Le Tueur s'est Evadé (1956) de Budd Boetticher

Réalisateur de série B ayant écumé les couloirs et les plateaux de Hollywood des années, Budd Boetticher a surtout commencé à se faire un nom dans le western avec entre autre "Le Traître du Texas" (1952) ou "Le Déserteur de Fort Alamo" (1953). Mais le cinéaste est frustré car il n'obtient pas la liberté artistique à laquelle il aspire, il finit par accepter de changer de genre pour adapter un Film Noir à petit budget, à savoir l'adaptation de la nouvelle "The Killer is Loose" (1953) de John et Ward Hawkins, deux auteurs déjà portés à l'écran avec le film "Chasse au gang" (1954) de André De Toth et qui seront scénaristes de nombreuses séries TV dont "Bonanza" (1961-1973), "Rawhide" (1962-1965) ou "La Petite Maison dans la Prairie" (1974-1975). Le scénario est signé de Harold Medford scénariste des films "Berlin Express" (1948) de Jacques Tourneur, "Le Vagabond des Mers" (1953) de William Keighley ou plus tard "Le Joueur d'Echecs" (1960) de Gerd Oswald. Notons que c'est sur ce tournage que Budd Boetticher retrouve un certain John Wayne après "La Dame et le Toréador" (1951), et qui lui proposera le projet "Sept Hommes à Abattre" (1956) avec Randolph Scott qui lancera sa période la plus faste avec cet acteur pour sept westerns connu sous le nom de cycle Ranown jusqu'à "Comanche Station" (1960). Malgré un budget restreint le cinéaste est entouré d'une équipe de talent dont le Directeur photo Lucien Ballard connu pour son travail sur "Morocco" (1930) de Josef Von Sternberg ou "L'Ultime Razzia" (1956) de Stanley Kubrick, et le compositeur Lionel Newman connue pour les B.O. de "Johnny Appolo" (1940) de Henry Hathaway ou "Rivière sans Retour" (1954) de Otto Preminger... 

Leon "Foggy" Poole, un modeste employé de banque aide un gang à braquer une banque mais rien ne se passe comme prévu mais le drame arrive quand son épouse est tué accidentellement par un policier lors de son arrestation. Condamné, il parvient à s'évader avec une seule idée en tête, tuer à son tour la femme du policier... Le fugitif "Foggy" est incarné par Wendell Corey vu notamment "Les Anges Marqués" (1948) de Fred Zinnemann, "Fenêtre sur Cour" (1954) de Alfred Hitchcock ou "Le Grand Couteau" (1955) de Robert Aldrich. Le couple du policier est joué par Joseph Cotten vu dans "Citizen Kane" (1941) de et avec Orson Welles, "Le Troisième Homme" (1949) de Carol Reed ou "Niagara" (1953) de Henry Hathaway, puis Rhonda Fleming vue dans "La Maison du Docteur Edwardes" (1945) de Alfred Hitchcock, "Réglements de Compte à OK Corral" (1957) de John Sturges et "le Cirque Fantastique" (1959) de Joseph M. Newman. Citons ensuite Alan Hale Jr. vu dans "La Cible Humaine" (1950) de Henry King ou "La Rivière de nos Amours" (1955) de André De Toth, Michael Pate vu dans de nombreux westerns mais pas que comme dans "L'Affaire Cicéron" (1952) et "Jules César" (1953) tous deux de J.L. Mankiewicz, John Larch vu plus tard dans "Un Frisson dans la Nuit" (1971) de et avec Clint Eastwood qu'il retrouvera aussitôt après dans "L'Inspecteur Harry" (1971) de Don Siegel, Virginia Christine vue dans "Les Tueurs" (1946) de Robert Siodmak, "Le Train sifflera Trois Fois" (1952) de Fred Zinnemann ou "L'Invasion des Profanateurs de Sépultures" (1956) de Don Siegel, Don Beddoe vu dans "La Captive aux Yeux Clairs" (1952) de Howard Hawks, "Rivière sans Retour" (1954) de Otto Preminger ou "La Nuit du Chasseur" (1955) de Charles Laughton, puis enfin Charles Wagenheim acteur au plus de 270 rôles entre "le Procès de Mary Dugan" (1929) de Bayard Veiller au "Missouri Breaks" (1976) de Arthur Penn... Le film est à l'image des polars de séries B comme Hollywood en sortait à la chaîne mais qui, aussi, permettaient à certains films de sortir du lot comme quelques chefs d'oeuvres surprises qui sortent du lot comme "Le Démon des Armes" (1950) de Joseph H. Lewis "L'Ultime Razzia" (1955) de Stanley Kubrick. A savoir une intrigue simple et linéaire autour d'un braquage ou d'une vengeance, un méchant psychologiquement intéressant et un homme honnête en face pour bien montrer le combat du Bien contre le Mal. 

Le départ est un peu rapide, on ne saura par exemple rien sur les origines de l'implication de Foggy/Corey dans ce braquage, puis l'enquête qui est tout aussi rapide et expéditive. Mais le braquage est alors secondaire, c'est la vengeance qu'on attend. Un braquage, le procès, la prison, en 15mn le tout est bouclé. Puis arrive l'évasion et ce périple à travers les états pour aller assouvir sa vengeance, et en parallèle la chasse à l'homme. Les personnages sont intéressants, joués par des acteurs solides même si on se dit que Joseph Cotten et Rhonda Fleming  sont au minimum syndical. La mise en scène est efficace, mettant en place un climax idéal, un semblant de tension, mais le film souffre malheureusement d'un scénario confus, incohérent et invraisemblable. Dès le départ ça bloque, car comment le fugitif connaît-il l'adresse personnelle du policier ?! Ensuite on a des policiers aveugles (déguisement grossier), ou pire une épouse qui sait sans savoir, soit elle est stupide soit c'est son époux amenant à un plan qui sent bon la corde scénaristique bien épaisse. Un film de série B qui ne sort malheureusement pas de l'ombre. Dommage.

Note :                 

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