Wind River (2017) de Taylor Sheridan

par Selenie  -  6 Septembre 2017, 16:10  -  #Critiques de films

Taylor Sheridan, acteur de seconde zone qui s'est fait connaitre récemment comme un grand scénariste bien qu'il ait déjà réalisé le long métrage d'horreur "Vile" (2011). En effet c'est à lui qu'on doit les excellents scénarios de "Sicario" (2015) de Denis Villeneuve et "Comancheria" (2016) de David McKenzie avec lesquels "Wind River" compose une trilogie dite "frontière américaine moderne", mais cette fois le scénariste a voulu clore lui-même ce premier univers.  Pour ce troisième opus thématique le cinéaste poursuit avec une frontière plus floue tel qu'il l'explique : ""Wind River" explore ce qui constitue sans doute à la fois les vestiges les plus tangibles de la Frontière américaine et le plus grand échec de l'Amérique : la réserve amérindienne. Au niveau le plus intime, il s'agit de l'étude de la manière dont un homme continue d'avancer après une tragédie, sans arriver à tourner la page."...

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Il nous plonge donc cette fois au sein d'une réserve du Wyoming (Wind River donc) où une jeune indienne retrouvée morte de froid a été victime d'un viol, une jeune agent du FBI enquête avec l'aide d'un agent forestier et d'un policier tribal. Les deux personnages principaux sont interprétés par Elizabeth Olsen et Jeremy Renner qui se retrouvent ainsi dans un autre genre après "Avengers : l'Ere d'Ultron" (2015) de Joss Whedon et "Captain America : Civil War" (2016) des frères Russo. Notons que le policier tribal est joué par Graham Greene le meilleur ami indien de "Danse avec les Loups" (1990) de Kevin Costner, tandis que le père de la victime est joué par Gil Birmingham vu dans "Twilight" et déjà dans "Comancheria". Taylor Sheridan a désiré avoir le soutien des tribus Arapahoes et Shoshones (membres de la réserve Wind River), il a donc envoyé d'abord le scénario aux tribus avant qu'elles acceptent d'apporter leur soutien au film, logistique et figurants mais aussi et surtout moral.

Et pourtant c'est sur ce point que le film pèche puisque la situation dramatique des amérindiens dans les réserves restent ici beaucoup trop en arrière-plan, se focalisant sur un drame qui n'a de lien que lointain avec les situations des réserves. On a donc la sensation douloureuse que la réserve indienne n'est qu'un prétexte pour raconter un simple polar plutôt classique. Heureusement Taylor Sheridan signe un scénario prenant, dont la bonne idée reste une enquête assez rapide due à une géographie particulière des lieux et donc à une désertification finalement bien venue pour l'enquête. On salue également les quelques scènes d'action particulièrement efficace sans être trop démonstratives. Malgré une mise en scène académique le cinéaste se sert parfaitement du troisième personnage principal, la neige qui apporte de toute façon une jolie pierre à l'ambiance glacée. Précisons que la photographie est signée de Ben Richardson qui s'est fait connaitre avec le succès de "Les Bêtes du Sud sauvage" (2012) de Benh Zeitlin. Les acteurs sont excellents même si quelques petits rôles sont un peu courts (un policier adjoint qui ne fait pas que figurant, les autres résidents de la réserve...). Un flash-back dur qui arrive peut-être pas au bon moment ou, du moins, pas de la meilleure façon mais le vrai soucis réside dans ce contexte social à l'arrière-goût de génocide qui n'est pas assumé jusqu'au bout. Néanmoins Taylor Sheridan signe un très bon film mais qui reste en-deça de 3sicario" et "Comancheria".

 

Note :           

14/20

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S
Les plaies à l’âme des personnages ne laissent pas indifférent, même si, assez rapidement on entraperçoit le dénouement, on veut aller et les accompagner jusqu'au bout.
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