Mort de Jean-Louis Trintignant !

par Selenie  -  18 Juin 2022, 16:46  -  #Décès de star - Bio

Journée de deuil cinéphile avec la mort de Jean-Louis Trintignant survenue hier 17 juin 2022 à l'âge de 91 ans.

JEAN-LOUIS TRINTIGNANT, ÉLÉGANCE, PROFESSIONNALISME, ET PERFORMANCES D'UN  ACTEUR PAS COMME LES AUTRES... - CINETOM

Né en 1930 à Piolenc (Vauclause) d'un père industriel et maire de leur commune de Pont-Saint-Esprit et d'une maman issue d'une riche famille qui sera tondue à la Libération pour une liaison avec un soldat allemand. Le jeune Jean-Louis sera durablement marqué par cette période, mais pas que par les drames puisqu'il se passionne alors pour la poésie, surtout Prévert, Apollinaire et Aragon, puis pour les sports automobiles dont ses oncles Louis, Henri et surtout Maurice sont des pilotes chevronnés.

 

Alors qu'il est étudiant à la Fac de droit à Aix-en-Provence, le jeune Trintignant découvre en 1949 une représentation de la pièce "L'Avare" d'après Molière mise en scène par Charles Dullin ; c'est une révélation. Il abandonne ses études et part à Paris où il suit les cours de Charles Dullin puis surtout de Tania Balachova. Il ambitionne alors de devenir comédien pour le théâtre de réalisateur pour le cinéma, la raison pour laquelle il s'inscrit en parallèle à l'IDHEC (désormais intégré à la Fémis). Il débute sur les planches avec "À Chacun selon sa Faim" (1950) et "Marie Stuart" (1951) mis en scène par Raymond Hermantier.

Il épouse en 1954 Stephane Audran -ci-dessous) qu'il a rencontré durant les cours de Tania Balachova. Après plusieurs pièces il obtient quelques petits rôles pour la télévision d'abord avec "L'Assassin a pris le Métro" (1955) de François Chatel, et pour le grand écran avec "Si Tous les Gars du Monde" (1956) de Christian-Jaque, "La Loi des Rues" (1956) de Ralph Habib et surtout un premier rôle important dans "Et Dieu... Créa la Femme" (1956 - ci-dessous) de Roger Vadim avec Curd Jürgens et surtout Brigitte Bardot avec qui il a une liaison, assez intense pour qu'il divorce de son épouse tandis que Bardot fait de même avec Vadim. Alors qu'il part pour le Service Militaire il apprend que Brigitte Bardot le trompe avec Gilbert Bécaud.

Il revient fin 1958 et joue aussitôt dans la pièce "Hamlet", puis tourne "Été Violent" (1959 - ci-dessous) de Valerio Zurlini et retrouve Vadim pour son film "Les Liaisons Dangereuses" (1959) aux côtés de Gérard Philipe, Jeanne Moreau ou encore Boris Vian. Il rencontre alors Nadine Marquant, soeur des cinéastes Serge et Christian, qu'il épouse en 1961.

Il est au sein du casting étoilé de "Austerlitz" (1960) de Abel Gance, il joue aussi dans "Pleins Feux sur l'Assassin" (1961) de Georges Franju, "Le Jeu de la Vérité (1961) de et avec Robert Hossein et surtout il partage l'affiche avec Vittorio Gassman pour le magnifique "Le Fanfaron" (1962 - ci-dessous) de Dino Risi.

Il retrouve encore Vadim pour "Château en Suède" (1963), embrasse Michèle Mercier dans "Merveilleuse Angélique" (1965) de Bernard Borderie, joue dans "Compartiment Tueurs" (1965 - ci-dessous) de Costa Gravas et est une nouvelle fois au sein d'une affiche dantesque dans "Paris Brûle-t-il ?" (1966) de René Clément.

Sa carrière prend un nouvel élan avec "Un Homme et une Femme" (1966 - ci-dessous) de Claude Lelouch, qui est un succès surprise énorme, et entre à la postérité avec la Palme d'Or à Cannes et les Oscars du Meilleur Film étranger et Meilleur scénario original. L'aura du film propulse Jean-Louis Trintignant vers les sommets et il connaît une réelle reconnaissance mondiale.

Il enchaîne alors les tournages avec entre autre "Trans-Europ-Express" (1967) de Alain Robbe-Grillet, "En Cinquième Vitesse" (1967) de Tinto Brass, "L'Homme qui Ment" (1968) de Alain Robbe-Grillet pour lequel il gagne l'Ours d'Argent du meilleur acteur au festival de Cannes, "Les Biches" (1968) de Claude Chabrol, "Mon Amour, mon Amour" (1968) de Nadine Trintignant son épouse qui le fait jouer avec leur fille Marie puis, chose rare pour un français, il joue dans "Le Grand Silence" (1968 - ci-dessous) de Sergio Corbucci, western spaghetti culte avec également Klaus Kinski.

Il connaît ensuite une année faste (érotique) avec notamment les films "Le Voleur de Crime" (1969) de Nadine Trintignant, "Ma Nuit chez Maud" (1969) de Eric Rohmer, "Si Douces, si Perverses" (1969 - ci-dessous) de Umberto Lenzi et surtout l'excellent "Z" (1969) de Costa Gravas avec à la clef le Prix d'interprétation au Festival de Cannes.

Il enchaîne avec "Le Conformiste" (1970) de Bernardo Bertolucci que l'acteur considère comme étant son meilleur rôle.  Les années 70 débutent pourtant mal, le couple Trintignant perde leur fille Pauline à seulement 9 mois ; Nadine signe dans la foulée le film "Ca n'arrive qu'aux Autres" (1971) avec Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni qui, ironie du sort, tomberont amoureux sur le tournage et auront ensuite leur fille Chiara. Les seventies sont pourtant fastes et prolifiques avec par exemple "Le Voyou" (1970) de Claude Lelouch, "La Course du Lièvre à Travers les Champs" (1972) de René Clément, "Un Homme est Mort" (1972) et "Flic Story" (1975) tous deux de Jacques Deray, "Le Mouton Enragé" (1974 - ci-dessous) de Michel Deville où il retrouve Romy Schneider, "L'Agression" (1975) de Gérard Pirès, "La Femme du Dimanche" (1975) de Luigi Comencini...

Il tourne aussi dans quelques grands films avec "L'Attentat" (1972) de Costa Gravas, "Le Train" (1973 - ci-dessous) de Pierre Granier-Deferre il a une liaison de quelques mois avec sa partenaire Romy Schneider. Si l'actrice espère plus, l'acteur préférera retourner vers Nadine qui le quittera à la fin des années 70 pour le réalisateur Alain Corneau non sans le faire tourner dans ses films "Défense de Savoir" (1973) et "Le Voyage de Noce" (1974).

Lui qui rêvait de devenir réalisateur, se lance enfin avec le film Une Journée bien Remplie" (1972) et "Le Maître-Nageur" (1979) malheureusement ce seront deux gros échecs, l'acteur ne sera plus jamais réalisateur. Il refuse le rôle principal du film "Le Dernier Tango à Paris" (1972) de Bertolucci qui reviendra finalement à Marlon Brando. Citons encore "Le Secret" (1974) de Robert Enrico, "Le Désert des Tartares" (1976) de Valerio Zurlini.

 

Il est choisit par Stanley Kubrick pour doubler Jack Nicholson dans le chef d'oeuvre "Shining" (1980).Il retrouve une nouvelle fois Romy dans "La Banquière" (1980) de Francis Girod, enchaîne trois films italiens avec "La Terrasse" (1980), "Passion d'Amour" (1981) et "La Nuit de Varennes" (1982) tous trois de Ettore Scola, retrouve aussi Lelouch pour "Viva la Vie" (1984), "Partir, Revenir" (1985) er la suite "Un Homme et une Femme : Vingt Ans Déjà" (1986), puis également "Malevil" (1981) de Christian de Chalonge, "Le Grand Pardon" (1982) de Alexandre Arcady, "Vivement Dimanche !" (1983) de François Truffaut, "Rendez-Vous" (1985 - ci-dessous) de André Téchiné, "L'Été Prochain" (1985) de Nadine Trintignant, "La Femme de ma Vie" (1986) de Régis Wargnier et "Bunker Palace Hotel" (1989) de Enki Bilal.

Entre temps il  aborde une nouvelle carrière de pilote automobile. Entre 1976 et 1984 il concoure entre autre au Tour de France automobile (1976), au Championnat de rallycross (1980), aux 24h du Mans (1980), ou encore au Rallye de Monte-Carlo (1981-1982-1984). Il fait partie de l'équipe du Star Racing Team qui comptait parmi ses membres des stars comme Claude Brasseur, Guy Marchand ou encore Johnny Hallyday. C'est durant ses courses qu'il rencontre Marianne Hoepfner, pilote pro qui devient sa compagne après son divorce au début des années 80. Durant ces eighties l'acteur semble lassé, il se retire dans sa maison de Uzès dans le Gard à partir de 1985 et annonce même durant le Festival de Venise en 1987 qu'il abandonne le cinéma faisant croire qu'il est gravement malade !

Néanmoins il continue de tourner mais ralentit considérablement la cadence. Il joue dans "Merci la Vie" (1991) de Bertrand Blier, "Trois Couleurs : Rouge" (1994 - ci-dessous) de Krzysztof Kieslowski, "Regarde les Hommes Tomber" (1994) et "Un Héros Très Discret" (1996) tous deux de Jacques Audiard, "La Cité des Enfants Perdus" (1995) de Jean-Pierre Jeunet, "Tykho Moon" (1996) de Enki Bilal et "Ceux qui m'aiment Prendront le Train" (1998) de Patrice Chéreau.

Les années 90 sont celles de la diversification aussi, l'acteur monte désormais sur les planches pour la poésie avec par exemple "Poésie de Maurice Roche" (1995) au Festival d'Avignon, "Poèmes à Lou" de Aragon (1999) qu'il lit accompagné de sa fille Marie Trintignant (père et fille ci-dessous) ou encore "La Valse des Adieux" (2000) d'après Aragon. Il achète également un domaine viticole nommé Rouge Garance en hommage à Arletty entre Nîmes et Avignon, et dont la première étiquette de bouteille est dessinée par son ami Enki Bilal.

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Alors qu'il joue avec sa fille dans "Janis et John" (2002) de Samuel Benchetrit, l'acteur connaît un drame quand survient la mort prématurée et violente de sa fille Marie Trintignant victime de son conjoint .

 

Ce drame brise l'acteur qui ne tournera pratiquement plus outre sa voix si singulière en voix Off dans "Immortel, Ad Vitam" (2004) de Enki Bilal. Il rend hommage à sa fille avec son spectacle "Jean-Louis Trintignant lit Apollinaire" (2005) qu'il avait créé avec elle au Festival d'Avignon. Il remonte sur les planches aussi avec la pièce "Moins 2" (2005) aux côtés de Roger Dumas.

 

Il faut attendre plusieurs années avant de voir revenir l'acteur sur grand écran et c'est sur l'insistance de la productrice Margaret Ménégoz qu'il accepte de jouer aux côtés de Emmanuelle Riva dans "Amour" (2012 -ci-dessous) de Michael Haneke pour qui il avait prêter sa voix pour "Le Ruban Blanc" (2009). Le film est un succès critique et public, l'acteur est acclamé et obtient de surcroît le César du Meilleur acteur. Fasciné par le réalisateur allemand, l'acteur déclare que Michael Haneke est le plus grand réalisateur du monde et retrouve ainsi Haneke pour le film "Happy End" (2017).

Son dernier film sera pour celui qui a fait de lui une star, "Les Plus Belles Années d'une Vie" (2019 - ci-dessous) de Claude Lelouch où il retrouve Anouk Aimée pour clore la trilogie débutée 53 ans auparavant.

En septembre 2017, l'acteur déclare être atteint d'un cancer et qu'il refuse les soins médicaux.

 

Sa dernière apparition publique était à la 46ème Cérémonie des Césars en 2021. Quelques temps après Nadine Trintignant annonce que l'acteur perd peu à peu la vue. 

Jean-Louis Trintignant a eu avec Nadine trois enfants, Marie (1962-2003), Pauline (1969-1970) et Vincent (1973). Après leur divorce début des années 80 il rencontre la pilote Marianne Hoepfner qu'il épouse en 2000 un peu comme son ex Nadine, qui après presque 20 ans de relation, épouse Alain Corneau en 1998. Ce dernier adopte Marie et Vincent avec le consentement de Jean-Louis Trintignant.

 

Acteur majeur du cinéma français durant plus de 60 ans, il a incarné surtout des anti-héros plus ou moins tourmenté. 

 

Jean-Louis Trintignant est mort ce vendredi 17 juin 2022 calmement à son domicile de Uzès à l'âge de 91 ans.

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