Barbie (2023) de Greta Gerwig
La plus célèbre des poupées a enfin son long métrage en prises de vue réelle après plusieurs films et séries TV d'animation. Ce projet date de 2009 lorsque Mattel, société créatrice de la gamme de poupées Barbie (Tout savoir ICI !), signe un partenariat avec Universal mais cela n'aboutira jamais. Mattel relance le projet avec Sony Pictures en 2014 avec l'actrice Amy Schumer dont l'histoire est une Barbie qui se retrouve dans le monde réelle dans un corps imparfait, pour une sortie prévue en 2017. Finalement le projet évolue, c'est Anne Hathaway qui est annoncée dans le rôle titre et Diablo Cody au scénario mais cette dernière quitte le navire pour écrire "Tully" (2018) de Jason Reitman, suivi ensuite de Anne Hathaway. Finalement le contrat avec Sony prend fin, Mattel relance sa branche production Mattel Films et s'associe avec Warner en 2018 puis avec LuckyChap Entertainement, société de la star Margot Robbie qui récupère logiquement le rôle titre. Début 2019, la direction du projet est confiée à la réalisatrice -scénariste Greta Gerwig qui co-écrit le scénario avec son conjoint Noah Baumbach. Il s'agit donc du 3ème long métrage en solo pour la réalisatrice Greta Gerwig après "Lady Bird" (2017) et "Les Filles du Docteur March" (2019), et retrouve son conjoint après leur collaboration devant ou derrière la caméra sur "Greenberg" (2010), "Frances Ha" (2012), "Mistress America" (2015) et "White Noise" (2022). Le duo a reçu une totale liberté d'écriture qu'ils ont donc écrit durant la pandémie Covid. Pour écrire son scénario, la réalisatrice-scénariste avoue avoir écrit un poème sur Barbie en s'inspirant du symbole des apôtres, puis en puisant des idées dans le livre "Reviving Ophelia" (1994) de Mary Pipher sur les effets de la pression sociale sur les adolescentes, et enfin elle dit s'être inspirée de films musicaux des années 40-60 comme "Les Chaussons Rouges" (1948) de Emeric Pressburger et Michael Powell ou "Les Parapluies de Cherbourg" (1964) de Jacques Demy... Dans le monde parfait de Barbieland, une Barbie commence à se poser des questions sur la vraie vie au point qu'elle commence à penser à des choses nouvelles. Elle décide alors de partir et de parcourir le monde réel accompagné de Ken qui est fou amoureux d'elle...
La fameuse Barbie est incarnée par la productrice Margot Robbie vue dernièrement dans "Amsterdam" (2022) de David O. Russell, "Babylon" (2022) de Damien Chazelle et "Asteroid City" (2023) de Wes Anderson. Ken est joué par Ryan Gosling qui confirme son retour après son intermède Covid entre "First Man" (2018) de Damien Chazelle et "The Gray Man" (2023) des frères Russo. Parmi les autres Barbies citons Hari Nef vue dans "Assassination Nation" (2018) de Sam Levinson et "Mapplethorpe" (2018) de Ondi Timoner, Emma Mackey vue dans "Eiffel" (2021) de Martin Bourboulon, "Mort sur le Nil" (2022) de et avec Kenneth Branagh et "Emily" (2022) de Frances O'Connor, Dua Lipa star de la pop dans son premier long métrage de cinéma, Alexandra Shipp surtout connue comme étant la jeune Tornade dans "X-Men : Apocalypse" (2016) de Bryan Singer et "X-Men : Dark Phoenix" (2019) de Simon Kinberg, Emerald Fennell vu entre autre dans "Anna Karénine" (2012) et "Pan" (2015) tous deux de Joe Wright ou la série TV "The Crown" (2019-...), Kate McKinnon vue récemment dans "La Bulle" (2022) de Judd Apatow après lequel elle retrouve un autre Ken joué par John Cena vu tout récemment dans "Fast and Furious 10" (2023) de Louis Leterrier. Parmi les Ken citons encore Simu Liu révélation de "Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux" (2021) de Destin Daniel Cretton, Kingsley Ben-Adir remarqué dans "One Night in Miami" (2020) de Regina King et Michael Cera qu'on n'avait pas vu depuis "Gloria Bell" (2018) de Sebastian Lelio et "Tyrel" (2018) de Sebastian Silva. N'oublions pas deux rôles particuliers, le PDG de Mattel interprété par Will Ferrell pas vu depuis "Eurovision Song Contest : the Story of Fire Saga" (2020) de David Dobkin et "Spirited : l'Esprit de Noel" (2022) de Sean Anders, puis la narratrice dont la voix est celle de Helen Mirren vue dernièrement dans "Shazam ! La Rage des Dieux" (2023) de David F. Sandberg et "Fast and Furious 10" (2023) retrouvant donc John Cena... La musique est signée de Alexandre Desplat fidèle entre autre de Wes Anderson jusqu'au récent "Asteroid City" (2023), et qui retrouve Greta Gerwig après "Les Filles du Docteur March" (2019)... La scène pré-générique de début est à elle seule icônique en reprenant le début du film mythique "2001 l'Odyssée de l'Espace" (1968) de Stanley Kubrick. Ensuite on plonge littéralement dans l'univers Barbie, qui reste des jouets symboles de perfection dans une société Barbieland factice et surperficielle. Si les personnages sont en Live action leur maison sont en plastique, comme les voitures et autres engins, les produits de consommation sont tout aussi virtuels. Bref, Barbieland est en quelque sorte le rêve idéalisé que pourrait faire n'importe quelle fillette !
Mais derrière cet univers idéalisé et qui paraît hypersuperficiel il y a surtout une société hyper matriarcale où les hommes sont complètement accessoires voir même inutiles, d'où l'idée aussi judicieuse que logique de faire le parallèle avec le Monde Réel même si finalement Barbieland s'avère objectivement bien plus dictatorial et inégalitaire que le Monde Réel. Tous les poncifs inhérents à Barbie y passent, et d'ailleurs dans l'idée le film s'oblige à se tirer une balle dans le pied car si les Barbies se permettent tous les métiers elles ne travaillent jamais et restent à bronzer ou à danser et finalement elles restent aussi dilettantes que les hommes. Sur ce point le film manque un peu de créativité ou d'acuité puisque le message au final reste très féministe sans que la démonstration soit probante. Néanmoins on se prend au jeu, essentiellement et surtout grâce à l'incroyable dérision et auto-dérision des acteurs mais aussi de Mattel. Outre les deux stars qui sont vraiment épatants, les autres acteurs pas en reste on peut saluer l'autoflagellation de Mattel même si ça reste sage. Ce n'est pas hilarant, les gags restent du visuels et reposent sur les clichés populaires autour des poupées mais ça reste drôle parfois et amusant avec un vrai propos féministe très actuel, même si, on le rappelle, ça manque d'un réel argumentaire. Dommage que le dernier quart d'heure soit lourd et poussif dans son message devenu presque trop sérieux. Ca reste un délire fun et pétillant dont le décalage constant emporte l'adhésion. Note obtenue de justesse.
Note :