Kneecap (2025) de Rich Peppiatt
Premier long métrage de Rich Peppiatt qui a jusque là surtout signé des courts métrages et/ou des documentaires comme "One Rogue Reporter" (2014) ou "Backseat Driver" (2019), puis il a signé le clip "Guilty Conscience" (2021) du groupe Kneecap (Tout savoir ICI !), un tournant puisqu'il fait ainsi connaissance avec le seul groupe de rap irlandais qui chante en gaélique en militant contre la langue anglaise. Pour son premier long métrage, le réalisateur-scénariste obtient le BAFTA du meilleur premier film britannique...
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Après des échauffourées avec les autorités britanniques, trois amis de Belfast fondent le groupe de rap gaélique Kneecap pour défendre leur langue contre l'anglais et deviennent ainsi des leaders pour les droits civiques irlandais dans un style de musique loin d'être traditionnel... Dans les rôles principaux, chose rare, les trois membres du groupe Kneecap sont interprétés par les véritables membres du groupe, Mo Chara, Moglai Bap et DJ Provai dans leurs premiers pas au cinéma. Le père de Moglai Bap est incarné par la star Michael Fassbender vu récemment dans "The Killer" (2023) de David Fincher et "The Insider" (2025) de Steven Soderbergh. Citons ensuite Josie Walker vue dans "Belfast" (2021) de Kenneth Branagh ou "The Wonder" (2022) de Sebastian Lelio, Jessica Reynolds apparue dans la série TV "Outlander" (2023), Simone Kirby vue dans "Jimmy's Hall" (2014) de Ken Loach, "England is Mine" (2018) de Mark Gill ou "Artemis Fowl" (2020) de Kenneth Branagh, Marty Maguire vu dans "Boys from County Hell" (2020) de Chris Baugh après lequel il retrouve Lalor Roddy vu notamment dans "Hunger" (2008) de Steve McQueen après lequel il retrouve Michael Fassbender et "Grabbers" (2013) de Jon Wright... La promo du film nous fait croire à des révolutionnaires irlandais qui se battent pour que le gaélique soit reconnu en Ulster, comme un symbole de liberté et d'identification culturelle malgré la domination anglaise. Malheureusement cette promo est mensongère ou en tous cas très édulcorée. Outre le fait qu'aimer le rap facilite forcément les choses, on constate vite que les membres du groupe ne sont pas des révolutionnaires ou des rebelles pour la cause, en tous cas au début, mais seulement deux ados voyous dealers genre parasites de n'importe quelle société. D'ailleurs, l'omniprésence, l'importance et la complaisance de la drogue dans l'histoire occulte de façon déplorable la partie justement culturelle et pro-gaélique.
Ainsi, alors que la ligne directrice aurait dû être, comme le promet la bande-annonce et la promo en amont, la lutte pour la reconnaissance du gaélique en Ulster mais la drogue vampirise le récit. Dommage... Pourtant le duo fonctionne merveilleusement bien, les rappeurs jouant leur propre rôle rappelons-le exception faite du troisième membre qui a dû vouloir garder son anonymat. Dans certains aspects on pense un peu à "Trainspotting" (1996) de Danny Boyle toute proportion gardée ! Il y a de l'humour même dans certains passages dont on perçoit le drame (autour de la policière, et le destin du père), le contexte géo-politique et social est également bien retranscrit sans être trop explicatif, n'occultant pas les violences de part et d'autre. On apprécie surtout la mise en scène, fluide et créative avec différents angles ou cadrages qui permet de donner de l'ampleur et du rythme. Rich Peppiatt signe un biopic singulier et décalé avec une bonne part de fiction mais reste dans les grandes lignes fidèles au destin passionnant du seul groupe de rap gaélique. Un film qui aurait pu devenir un grand film culte si la dimension culturelle avait réellement pris le dessus sur le simple usage primaire des drogues. Ca reste un bon moment.
Note :