Les Éternels (2021) de Chloé Zhao

26ème film de l'Univers Cinématographique Marvel, et 3ème film de la Phase IV après "Black Widow" (2021) de Cate Shortland et "Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux" (2021) de Destin Daniel Cretton. Comme Disney/Marvel le fait de plus en plus régulièrement, la réalisation a été confiée à une réalisatrice issue du cinéma indépendant, à savoir Chloé Zhao qui a signé auparavant "Les Chansons que mes Frères m'ont Apprises" (2015), "The Rider" (2017) et surtout "Nomadland" (2020) pour lequel elle obtient les Oscars du Meilleur film et de la Meilleure réalisatrice. Mais loin s'en faut, la cinéaste s'est vue proposée le projet dès 2018 et est en fait une fan du Marvel Universe s'étant même un temps proposée pour "Black Widow" ! Les Oscars de son dernier film sont donc une aubaine pour Marvel. Une production importante avec un budget de 200 millions de dollars se trouvant ainsi dans la moyenne haute des Marvel, et dure 2h37 ce qui en fait un des plus longs de la franchise aux côtés des records financiers des 02h36 de "Avengers : Infinity War" (2018) et des 03h01 de "Avengers : Endgame" (2019) tous deux des frères Russo. Le film est  tiré des personnages éponymes créés en 1976 par Jack Kirby. L'histoire est signé d'abord par les frères Matthew K. Firpo et Ryan Firpo qui chnage donc de registre après une douzaines d'années à travailler sur des documentaires. Le scénario a ensuite été écrit pas Chloé Zhao et Patrick Burleig qui a écrit récemment le film "Pierre Lapin 2" (2021) de Will Gluck... Après les événements de "Avengers : Endgame", il y a eu une telle énergie que un autre événement a été déclenché nommé "l'Emergence". Une ancienne race liée aux entités cosmiques les Célestes, et qui protège les humains depuis 7000 ans tout en restant cachée et discrète, est dans l'obligation de sortir de l'ombre. Nommée les Eternels ils vont devoir sauver la Terre des Déviants, les ennemis les plus anciens de la race humaine. Il sont sept jours...

Le casting est dominé par deux stars, Angelina Jolie vue dans "Come Away" (2020) de Brenda Chapman et "Ceux qui Veulent ma Mort" (2021) de Taylor Sheridan, puis Salma Hayek vue dans "Hitman and Bodyguard 2" (2021) de Patrick Hugues et bientôt dans "House of Gucci" (2021) de Ridley Scott. Parmi le groupe citons la sino-américaine Gemma Chan vue dans "Crazy Rich Asians" (2018) de Jon M. Chu et déjà dans un autre Marvel avec "Captain America" (2019) de Anna Boden et Ryan Fleck, Kumail Nanjiani acteur d'origine pakistanaise vu dans "Men in Black International" (2019) de F. Gary Gray et "Stuber" (2019) de Michael Dowse, Brian Tyree Henry vu dans "Joker" (2019) de Todd Phillips et "La Femme à la Fenêtre" (2021) de Joe Wright, Lauren Ridloff révélée surtout dans "Sound of Metal" (2019) de Darius Marder, Barry Keoghan vu dans "Dunkerque" '(2017) de Christopher Nolan et "The Renegade" (2018) de Lance Daly, il retrouve son partenaire Harry Styles chanteur aperçu sur grand écran dans "Dunkerque" (2017), Haaz Sleiman devenu discret malgré sa révélation dans le très réussi "The Visitor" (2007) de Thomas McCarthy, Gil Birmingham abonné aux rôles de amérindien comme dans "Comancheria" (2016) de David McKenzie et "Wind River" (2017) de Taylor Sheridan, Dan Stevens vu dans "Le Bon Apôtre" (2018) de Gareth Evans et en prince charmant dans "La Belle et la Bête" (2017) de Bill Condon à l'instar de Richard Madden dans "Cendrillon" (2015) de Kennet Branagh, acteur vu surtout dans la série TV "Game of Thrones" (2011-2013) après laquelle il retrouve son "demi-frère" Kit Harrington acteur principal de la dite série (2011-2019) et vu dans les films "Brimstone" (2017) de Martin Koolhove et "Ma Vie avec John F. Donovan" (2018) de Xavier Dolan, l'acteur coréen Don Lee vu dans les excellents "Le Bon, la Brute et le Cinglé" (2008) de Kim Jee-Woon, "Dernier Train pour Busan" (2016) de Yeon Sang-Ho et "Le Gangster, le Flic et l'Assassin" (2019) de Lee Won-Tae, puis enfin, n'oublions pas un certain Zain Al-Rafeea jeune syrien révélation du trè sbeau film "Capharnaüm" (2018) de Nadine Labaki... Sinon, précisons que la musique est signée de Ramin Djawadi qui retrouve ainsi l'univers Marvel après avoir signé la musique de l'originel "Iron Man" (2008) de Jon Favreau... La scène d'ouverture déçoit d'emblée, sorte de présentation express et musclée des Eternels et des Déviants mais sans aucun panache ni enjeux. Ainsi le film est à peine commencé qu'on a la forte impression que des super-héros qu'on connait déjà bien ont juste changer de corps (Superman, Wonder Woman, Flash... Justice League avec une pointe de Bioman avec force bleue force jaune...), et que ces Eternels semblent tellement au-dessus de Déviants plutôt très peu dangereux. Le plus gênant reste le casting, des acteurs plus ou moins talentueux, mais qui forment surtout un groupe trop hétérogène au sein duquel nous ne sentons aucune osmose. Soucis, certains manquent clairement de charismes face aux autres (le savant black), certains forcent le ridicule de leur personnage (l'acteur bollywoodien ?!), puis ne parlons pas du peu d'empathie qu'on a pour certains.

 Ensuite, le scénario se construit comme du papier à musique entre aujourd'hui et flash-backs qui nous résument en quelques sortes les moments marquants des quelques milliers d'années d'existence des Eternels sur la Terre. C'est fastidieux, trop explicatif et trop bavard. Heureusement, les flash-backs offrent une visite à travers l'Histoire plutôt plaisante visuellement avec des reconstitutions riches et parfois trop "luxueuses" mais avec un vrai soucis d'authenticité ; on y entend ainsi des langues comme le sumérien, le sanskrit ou même le babylonien, des langues dont il n'existerait que 3 spécialistes dans le monde, dont un a été engagé comme conseiller traducteur sur le tournage ! L'image est belle, la photographie est soignée avec des paysages et des décors plutôt réjouissants mais il y a sur le fond trop d'incohérences ou d'interrogations pour nous convaincre. On passera sur le très démago et très opportuniste premier baiser gay du Marvel Universe, mais on tiquera beaucoup plus sur les Eternels eux-mêmes et leur création. En effet, Arishem serait donc créateur de l'univers, donc également celui de Thanos, de Thor etc... On peut donc s'étonner que Arishem n'est pas rendu les Eternels (comme les Déviants d'ailleurs !) plus puissants ou plus impressionnants que n'importe quel autre super-héros ?! De plus, la règle serait de ne pas intervenir dans les guerres entre humains, ce qui fait que l'inaction des Eternels contre Thanos et/ou Loki est complètement incompréhensible ! La tentative de Chloé Zhao de signer un film de super-héros plus ou moins "auteuriste" est une arnaque. Dans le genre mieux vaut donc voir de véritable film d'auteur de super-héros comme "On l'Appelle Jeeg Robot" (2017) de Gabriele Mainetti, voir même "Watchmen" (2009) de Zack Snyder ou encore "Logan" (2017) de James Mangold. Entre le rapport illogique entre les Eternels et le reste du monde et des personnages franchement peu intéressants car à la fois trop fade et trop "déjà vu" ce nouveau film Marvel déçoit même si il  reste regardable (comme on dit). Un divertissement d'usine sous couvert d'une réalisatrice issue du ciné indépendant, comme si cela était suffisant on le saurait depuis longtemps.

Note :