entre autre dans "Un Balcon sur la Mer" (2010) et "Amants" (2020) tous deux de Nicole Garcia et plus récemment dans "Une Belle Course" (2022) de Christian Carion... La cinéaste qui est bretonne situe son histoire à Brest dont elle dit : "Brest, c'est le bout du monde. Après Brest, il n'y a plus rien, juste le vide. Brest est une ville étudiante, militaire, portuaire. C'est une ville contraignante par sa météo, sa géographie, par son architecture d'après-guerre, mais c'est aussi une ville qui laisse respirer ses personnages dans des paysages ouverts. Brest est également une ville undergound qui aime la nuit et la musique. Et j'aimais l'idée de filmer cette histoire - comme un lendemain de fête difficile." Avec une telle déclaration on s'étonne de ne pas voir Brest dans le film, la ville est finalement peu importante, impersonnelle et interchangeable. Dommage. Mais la première chose qu'on constate reste le personnage et rôle de Virginie Efira, l'actrice joue sur une gamme qui commence à ne plus surprendre depuis quelques temps même si elle est une fois de plus aussi déchirante qu'épatante. Mais surtout son personnage est une femme qui semble immature et peu responsable qui justifie une enquête sociale alors même que le départ et les raisons invoquées ne tiennent pas la route.
En effet, si les services sociaux devaient faire une enquête et/ou placer les enfants à chaque accident domestique il n'existerait pas une seule famille unie en France. Au départ, ça ne tient pas vraiment la route, il aurait fallu un fait plus marquant ou probant sur un éventuel danger et un enfant plus jeune. Là l'enfant est assez grand, sait s'expliquer et clairement lors de la première visite rien en permet de craindre un danger. Bref, le départ de l'intrigue n'est pas très crédible pour expliquer la décision du juge. Ensuite on s'agace un peu car les services sociaux abusent alors même qu'il n'y a rien de bien solide dans le dossier, rien de bien solide à reprocher à la maman. Encore une fois on peut séparer ou briser la majorité des familles si une maison un peu bordélique suffit ou qu'une maman seule travaille et doit laisser son enfant de 9-10 ans seul quelques instants. Le film est surtout intéressant car il démontre bien le travail hyper difficile des services sociaux qui amène à une peur hystérique de se tromper qui pousse à des abus et à une incompréhension totale de la détresse des parents et à une surdité effrayante vis à vis des enfants eux-mêmes. La maman perd pied mais qui ne le serait pas quand on enlève un enfant pour aucune raison valable ?! On ne peut qu'être que d'accord avec la maman quand elle dit qu'elle est victime d'un rapt scandaleux qui n'a rien à voir avec les situations plus discutables des autres parents de l'association, tout en étant agacé par une maman légèrement tête à claques. Un film qui amène à des réflexions foisonnantes mais sans pistes, réponses ou solutions
Note :