Saltburn (2023) de Emerald Fennell

par Selenie  -  8 Mars 2024, 13:37  -  #Critiques de films

Nouveau film de la productrice-réalisatrice Emerald Fennell après son très remarqué "Promising Young Woman" (2020), mais également actrice elle reçoit le soutien à la production d'une certaine Margot Robbie star avec qui elle a joué dans "Dreamland" (2019) de Miles Joris-Peyrafitte et "Barbie" (2023) de Greta Gerwig. Le film est une adaptation du roman "Brideshead Revisited" (1945) de Evelyn Waugh. Le titre "Saltburn" est par contre original et signifie "les burnes salées" qui évoque ainsi une personne à l'hygiène douteuse. Néanmoins le film est siglé de la plateforme Prime Video, la sortie en salles est donc essentiellement effective aux Etats-Unis, de façon plus limitée dans les autres pays et uniquement diffusé sur la plateforme en France...  L'étudiant Oliver Quick entre à l'université de Oxford mais peine à trouver sa place dans cet univers singulier. Pourtant il se retrouve bientôt entraîné dans le monde très aristocratique de Felix Catton qui l'invite à Saltburn, vaste domaine familial pour un été qui ne sera pas comme les autres...

Oliver est interprété par Barry Keoghan vu notamment dans "Green knight" (2020) de David Lowery, "Les Eternels" (2021) de Chloé Zhao, "The Batman" (2022) de Matt Reeves ou "Les Banshees d'Inisherin" (2023) de Martin McDonagh. Son camarade Felix est incarné par Jacob Elordi aperçu dans "Eaux Profondes" (2022) de Adrian Lyne et surtout remarqué tout récemment dans "Priscilla" (2024) de Sofia Coppola. Les parents de ce dernier son joué par Rosamund Pike vue dernièrement dans "Radioactive" (2019) de Marjane Satrapi et "I Care a Lot" (2020) de J Blakeson, puis Richard E. Grant vu dans "Les Faussaires de Manhattan" (2019) de Marielle Heller, "Star Wars IX : l'Ascension de Skywalker" (2019) de J.J. Abrams et le dyptique "Hitman and Bodyguard" (2017-2021) de Patrick Hugues. Citons ensuite Alison Oliver remarquée dans les séries TV "Conversations with Friends" (2022) et "Pour Marnie" (2023), Archie Madekwe apparu dans "Midsommar" (2019) de Ari Aster, "Gran Turismo" (2023) de Neill Blomkamp et "Agent Stone" (2023) de Tom Harper, Paul Rhys vu en Talleyrand dans le navrant "Napoléon" (2023) de Ridley Scott, Reece Shearsmith aperçu dans la trilogie Cornetto (2004-2013) ou plus récemment dans "Coup de Théâtre" (2022) de Tom George, puis enfin n'oublions pas Carey Mulligan qui retrouve sa réalisatrice après "Promising Young Woman" (2020) et vue ensuite dans "The Dig" (2021) de Simon Stone, "She Said" (2022) de Maria Schrader et "Maestro" (2023) de Bradley Cooper... Le film débute comme un mélo universitaire à la façon de "The Riot Club" (2014) de Lone Scherfig ou "La Crème de la Crème" (2014) de Kim Chapiron. On entre avec Oliver/Keoghan dans le giron des étudiants nantis, au sein de l'université puis très vite dans un manoir au style gothico-chic presque anachronique puisque l'histoire se situe en 2006. Mais tout aussi vite on perçoit bien que ce pauvre Oliver/Keoghan semble bien plus complexe et ambigu qu'au premier abord. Mais ensuite le film vie vers un mix entre "Plein Soleil" (1960) de René Clément et "Theoreme" (1968) de Pier Paolo Pasolini entre érotisme plus ou moins malsain et manipulation psychologique. 

Les décors sont beaux, le gothico-chic se marie à merveille avec cette élégance très aristocratique qui cache bien des secrets et des failles qui passionneraient n'importe quel psychiatre. Mais derrière une mise en scène en adéquation avec son sujet il ya pourtant un rythme aussi monocorde que monotone dont les quelques légers sursauts sont dus à des séquences à l'érotisme plus ou moins malaisants... ATTENTION SPOILERS !... lécher la bonde de la baignoire après une éjaculation, un cunnilingus sanglant, une coït "post-mortem"... FIN SPOILERS !... Mais ces séquences de sexe qui se veut libertin est surtout un choix pour choquer la ménagère mais c'est trop gratuit aussi bien sur le fond que sur la forme pour convaincre, on est finalement bien loin de "Les Liaisons Dangereuses" (1988) de Stephen Frears ou de "Les Lois de l'Attraction" (2002) de Roger Avary auxquels on pense et qui s'avèrent bien plus subversifs car plus honnêtes et plus cohérents avec l'ensemble de leur récit. On reste pourtant assez séduit par cette intrigue où le looser s'avère finalement celui mène son monde. Plus le récit avance et plus on devine la fin, le personnage de Oliver/Keoghan est particulièrement intéressant même si au final il a tout d'un simple psychopathe alors qu'il y avait peut-être quelque chose de plus subtil ou plus profond à rechercher. Le dernier acte est bien vu, bien mené, mais aussi parasité par des incohérences... ATTENTION SPOILERS !... l'envoi des fausses accusations pourquoi Farleigh/Madekwe ne se défend pas plus ?! Taper à l'ordi en écrivant du charabia ne peut correspondre à Oliver qui s'est montré toujours très méticuleux pour construire sa vérité, et pire que tout, une hécatombe aussi soudaine ne réveille pas les soupçons légitimes et naturels de la police ?!... FIN SPOILERS !... Le film virevolte entre un cahier des charges qu'on connaît bien, qui pioche un peu dans tous les films sus-cités plus haut, mais il est faussement audacieux et malgré des acteurs au diapason le tout manque de subtilité, même dans le subversif. Un film intéressant, qui surnage avec quelques scènes (le dîner ou encore la danse finale) à défaut de réellement tenir ses promesses.

 

Note :                 

12/20
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