Bird (2025) de Andrea Arnold
Remarqué pour "Fish Tank" (2009), puis après la nouvelle adaptation du classique "Les Hauts de Hurlevent" (2011) et le très réussi "American Honey" (2016) voici le retour de la britannique Andrea Arnold qu'on avait un peu perdu de vue après son interlude télévisuel avec la série TV "Big Little Lies" (2019) et son documentaire "Cow" (2021)... Bailey, 12 ans, vit avec son frère et son père Bug dans un squat au nord du Kent. Bailey sent que les choses changent pour lui, mais il ne peut en parler à son père qui ne peut lui consacrer beaucoup de temps. Bailey cherche alors de l'attention ailleurs jusqu'à sa rencontre avec Bird, un marginal qui voit les choses autrement...
Le jeune Bailey est interprété par le jeune Nykiya Adams dans son premier rôle, tandis que son père est joué par Barry Keoghan vu dernièrement dans "The Batman" (2022) de Matt Reeves, "Les Banshees d'Inisherin" (2022) de Martin McDonagh et "Saltburn" (2023) de Emerald Fennell. Le rôle titre est incarnépar Franz Rogowski vu dans "Freaks Out" (2020) de Gabriele Maineti, "Passages" (2023) de Ira Sachs et "Disco Boy" (2023) de Giacomo Abbruzzese. Citons ensuite James Nelson-Joyce aperçu dans "Sons of Philadelphia" (2020) de Jeremie Guez, Jasmine Jobson apparue dans la série TV "Top Boy" (2019-2023), Frankie Box apparu dans "L'Envolée" (2020) de Eva Riley, puis Rhys Yates vu entre autre dans "Caravage et Moi" (2021) de Steve McLean, "The Covenant" (2023) de Guy Ritchie et "The Kitchen" (2024) de Kibwe Tavares et Daniel Kaluuya... La première chose qui gêne est la correspondance physique de la jeune héroïne, la jeune Bailey est censé avoir 12 ans, la jeune actrice va sur ses 15 ans, et si ça paraît un détail à cet âge ça fait une différence non négligeable car l'actrice fait plus que son âge. Jamais le personnage ne fait ou n'agit comme une gamine de 12 ans. Il fat donc un certain temps pour accepter ce paramètre, et se dire qu'en fait elle a 14-15 ans pour enfin se focaliser sur l'histoire. La réalisatrice nous plonge dans un univers social très défavorisé, dans les bas fonds d'une banlieue en marge qui s'avère être non loin du secteur où a vécu la réalisatrice dans sa jeunesse. Prenant un point de vue légèrement plus hard que Ken Loach par exemple, Andrea Arnold poursuit avec une mise en scène très docu-fiction, accentuant le réalisme de front.
Si l'immersion est d'autant plus forte elle abuse pourtant d'une caméra à l'épaule trop épileptique. Par là même on aime le travail sur les décors, quartiers pauvres naturels mais parsemés en filigrane de symbolisme comme le pont dont les barreaux forment une cage, ou la plage et sa rambarde en forme de vague. Mais si tout semble bien écrit, bien croqué, bien mis en place, on s'aperçoit vite que le récit mène nulle part, sans enjeu véritable outre la sempiternelle idée du passage vers l'âge adulte - bien qu'à 12 ans on en est encore loin, plus qu'à 15 ans. Pas de réelle intrigue, des situations bizarres... ATTENTION SPOILERS !... effectivement que fait un homme trentenaire voir quarantenaire avec une gamine de 12 ans ?! Personnage qui s'avère de surcroît terriblement inutile sur le fond, n'étant qu'un prétexte à un paramètre fantastique mal intégré, tandis qu'une femme fait une crise sur une paternité de plusieurs décennies et sans rapport entre passé et présent pour elle ou pour son époux)... FIN SPOILERS !... tandis que le scénario alterne violence banalisée du quotidien (toute forme), et passages plus oniriques qui impose la volonté d'un "poème urbain" mais qui ne va finalement pas assez loin, ou plutôt qui ne compense pas assez la violence et la misère ambiante, sans compter quelques passages plus ou moins grotesques (la bave du crapaud ?!). En conclusion, un réalisatrice qui en a sous pied c'est certain, mais qui ne parvient pas à tout mettre en ordre dans un récit trop foutraque, mais énorme point fort pour le casting, au diapason pour des performances inspirées et inspirantes. Un film légèrement bancal donc mais assez riche et intéressant pour s'y attarder.
Note :