Mort d'une des dernières légendes italiennes : Léa Massari
Nous apprenons la mort d'une des dernières grandes actrices de l'Âge d'Or italien, Léa Massari nous a quitté ce 23 juin 2025 à l'âge de 91 ans.
/image%2F0935117%2F20250625%2Fob_f2f4ce_ob-e4c244-massari-lea.jpg)
Née en 1933 à Rome, Anna Maria Massatani est la fille d'un ingénieur romain et d'une mère d'origine ombrienne. De par le métier de son père elle passe son enfance aux rythmes des mutations professionnelles entre l'Espagne, la France et la Suisse. De retour en Italie elle s'inscrit à l'Université à Rome et suit des études d'architecture au début des années 50. Durant ses études elle commence à travailler comme mannequin notamment grâce à un ami de la famille, Piero Gherardi, costumier-décorateur qui l'introduit au cinéma et la présente au réalisateur avec qui il travaille, Mario Monicelli qui lui offre le rôle féminin principal aux côtés de la star hollywoodienne Mel Ferrer.
Ses traits élégants et sa voix rauque lui ouvre une voie unique et aussitôt après elle reprend un rôle de jeune femme douce et aimante dans "Rien que nous Deux" (1957) de Rentao Castellani où elle, ironie du sort, doublée en italien par Adriana Asti, dans doutes son enfanceloin de l'Italie lui aurait laissé des approximations. A la même période elle est fiancée à un Léo qui malheureusement se tue dans un accident de voiture quelques jours avant leur mariage. Ainsi, elle décide de prendre un nom de scène en sa mémoire, ce sera Léa Massari.
Après "Résurrection" (1958) de Rolf Hansen, elle obtient un rôle aux côtés de la star Monica Vitti dans "L'Avventura" (1960 - ci-dessous) de Michelangelo Antonioni qui lui donne une certaine reconnaissance.
/image%2F0935117%2F20250626%2Fob_39d552_c63aecf55821b864130aea8ac033b49babf808.jpg)
Désormais les propositions affluent et les succès s'enchaînent avec "Ca s'est passé à Rome" (1960) de Mauro Bolognini, le peplum "Le Colosse de Rhodes" (1960 - ci-dessous) de Sergio Leone avec Rory Calhoun et est même remarquée dans "Une Vie Difficile" (1961) de Dino Risi avec Alberto Sordi alors qu'elle n'est pas créditée.
/image%2F0935117%2F20250626%2Fob_e6d85d_55607.jpg)
Elle joue dans les films de guerre "La Bataille de Naples" (1962 - ci-dessous) de Nanni Loy et "L'Arsenal de la Peur" (1962) de Joseph Anthony avec David Niven et Ben Gazzara et entre temps elle est primée pour la première fois avec le David Di Donatello de la meilleure interprétation pour son rôle dans "I Sogni Muoiono All'Alba" (1961) de Mario Craveri et Enrico Gras.
Elle postule pour le film "Huit et Demi" (1963) de Federico Fellini pour jouer l'épouse de Marcello Mastroianni mais on lui préfère Anouk Aimée, certains diront que le maquillage de Gherardi aurait été préjudiciable lors de l'audition. Mais elle rebondit et joue plusieurs fois avec des acteurs français, aux côtés de Lino Ventura dans un drame napoléonien dans "Les Bandits" (1964) de Carlos Saura, avec Alain Delon sur fond de guerre d'Algérie dans "L'Insoumis" (1964) de Alain Cavalier, retrouve l'Italie avec le film à sketchs "A l'Italienne" (1965) puis surtout joue aux côtés de Anna Karina, Marie Laforêt, Tomas Milian et Mario Adorf dans le drame "Des Filles pour l'Armée" (1965 - ci-dessous) de Valerio Zurlini où on suit des prostituées en 1943 en Italie.
/image%2F0935117%2F20250626%2Fob_8f7815_image-78624-wsqsaoq88a.jpg)
Elle participe à la nuit de noces cauchemardesque de Maurice Ronet dans "Le Jardin des Délices" (1967) de Silvano Agosti, tombe amoureuse de Raf Vallone dans "Volver a Vivir" (1968) de Mario Camus et joue dans "Clayton l'Implacable" (1968 - ci-dessous) de Paolo Bianchini un western spaghetti qui n'entrera pas à la postérité.
/image%2F0935117%2F20250626%2Fob_f90b72_dbd771ef8d04f3940861001fcfff6280.jpg)
Elle joue l'épouse de Michel Piccoli qui la trompe avec Romy Schneider dans "Les Choses de la Vie" (1970) de Claude Sautet, incarne une mère incestueuse dans le film polémique et censuré "Le Souffle au Coeur" (1971 - ci-dessous) de Louis Malle, aborde le giallo avec "La Machination" (1971) de Piero Sciumè, retrouve Alain Delon dans "Le Professeur" (1972) de Valerio Zurlini, puis commence à accepter des seconds rôles comme dans "La Course du Lièvre à travers les Champs" (1972) de René Clément avec Jean-Louis Trintignant et Robert Ryan ou "L'Impossible Objet" (1973) de John Frankenheimer avec Alan Bates et Dominique Sanda.
/image%2F0935117%2F20250625%2Fob_1aa43f_souffle-au-coeur-7-malavida-gaumont-tt.jpg)
Puis elle retrouve Lino Ventura dans le polar "Le Silencieux" (1973) de Claude Pinoteau, se retrouve dans une vendetta corse pour l'amour de Yves Montand dans "Le Fils" (1973) de Pierre Granier-Deferre, retrouve Michel Piccoli dont elle est la maîtesse qui par amour l'aide à retrouver un coup de foudre dans "La Femme en Bleu" (1973 - ci-dessous) de Michel Deville, joue enfin avec Marcello Mastroianni retrouvant l'époque napoléonienne dans "Allonsanfan" (1973) des frères Taviani, puis se retrouve dans une drôle de machination dans "La Main à Couper" (1974) de Etienne Périer avec les inénarrables Michel Bouquet, Michel Serrault et Bernard Blier.
/image%2F0935117%2F20250625%2Fob_c7ff58_la-femme-en-bleue-2.jpg%3Fw%3D935)
Elle joue aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans le thriller "Peur sur la Ville" (1975) de Henri Verneuil, joue dans la comédie noire et cynique "L'Ordinateur des Pompes Funèbres" (1976) de Gérard Pirès où Jean-Louis Trintignant, aux côtés aussi de Bernadette Lafont et Mireille Darc, est un agent d'assureur qui aime jouer avec les probabilités pour séduire ou non ! Retrouve un énième fois Philippe Leroy et l'époque de la fin du fascisme italien dans "La Ligne du Fleuve" (1976 - ci-dessous) de Aldo Scavarda, retrouve Trintignant pour "Repérages" (1977) de Michel Soutter, joue dans le biopic "Antonio Gramsci : i giorni del Carcere" (1977) de Lino Del Fra qui obtient le Leopard d'Or au festival de Locarno.
/image%2F0935117%2F20250625%2Fob_3624b5_la-linea-del-fiume-f.jpg)
L'actrice, toujours aussi prolifique, commence à jouer plus souvent les mères et/ou les seconds rôles comme dans "Violette et François" (1977) de Jacques Rouffio avec Isabelle Adjani et Jacques Dutronc dont elle est la mère avant d'être un fantasme pour le même dans "Sale Rêveur" (1978) de Jean-Marie Périer, puis est la mère de Aurore Clément dans "Les Rendez-Vous d'Anna" (1978 - ci-dessous) de Chantal Ackerman,
/image%2F0935117%2F20250625%2Fob_133c29_les-rendez-vous-danna-chantal-akerman.jpg)
Elle termine la décennie en retrouvant Michel Piccoli dans "Le Divorcement" (1979) de Pierre Barouh, et surtout elle joue ensuite dans "Le Christ s'est arrêté à Eboli" (1979 - ci-dessous) de Francesco Rosi où elle retrouve l'Italie fasciste aux cotés de Gian Maria Volonte que l'actrice considère comme le meilleur acteur avec qui elle a travaillé.
/image%2F0935117%2F20250625%2Fob_71a2b5_eboli.jpg)
Alors qu'elle tourne sans discontinuité depuis plus de vingt ans l'actrice ralenti soudainement et drastiquement avec les années 80 pour se consacrer, à l'instar de notre patriote Brigitte Bardot, pour se consacrer aux campagnes écologistes et de défense des animaux.
Elle joue pourtant dans "La Flambeuse" (1981) de Rachel Weinberg où elle est d'abord curieuse des jeux de toute sorte avant de devenir accroc, elle retrouve Dutronc en enquêteur sur un tournage de film dans "Sarah" (1983) de Maurice Dugowson, elle retrouve aussi Lino Ventura dans le polar "Le Septième Cible" (1984) de Claude Pinoteau, puis joue à nouveau une mère aux cotés des autres mères Rossana Podesta, Alida Valli et Stefania Sandrelli.
/image%2F0935117%2F20250625%2Fob_d7465a_maxresdefault.jpg)
Elle a joué également au théâtre mais rarement, à la télévision de temps à autres, la première fois en 1958 et la dernière fois pour un téléfilm en 1988 mais son dernier rôle sera bel et bien pour le grand écran aux côtés de Omar Sharif dans "Viaggio d'Amore" (1990) de Ottavio Fabbri qui passera inaperçu.
/image%2F0935117%2F20250625%2Fob_a72579_20250625-0099.jpg)
L'actrice se retire ensuite de la vie publique, que sa discrétion naturelle facilite jusqu'à refuser tous les prochains projets et n'acceptant que rarement des interviews ou autres invitations. Elle quitte donc la vie publique a seulement 57 ans.
Elle s'installe alors en Sardaigne avec son mari, ancien commandant de bord chez Alitalia, épousé en 1963. A la suite de soucis financier elle vend aux enchères sa collection de bijoux anciens en 1994 puis elle divorce en 2004.
Outre les animaux et l'écologie l'actrice était passionnée de guitare et de musique brésilienne.
Léa Massari meurt le lundi 23 juin 2025 à l'âge de 91 ans a seulement sept jours des 92 printemps.