Mort de Anouk Aimée !

par Selenie  -  18 Juin 2024, 16:26  -  #Décès de star - Bio

Jour de pluie jour de deuil avec la disparition ce jour d'été de Anouk Aimée ce 18 juin 2024 à l'âge de 92 ans.

Née en 1932 à Paris, Nicole Dreyfus est la fille du comédien Henry Dreyfus dit Murray et de l'actrice Geneviève Soria. Quand la situation devient intenable durant l'Occupation de Paris par les allemands ses parents d'envoie en Charente afin de fuir les rafles et d'échapper au port de l'étoile jaune. Elle adopte son second prénom et le nom de sa mère, soit Françoise Soreas. Elle aurait été ensuite en pensionnat à Morzine vers la fin de la guerre où elle aurait alors rencontré Roger Vadim et Yves Robert, futurs grands réalisateurs.

 

De retour à Paris elle est repérée en 1946 pour sa beauté alors qu'elle dîne dans un restaurant chinois, il s'agit de Henri Calef qui lui propose un petit rôle dans "La Maison sous la Mer" (1947 - ci-dessous) avec Viviane Romance où son personnage se nomme Anouk. Remarquée elle est aussitôt engagée par Marcel Carné pour "La Fleur de l'Âge" (1947) dont elle tenait le premier rôle aux côtés de Serge Reggiani et Arletty mais qui reste malheureusement inachevé. Cependant elle rencontre sur le tournage le scénariste-poète Jacques Prévert qui lui suggère de prendre le prénom Anouk comme pseudo et d'y accoler le nom de Aimée. Désormais, Nicole Dreufus devient Anouk Aimée.

La Maison sous la mer (1946) - Henri Calef [Extrait] - YouTube

Elle part ensuite en Angleterre pour suivre des cours d'Art Dramatique et de danse. Elle revient pourtant assez vite et obtient le rôle principal dans "Les Amants de Vérone" (1949 - ci-dessous) de André Cayatte où elle retrouve Serge Reggiani et Jacques Prévert au scénario. Par le biais de ce dernier elle prête aussi sa voix au film d'animation "Le Roi et l'Oiseau" (1946-1980) de Paul Grimault dans sa première version sortie en 1953, version qui sera désavoué par les auteurs malgré un prix au Festival de Venise et qui sera remanié maintes fois jusqu'à devenir l'ultime chef d'oeuvre en 1980. 

Elle se marie une première fois (1949-1950) avant de rencontrer le cinéaste Nikos Papatakis, patron du cabaret La Rose Rouge à Saint-Germain-des-Prés. Pour la séduire il lui présente notamment Pablo Picasso et Jean Genet, et finalement elle l'épouse un peu plus tard en 1951. Jean Genêt écrit alors un scénario pour elle, "Les Rêves Interdits" (1951) qu'il souhaite au départ réaliser lui-même mais abandonne faute de financement. Des années plus tard, Jeanne Moreau propose à Genet de vendre le scénario à Ralph Richardson qui réalise alors "Mademoiselle" (1966) avec Jeanne Moreau en tête d'affiche.

 

Elle tourne ensuite dans le film britannique "La Salamandre d'Or" (1950) de Ronald Neame aux côtés de Trevor Howard puis enchaîne avec une production belgo-espagnole "Nuit d'Orage" (1951) de Jaime de Maroya et Marcel Jauniaux, puis joue dans "Les Crimes de l'Amour" (1952) dans le segment "Le Rideau Cramoisi" de Alexandre Astruc qui obtient le Prix Louis-Delluc, et retrouve ce réalisateur pour "Les Mauvaises Rencontres" (1955 - ci-dessous) avec un second passage chez britanniques avec "L'Homme qui regardait passer les Trains" (1952) de Harold French avec Claude Rains.

L'actrice est devenue une actrice internationale sans effort ni succès mondial mais elle est pourtant très demandée et enchaîne ainsi avec une première expérience télé outre-Manche dans "Forever my Heart" (1954) de Bernard Knowles, suivi des productions allemandes "L'Amour ne Meurt jamais" (1955) de O.W. Fischer, "Nina" (1956 - ci-dessous) de Rudolf Jugert avec Karlheinz Böhm célèbre empereur de la saga "Sissi" (1956-1957) de Ernst Marischka et "Streseman" (1956) de Alfred Braun et une production britannico-espagnole avec "Meurtre, Drogue et Compagnie" (1955) de Lawrence Huntington et Julio Salvador.

Elle revient en France avec deux succès, "Pot-Bouille" (1957 - ci-dessous) de Julien Duvivier avec Gérard Philippe qu'elle retrouve dans "Montparnasse 19" (1957) de Jacques Becker

Pot-Bouille - Excellente adaptation ! - DvdToile

Après une participation au casting international de "Le Voyage" (1959) de Anatole Litvak aux côtés notamment de Yul Brynner et Deborah Kerr, elle accepte de tourner dans deux premiers films, "La Tête contre les Murs" (1959 - ci-dessous) de Georges Franju, où elle rencontre Jean-Pierre Mocky qui en profite pour l'engager dans le sien, "Les Dragueurs" (1959).

 Sa carrière prend une nouvelle ampleur dans les années 60 avec le rôle principal de "la Dolce Vita" (1960 - ci-dessous) de Federico Fellini avec Marcello Mastroianni, Palme d'Or au festival de Cannes. Elle enchaîne avec le rôle titre "Lola" (1961) de Jacques Demy puis retrouve l'Italie avec "Le Jugement Dernier" (1961) de Vittorio De Sica avec Vittorio Gassman ou Fernandel et "L'Imprévu" (1961) de Alberto Lattuada.

Elle tourne alors beaucoup, revient en France avec la comédie "Le Farceur" (1961) de Philippe De Broca, passe par Hollywood et le peplum "Sodome et Gomorrhe" (1962 - ci-dessous) de Robert Aldrich avec Stewart Granger puis tourne plusieurs film en Italie dont la comédie "Le Jour le plus Court" (1963) de Sergio Corbucci parodie du célèbre "Le Jour le plus Long" (1962), ou encore "Le Succès" (1963) de Mauro Morassi et Dino Risi suite officieuse de "Le Fanfaron" (1962) de Dino Risi, Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant reprenant leurs rôles.

Puis elle participe à un nouveau grand film avec "Huit et Demi" (1963) de Federico Fellini qu'elle retrouve avec Marcello Mastroianni, et après plusieurs films italiens elle accepte à nouveau de jouer dans un premier film d'un débutant. Il s'agit de "Un Homme et une Femme" (1966 - ci-dessous) de Claude Lelouch où elle retrouve Jean-Louis Trintignant pour un succès qui va entrer à la postérité avec en prime un BAFTA et un Golden Globe de la meilleure actrice, puis une Palme d'Or à Cannes et l'Oscar du meilleur film étranger pour Lelouch. Sur le tournage elle tombe amoureuse du chanteur Pierre Barouh qu'elle épouse en 1966. 

Dans la foulée elle fait un caméo dans "Vivre pour Vivre" (1966) de Lelouch, et de retour en France elle en profite pour reprendre son personnage de Lola dans "Model Shop" (1968) de Jacques Demy avant de repartir à l'étranger pour les productions américains "Le Rendez-Vous" (1969 - ci-dessus) de Sidney Lumet avec Omar Sharif avec qui elle a alors une liaison ce qui entraîne sans doute son divorce cette même année mais leur liaison ne dure pas.

L'actrice rencontre ensuite l'acteur britannique Albert Finney qu'elle épouse en 1970. Etonnamment l'actrice arrête alors de tourner et part s'installer à Londres. Elle revient pour retrouver son réalisateur Claude Lelouch pour "Si c'était à Refaire" (1976 - ci-dessous) avec Catherine Deneuve, puis tourne ensuite dans "Mon Premier Amour" (1978) de Elie Chouraqui, dont elle tombe amoureuse et quitte finalement son époux britannique.

L'actrice revient alors au cinéma oscillant toujours entre les genres et essentiellement entre la France et l'Italie. Citons "Le Saut dans le Vide" (1980 - ci-dessous) de Marco Bellochio avec Michel Piccoli pour lequel elle gagne le Prix d'interprétation à Cannes, "La Tragédie d'un Homme Ridicule" (1981) de Bernardo Bertlucci, "Qu'est-ce qui fait courir David ?" (1982) de son conjoint d'alors Elie Chouraqui, "Le Général de l'Armée Morte" (1983) de Luciano Tovoli où elle retrouve son partenaire Marcello Mastroianni, puis retrouve Piccoli dans "Le Succès à Tout Prix" (1984) de Jerzy Skolimowski et dans "Viva La Vie" (1984) de Claude Lelouch avec aussi Trintignant, qui inspire au réalisateur de réunir son couple mythique pour la suite "Un Homme et une Femme : Vingt Ans Déjà" (1986).

Des décennies plus tard elle retrouve Paul Grimault et Jacques Demy pour prêter sa voix dans le film "La Table Tournante" (1988) qui rassemble plusieurs courts métrages d'animation. Si elle tourne moins elle tourne régulièrement mais désormais pour des seconds rôles voir même de petits rôles.

 

On peut citer un rôle plus proche du caméo dans "Il y a des Jours... et des Lunes" (1990) de Claude Lelouch, puis joue dans le drame "Rupture(s)" (1993) de Christine Citti avec Emmanuelle Béart et Michel Piccoli, puis dans la comédie "Les Marmottes" (1993) de Elie Chouraqui avec André Dussolier, Marie Trintignant ou Virginie Ledoyen.

 

Elle retrouve deux des acteurs dont elle a été le plus proche, Mastroianni et Piccoli dans "Les Cents et Une Nuits de Simon Cinéma" (1995) de Agnès Varda, et retrouve une énième fois Marcello Mastroianni dans "Prêt-à-Porter" (1995 - ci-dessous) de Robert Altman avec aussi Sophia Loren et Jean-Pierre Cassel, cette même année elle joue dans "Dis-Moi Oui" (1995) de Alexandre Arcady où elle retrouve les marmottes Jean-Hugles Anglade et Julia Maraval.

Elle retrouve son réalisateur fétiche pour un petit rôle au sein d'un énième casting prestigieux dans "Hommes, Femmes : Mode d'Emploi" (1996), incarne la fée dans "Riches, Belles, Etc." (1997) de Bunny Schpoliansky avec Lola Naymark, Claudia Cardinale et Marisa Berenson, puis joue son propre rôle dans "I Love L.A." (1999) de Mika Kaurismaki avec entre autre Julie Delpy, Vincent Gallo, Jerzy Skolimowski et Johnny Depp avant de retrouver Lelouch pour "Une pour Toutes" (1999).

 

L'actrice retrouve un rôle principal dans "Festival in Cannes" (2001) de Henry Jaglom qui pourrait très bien être son propre rôle, puis obtient un second rôle principal dans "La Prairie aux Bouleaux" (2003 - ci-dessous) de Marceline Loridan-Ivens où elle est une vétérante des camps de la mort ; il s'agit du premier tournage autorisé dans le camp de Birkenau.

Elle apparaît dans "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'Enfants" (2004) de et avec Yvan Attal où elle est justement sa mère, effectue un caméo dans "Celle que j'aime" (2009) de Elie Chouraqui, puis retrouve une nouvelle fois Claude Lelouch pour "Ces Amours-Là" (2010) et surtout pour "Les Plus Belles Années d'une Vie" (2019 - ci-dessous) où elle retrouve Jean-Louis Trintignant pour le 3ème et ultime opus de la saga "Un Homme et une Femme" et qui demeure également à ce jour le dernier film du couple de stars.

L'actrice a aussi tourné pour la télévision et joué au théâtre mais rarement et reste donc une véritable actrice de cinéma. Quelques téléfilms et sur les planches une première expérience avec la pièce "Sud" (1953) de Julien Green et surtout la pièce "Love Letters" (1990-2014) à de nombreuses reprises et de multiples partenaires dont Bruno Cremer, Alain Delon, Gérard Depardieu ou, évidemment, Jean-Louis Trintignant.

 

L'actrice, dont les choix de carrière qui démontrent une véritable curiosité et un charme singulier en ont fait une star icônique qui aura vu son apogée au début des années 60. 

Elle a reçu une César d'honneur en 2002.

 

Elle aura été mariée quatre fois, dont une fille née en 1951 de son union avec Nikos Papatakis, Manuella qui est devenue actrice. Mais sa relation la plus longue sera sans mariage avec Elie Chouraqui tandis qu'elle a aussi connue des liaisons éphémères avec Warren Beatty ou Omar Sharif.

 

Anouk Aimée était très engagée pour la protection de la nature et des animaux, était notamment membre de l'Institut Jane Goodall étant d'ailleurs une amie proche de la célèbre anthropologue.

 

Anouk Aimée est morte ce jour du mardi 18 juin 2024 chez elle à Paris à l'âge de 92 ans.

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