Locke (2014) de Steven Knight
Scénariste réputé, notamment sur les films "Dirty Pretty Things" (2002) de Stephen Frears, "Les Promesses de l'Ombre" (2007) de David Cronenberg, mais aussi de la série TV "Peaky Blinders" (2013-...), Steven Knight passe derrière la caméra avec "Crazy Joe" (2013), tournage sur lequel il a commencé à réfléchir à un autre projet : "J'ai commencé à me demander quelle sorte d'histoire on pourrait raconter qui se déroulerait uniquement dans une voiture." Autre choix drastique, l'histoire se déroule en temps réel se rapprochant ainsi de films comme "Buried" (2010) de Rodrigo Cortès... Ivan Locke a tout pour être heureux, famille, job, amis mais la veille d'un contrat en or un coup de fil fait tout basculer. Sur la route il va devoir faire un choix qui va forcément bouleverser sa vie tandis que les appels se multiplient...
Le rôle titre est tenu par Tom Hardy, acteur qui a gravit les échelons avec entre autre "Bronson" (2009) de Nicolas Winding Refn, "La Taupe" (2011) de Tomas Alfredson et surtout "The Dark knight Rises" (2012) de Christopher Nolan. Il est accompagné par un casting de choix, mais qui resteront des voix, celles de Olivia Colman remarquée dans "Hot Fuzz" (2007) de Edgar Wright, "Tyrannosaur" (2011) de Paddy Considine ou "Week-end Royal" (2012) de Roger Michell, Ruth Wilson révélée tout juste dans "Anna Karénine" (2012) de Joe Wright et "Lone Ranger" (2013) de Gore Verbinski, Andrew Scott vu ensuite dans "007 Spectre" (2015) et "1917" (2019) tous deux de Sam Mendes, Ben Daniels vu entre autre dans "Doom" (2005) de Andrzej Bartowiak ou "Jack le Chasseur de Géants" (2013) de Bryan Singer, Tom Holland révélé dans "The Impossible" (2012) de Juan Antonio Bayona et qui n'est pas encore le super-héros Spider-Man qui apparaîtra dans "Captain America : Civil War" (2016) des frères Russo, Danny Webb vu dans "Alien 3" (1992) de David Fincher, "Walkyrie" (2008) de Bryan Singer et qui retrouve son réalisateur après "Crazy Joe" (2013)... Un seul acteur à l'écran, un lieu unique en huis clos et en temps réel, trois paramètres quand ils sont réunis qui forment une jolie promesse de cinéma mais qui reste aussi un pari osé et risqué. C'est ici d'autant plus audacieux et ambitieux que le réalisateur-scénariste a imposé un tournage de nuit pour plonger les acteurs dans les conditions de l'histoire, tandis que les conversations téléphoniques se sont fait en live durant le tournage, sans enregistrements ou trop d'écritures laissant notamment à l'acteur principal une large place à l'improvisation pour accentuer le réalisme.
Tout ces paramètres réunis mettent en place une certaine tension dès le départ tandis que les diverses conversations apportent leur lot d'indices ou d'informations. Mais le concept a ses limites et on attend impatiemment le rebondissement ou la révélation ultime qui va dénouer un récit qui s'avère quoi qu'il arrive monotone. Les infos qu'on peut glaner lors des conversations téléphoniques vont malheureusement s'avérer également décevant, si on sent la tension on se demande quand est-ce qu'on en saura plus. Finalement les enjeux sont trop peu importants pour convaincre pleinement, les ressorts dramatiques sont trop minces et reposent sur une partie psycho-mystique encore plus lourd et poussif que le concept formel. Tom Hardy est parfait, on sent le feu sous la glace et impose son charisme tout en finesse mais le film reste engoncé dans ce qui reste un exercice de style, certe séduisant mais qui montre aussi ses limites. A voir pour l'expérience.
Note :