Mort du grand Michel Piccoli !

par Selenie  -  18 Mai 2020, 18:23  -  #Décès de star - Bio

Bien tardivement nous apprenons la mort de l'acteur Michel Piccoli survenue le 12 mai dernier à l'âge de 94 ans. Il semble que sa famille ait souhaité une tranquilité certaine d'où leur volonté de prévenir la presse six jours après.

Né en 1925 à Paris, Michel Piccoli est le fils d'un violoniste suisse et d'une pianiste française. Il veut devenir comédien très tôt et suit des cours auprès de Andrée Bauer-Théraud puis ensuite au célèbre Cours Simon.

 

Il obtient un premier petit rôle dans "Sortilèges" (1945) de Christian-Jaque, la même année que son premier rôle au théâtre, mais il lui faut attendre ensuite pour obtenir un rôle un peu plus consistant dans le film "Le Point du Jour" (1949) de Louis Daquin et retrouve d'ailleurs ce réalisateur aussitôt après pour "Le Parfum de la Dame en Noir" (1949 - ci-dessous avec Serge Reggiani).

Photo de Michel Piccoli - Le Parfum de la dame en noir : Photo ...

Mais si sa carrière est lancée c'est au théâtre qu'il est d'abord connu et reconnu. Après plusieurs films plus ou moins confidentiel il connaît un peit regain de reconnaissance en jouant dans "French Cancan" (1954 - ci-dessous) de Jean Renoir aux côtés de Jean Gabin

A cette même période un drame personnel l'éloigne de la religion et devient athée. Ironie du sort, à cette même période il interprète deux religieux dans les films "Marie-Antoinette" (1955) de Jean Delannoy et surtout dans "La Mort en ce Jardin" (1956 - ci-dessous) de Luis Bunuel dans lequel il obtient enfin un des rôles principaux. L'acteur va devenir un proche de ce dernier avec qui il tournera plusieurs films.

Il débute parallèllement à la télévision, tout en continuant à jouer aussi bien et régulièrement sur les planches que sur grand écran. 

 

Il joue dans les films "Les Sorcières de Salem" (1956) de Raymond Rouleau avec Yves Montand et Simone Signoret, "La Bête à l'Affût" (1959) de Pierre Chenal, "Le Bal des Espions" (1960) de René Clément mais c'est surtout avec le succès du magnifique "Le Doulos" (1962 - ci-dessous) de Jean-Pierre Melville avec Jean-Paul Belmondo que l'acteur va connaître une vraie reconnaissance.

Sa carrière va alors connaître un véritable tournant en jouant coup sur coup dans "Le Journal d'une Femme de Chambre" (1963) de Luis Bunuel et "Le Mépris" (1963 - ci-dessous) de Jean-Luc Godard où il marquera le Septième Art avec un dialogue devenu mythique avec une certaine Brigitte Bardot.

Il tourne dans son premier film étranger avec "Doubles Masques et Agents Doubles" (1965) de Basil Dearden aux côtés de Cliff Robertson et Jack Hawkins. 

 

Dès lors, les années 60 vont se poursuivre avec une filmographie prolifique et riche en tournant avec les plus grands, devant et derrière la caméra.

 

Piccoli joue ainsi dans "Compartiment Tueurs" (1965) de Costa Gravas, "Les Créatures" (1965) de Agnès Varda, la superproduction "Paris Brûle-t-il ?" (1966) de René Clément, "La Curée" (1966) de Roger Vadim avec Jane Fonda, "Les Demoiselles de Rochefort" (1966) de Jacques Demy avec les soeurs Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, "Belle de Jour" (1966 - ci-dessous) de Luis Bunuel retrouvant Deneuve, "Benjamin ou les Mémoires d'un Puceau" (1967) de Michel Deville...

Après Bunuel il fait la connaissance d'un autre réalisateur qui marquera sa carrière avec "Dillinger est Mort" (1968 - ci-dessous) de Marco Ferreri. Si Piccoli tounera pas moins de 6 films avec Bunuel, il en fera 7 avec Ferreri.

Il continue sur les chapeaux de roue, tout en étant toujours extremement présent au théâtre, il joue dans les films "La Prisonnière" (1968) de Henri-Georges Clouzot, "La Voie Lactée" (1969) de Luis Bunuel, sans compter "L'Etau" (1969) de Alfred Hitchcock et "L'Invitée" (1969) de Vittorio De Sica.

 

Après Bunuel et Ferreri, l'acteur fait une 3ème rencontre décisive et une quatrième, en jouant dans "Les Choses de la Vie" (1970 - ci-dessous) de Claude Sautet avec Romy Schneider. Le film est un succès critique et public, et l'entente du trio les poussent à poursuivre leur collaboration aussitôt en tournant "Max et les Ferrailleurs" (1971) pour un second succès.

Michel Piccoli est alors au sommet, il multpiplie les tournages et les expériences notamment en n'hésitant pas à jouer ou à prêter sa voix pour des courts métrages et/ou des documentaires, tout en restant fidèle à ses réalisateurs fétiches.

 

Il joue donc dans des films comme "La Poudre d'Escampette" (1971) de Philippe De Broca, "La Décade Prodigieuse" (1971) et "Les Noces Rouges"  (1971) tous deux de Claude Chabrol, "L'Attentat" (1972) de Yves Boisset, "La Femme en Bleu" (1972 - ci-dessous) de Michel Deville, "Sept Morts sur Ordonnance" (1975) de Jacques Rouffio, "F comme Fairbanks" (1975) de Maurice Dugowson, "Mélodie Meutrière" (1979) de Sergio Corbucci, "Atlantic City" (1979) de Louis Malle...

L'acteur reste fidèle.

 

Avec Luis Bunuel il tourne encore "Le Charme Discret de la Bourgeoisie" (1972), "Le Fantôme de la Liberté" (1974), "Leonor" (1975 - ci-dessous) et "Cet Obscur Objet du Désir" (1977) où il double la voix de Fernando Rey.

Avec Marco Ferreri il tourne "L'Audience" (1970), "Liza" (1971), "La Grande Bouffe" (1973 - ci-dessous) qui fera scandale au Festival de Cannes et qui sera censuré, "Touche pas à la Femme Blanche" (1973) et "La Dernière Femme" (1975).

Avec Claude Sautet il tourne encore "César et Rosalie" (1972), "Vincent, François, Paul... et les Autres" (1974), "Mado" (1976), tous avec Romy Schneider comme partenaire à l'exception de "Vincent..."

 

La jonction entre les seventies et les eighties est consacrée avec le Prix d'Interprétation à Cannes 1980 pour sa performance dans "Le Saut dans le Vide" (1979 - ci-dessous) de Marco Bellochio suivi d'un autre Prix au Festival de Berlin 1982 pour le film "Une Etrange Affaire" (1982) de Pierre Granier-Deferre.

Image associée

Il tourne toujours autant et toujours aussi régulièrement avec ses cinéastes habituels. Ainsi il tourne pour ses dernières fois pour Marco Ferreri avec "Conte de la Folie Ordinaire" (1981) et "Y a Bon les Blancs" (1988).

 

Il retrouve des réalisateurs avec "Espion Lève-toi" (1981) et "Le Prix du Danger" (1982) tous deux de Yves Boisset, "Passion" (1981) de Jean-Luc Godard, "Milou en Mai" (1989) de Louis Malle, "Les Yeux, la Bouche" (1982) de Marco Bellochio avec aussi "La Fille Prodigue" (1980) et "La Puritaine" (1986) tous deux de Jacques Doillon, "Une Chambre en Ville" (1982) de Jacques Demy, "Viva la Vie" (1983) et "Partir, Revenir" (1984) tous deux de Claude Lelouch, "Péril en la Demeure" (1984) et "Le Paltoquet" (1986) tous deux de Michel Deville et aussi et surtout "La Passante du Sans-Souci" (1982 - ci-dessous) de Jacques Rouffio où il joue une ultime fois avec Romy Schneider.

Les années 80 sont celles de nombreux adieux pour Piccoli (derniers tournages avec Ferreri, mort de Romy...) mais l'acteur poursuit sa route plein de curiosité et d'envie. Il tourne toujours beaucoup, pour des cinéastes étrangers mais aussi pour la nouvelle génération qui arrive et bouscule les portes.

 

Piccoli tourne "Derrière la Porte" (1982) de Liliana Cavani, "Le Général de l'Armée Morte" (1982) de Luciano Tovoli pour lequel il est également scénariste et producteur, "La Nuit de Varennes" (1982) de Ettore Scola où il incarne Louis XVI, "La Diagonale du Fou" (1983 - ci-dessous) de Richard Dembo, "Le Succès à tout Prix" (1984) de Jerzy Skolimowski, "Adieu Bonaparte" (1984) de Youssef Chahine, "Mauvais Sang" (1986) de Leos Carax et "L'Homme Voilé" (1987) de Maroun Bagdadi.

Il débute les années 90 avec un grand film, "La Belle Noiseuse" (1991 - ci-dessous) de Jacques Rivette où il est un artiste ayant pour modèle Emmanuelle Béart, pour une rôle qui lui vaut sa quatrième et ultime nomination au César du meilleur acteur après celles pour les films "Une Etrange Affaire", "La Diagonale du Fou" et "Milou en Mai" sans jamais l'avoir obtenu malheureusement.

Sur cette décennie on peut citer "Le Bal des Casse-Pieds" (1991) de Yves Robert, "Le Souper" (1992) de Edouard Molinaro où il offre sa voix pour le narrateur Chateaubriand, "L'Emigré" (1994) de Youssef Chahine, "L'Ange Noir" (1994 - ci-dessous) de Jean-Claude Brisseau, "Les Cent et une Nuits de Simon Cinema" (1994) de Agnès Varda, "Beaumarchais, l'Insolent" (1995) de Edouard Molinaro, "Tykho Moon" (1996) de Enki Bilal, "Rien sur Robert" (1998) de Pascal Bonitzer en terminant le siècle avec au sein du casting incroyable de "Les Acteurs" (1999) de Bertrand Blier.

Après "Party" (1996) il retrouve Manoel De Oliveira pour encore "Je rentre à la Maison" (2001), "Le Miroir Magique" (2005) et "Belle Toujours" (2006). Il retrouve d'autres réalisateurs avec "Ce Jour-Là" (2003) de Raoul Ruiz et "Ne Touchez pas à la Hâche" (2006 - ci-dessous) de Jacques Rivette.

Sa filmo est toujours autant marqué par les rencontres, avec "La Petite Lili" (2003) de Claude Miller, "Jardins en Automne" (2006) de Otar Iosselani, "Les Toits de Paris" (2007) de Hiner Saleem, "De la Guerre" (2008) de Bertrand Bonello, "La Poussière du Temps" (2008) de Theo Angelopoulos puis "Le Bel Âge" (2009 - ci-dessous) de Laurent Perreau.

On constate que l'acteur tourne un peu moins, de même il joue moins au théâtre bien qu'il ait fallu plusieurs décennies sur scène pour être nommé aux Molières, deux fois de suite en 2006-2007 pour la même pièce "Le Roi Lear" en étant a là aussi reparti bredouille.

 

Habitué du Festival de Cannes, il fera partie du Jury en 2007 sous la présidence de Stephen Frears.. 

 

Ces dernières années les tournages se font radicalement plus rares, avec néanmoins une entrée remarquée en Pape dans "Habemus Papam" (2011 - ci-dessous) de Nanni Moretti. Un succès suivi des remarqués "Vous n'Avez Encore rien Vu" (2012) de Alain Resnais, "Holy Motors" (2012) de Leos Carax, "Les Lignes de Wellington" (2012) de Raoul Ruiz et Valeria Sarmiento.

Il ne collabore plus qu'à deux films. Sa dernière apparition devant la caméra sera dans "Le Goût des Myrtilles" (2013) de Thomas De Thier, tandis qu'il prêtera encore sa voix pour le narrateur du moyen métrage "Notre-Dame des Hormones" (2015) de Bertrand Mandico.

 

Michel Piccoli est passé de l'autre côté de la caméra aussi, devenu réalisateur avec le court métrage "Ecrire contre l'Oubli" (1991), il poursuivra avec le court "Train de Nuit" (1994) puis avec les longs métrages "Alors Voilà" (1997), "La Plage Noire" (2001) et enfin "C'est pas Tout à Fait la Vie dont j'avais Rêvé" (2005).

 

L'acteur ets un passionné de littérature, il a notamment enregistré la lecture du recueil "Les Fleurs du Mal" de Charles Baudelaire.

Michel Piccoli a été marié trois fois, une première en 1954 avec une fille, puis avec Juliette Gréco (ci-dessus) en 1966 et une dernière fois en 1978 dont suivra l'adoption de deux enfants d'origine polonaise.

Michel Piccoli aura joué plus de 230 rôles (sans compter le théâtre !) étalés sur 70 ans de carrière. Il aura été omniprésent, sur les planches comme dans le petit écran et surtout sur le grand avec une régularité et une endurance assez unique. Rare sont les réalisateurs qui ne feront pas appel à lui une seconde fois, voir plus si affinité.

 

Un Grand s'en est allé... Michel Piccoli est mort ce mardi 12 mai 2020 à son domicile dans l'Eure des suites d'un Accident Vasculaire Cérébral à l'âge de 94 ans. 

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