Les Enfants des Autres (2022) de Rebecca Zlotowski
5ème long métrage de la réalisatrice après "Belle Épine" (2010), "Grand Central" (2013), "Planetarium" (2016) et "Une Fille Facile" (2019), mais alors qu'elle devait adapté le roman "Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable" (1975) de Romain Gary sur l'impuissance d'un homme à l'aube de ses 60 ans avec Roshdy Zem dans le rôle principal Rebecca Zlotowski s'est aperçue qu'elle était sur la mauvaise voie : "Non pas que je n'arrivais pas à me projeter dans cet homme qui n'arrivait plus à bander ou craignait de ne plus... Mais peut-être parce que je m'y projetais trop. Et progressivement m'est apparue ma propre impuissance, celle d'une femme de 40 ans sans enfants qui en désire un et élève en partie ceux d'un autre, ceux d'une autre." Ironie du sort, le réalisatrice-scénariste est tombée enceinte lors de la préparation du film et a accouché peu de temps après le tournage !... La cinéaste avoue s'être inspirée des films "Une Femme Libre" (1978) de Paul Mazursky, "Kramer contre Kramer" (1980) de Robert Benton et "L'Usure du Temps" (1982) de Alan Parker...
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Rachel, 40 ans, est heureuse et aime sa vie de prof, ses proches et même ses ex et puis vient l'amour avec Ali qui lui présente bientôt sa fillette de 4 ans Leila à laquelle elle s'attache de plus en plus et bientôt Rachel s'aperçoit qu'elle aime Leila comme sa propre fille, sauf que Leila a déjà une maman... Rachel est incarnée par Virginie Efira, actrice prolifique et omniprésente avec pas moins de 7 films en deux ans dont "En Attendant Bojangles" (2022) de Régis Roinsard, "Don Juan" (2022) de Serge Bozon et "Revoir Paris" (2022) de Alice Winocour. Son amoureux est joué par Roschdy Zem vu dans "Madame Claude" (2021) de Sylvie Verheyde et "Enquête sur un Scandale d'État" (2022) de Thierry de Peretti, puis retrouve après "La Fille au Bracelet" (2020) de Stephane Demoustier sa partenaire puis ex-femme après avoir été épouse, Chiara Mastroianni vue dernièrement dans "La Dernière Folie de Claire Darling" (2018) de Julie Bertuccelli et "Chambre 212" (2019) de Christophe Honoré. Citons encore Sébastien Pouderoux vu dans "Le Sens de la Fête" (2017) du duo Nakache-Toledano, "L'Ordre des Médecins" (2017) de David Roux ou "Boîte Noire" (2020) de Yann Gozlan, Anne Berest qui retrouve après "ADN" (2020) de Maïwenn son jeune partenaire Henri-Noël Tabary aperçu dans "Joueurs" (2018) de Marie Monge et qui retrouve Rebecca Zlotowski après "Une Fille Facile" (2019), puis enfin n'oublions pas dans son premier rôle la toute jeune Callie Ferreira-Goncalves... Le film aborde un sujet assez peu traité au cinéma, les belles-mamans sont souvent vues en marâtre ou en gérante de famille débordée comme l'explique d'ailleurs la réalisatrice : "Où était cette femme qui nouait un lien intime et précieux avec dse enfants, les élevait une semaine sur deux pendant quelques années, sans en avoir elle-même, en acceptant de prendre le risque de devoir nécessairement s'effacer de l'équation une fois la relation amoureuse avec leur père finie ?" En effet, sur un sujet différent mais si similaire sur le fond citons le déchirant "La Vraie Famille" (2022) de Fabien Gorgeat.
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Des histoires d'amour avec en conséquence devoir faire avec les enfants et l'ex est un sujet universel et omniprésent au cinéma, mais la réalisatrice dit vrai, rare sont ceux qui ont réellement abordé la dimension psychologique et émotionnelle d'une telle histoire. Le film suit donc une logique imparable sur cette relation, la rencontre, la passion des débuts, une nouvelle organisation de vie, l'attachement, le premier choc, la première crise... etc... Le couple fonctionne bien servi par deux acteurs d'exception dont les personnages sont merveilleusement bien écrit. Zem est un homme qui gère mais se repose sans doute trop sur l'excuse d'être père et d'avoir un passé, Efira est touchante (ce visage quand sa soeur lui fait une annonce !) et son statut de prof n'a rien d'anodin. Par contre, la fillette bien que mignonne n'est pas assez naturelle, on sent la direction derrière et la récitation. Mais surtout ce qui agace c'est quasi tous les autres personnages et les sous-intrigues. D'abord une juive avec un maghrébin, deux soeurs juives qui ne sont pas au courant de la question de l'avortement par leur religion (?!), évidemment la drogue est banalisée, la prof a des amies lesbiennes, la prof joue la samaritaine... etc... Liste non exhaustive de l'univers bobo parisien forcément tolérant et bien-pensant qui montre surtout que la réalisatrice a voulu multiplier les messages peu discrets peu subtils mais surtout hors sujet ou si éloigné du récit qui nous intéresse ici. Dommage... Néanmoins, on suit émotion cette femme prise par le temps, prise au piège d'amours sur lesquels elle n'a finalement pas prise. Plusieurs passages sont pleins de grâce, un film qui doit surtout à son actrice principale tandis que, par contre, la réalisatrice aura été plus cohérente sur ses précédents films. Note indulgente.
Note :