Meurs un Autre Jour (2002) de Lee Tamahori
Ce 20ème film de la franchise est aussi celui qui fête les 40 ans de la saga et pour cela les producteurs Michael G. Wilson et Barbara Broccoli ont voulu marquer le coup et notamment en changeant une nouvelle fois de réalisateur : "Notre premier objectif fut de dénicher un vrai réalisateur capable de maîtriser tous les enjeux de cette vaste entreprise et de répondre aux attentes du public. Quelqu'un qui saurait bâtir une nouvelle histoire propre à suprendre le psectateur, à lui apporter encore plus qu'il n'espère. Lee Tamahori est très dynamique et doué d'un sens visuel aigu." Et donc, les producteurs de EON productions semblent trouver que le réalisateur néo-zélandais du terrible "L'Âme des Guerriers" (1994) est un réalisateur majeur, même si la suite est un peu plus décevant comme "A Couteaux Tirés" (1997) et "Le Masque de l'Araignée" (2001). Le scénario est signé du duo Neal Purvis et Robert Wade, auteur de "Guns 1748" (1999) de Jake Scott et surtout du précédent 007 avec "Le Monde ne Suffit Pas" (1999) de Michael Apted, néanmoins ils sont cette fois sans Bruce Feirstein qui a été le scénariste des trois premiers Bond avec Pierce Brosnan. Lee Tamahori aurait insisté sur deux idées, d'abord il était partisan des James Bond multiples considérant qu'il s'agit d'un nom d'emprunt pour les nouveaux agents et qui permet d'expliquer les changements d'acteurs, puis il avait donc envisagé un retour de Sean Connery en caméo : deux idées refusées net par les producteurs, la théorie des multiples n'a jamais été dans leur carton et pour Sean Connery il doit sans doute rester des rancoeurs depuis un certain "Jamais plus Jamais" (1983) de Irvin Kershner... James Bond en mission en Corée du Nord est capturé et torturé, à la suite de quoi il n'est libéré qu'un an plus tard avec un échange de prisonnier. Abandonné par le MI6, Bond cherche pourtant à retrouver le traître qui l'a vendu. Néanmoins, le MI6 le réintègre tandis qu'il se rapproche de plus en plus du traître...
007 est incarné pour la quatrième et dernière fois par Pierce Brosnan, qui entre temps a tourné d'autres films dont un autre film d'espionnage, l'excellent "Le Tailleur de Panama" (2001) de John Boorman. Il retrouve les agents du MI6, Judi Dench/M qui en profite aussi pour enrichir sa filmo avec entre autres "Le Chocolat" (2000) et "Terre Neuve" (2001) tous deux de Lasse Hallström, John Cleese/Q remplaçant du défunt Desmond Llewelyn qui entre aussi dans une autre saga avec "Harry Potter à l'Ecole des Sorciers" (2001) de Chris Columbus, puis l'inévitable Samantha Bond/Moneypenny. Le méchant principal est joué par un acteur inconnu, ou plutôt peu connu sur grand écran, Toby Stephens est bien apparu dans "Space Cowboys" (2000) de Clint Eastwood mais il est surtout renommé pour le théâtre. On citera également les acteur Rick Yune vu dans "La neige tombait sur les Cèdres" (1999) de Scott Hicks et surtout dans "Fast and Furious" (2001) de Rob Cohen, puis Michael Madsen inénarrable mister Blonde dans "Reservoir Dogs" (1992) de Quentin Tarantino et qui retrouve Lee Tamahori après "Les Hommes de l'Ombre" (1996). Les deux James Bond Girls sont incarnées par la féline Halle Berry starisée depuis "X-Men" (2000) de Bryan Singer et surtout depuis son Oscar pour "A l'Ombre de la Haine" (2001) de Marc Forster, puis on remarque surtout les débuts au cinéma de Rosamund Pike qui n'avait jusque là joué que dans quelques séries TV comme "Scotland Yard, Crimes sur la Tamise" (2000). En prime un caméo d'une certaine Madonna en prof d'escrime ! Madonna qui chante la chanson du film, alors qu'on retrouve David Arnold à la musique, le compositeur signant pour la troisième fois consécutive la BO d'un James Bond... Le film peut se vanter d'offrir le générique de début le plus hideux et le moins inspiré de la saga avec, il faut bien le dire, une chanson de Madonna tout aussi peut appréciable notamment et surtout parce qu'elle ne reflète pas le style maison.
Par contre, faire de James Bond un captif torturé dans la partie post-générique est plutôt audacieux même si la suite retombe dans les travers inhérents aux films sous la houlette de Pierce Brosnan. Ainsi on constate que les tares des derniers films sont encore persistants, comme les dialogues toujours aussi insipides dont le génie repose sur des jeux de mots toujours aussi subtils (à en regretter Roger Moore !), la musique occulte une fois de plus le thème principal à croire que David Arnold est allergique au thème mythique et si inévitable magnifié par John Barry. L'intrigue s'installe cette fois en Corée du Nord (la Guerre Froide laissant place à d'autres protagonistes) et une belle idée de chirurgie. Le point fort de ce nouvel opus repose sur des méchants qui assurent, entre démence psychopathe et délire patriotique, Toby Stephens et Rick Yune forment un duo qui fonctionne bien. Les deux James Bond Girls sont aussi belles que talentueuses même si elles souffrent de scènes râtées ; par exemple Frost/Pike tombe trop facilement dans les bras de Bond qui, lui-même semble alors bien naïf, où Jinx/Berry (qui nous offre toutefois la plus belle sortie de mer 40 ans après Ursula Andress dans "James Bond contre Dr. No" de Terence Young) qui échappe à des soldats qui semblent aveugles quant à 007 armé juste côté d'eux. Les incohérences dans le scénario sont nombreux (quand un enfant de 11 ans ne peut s'empêcher de commenter ses erreurs c'est plutôt probant !) comme des voitures de luxe qui restent quasi intactes après une chute vertigineuse. Visuellement le film est tout aussi décevant avec des effets spéciaux (images de synthèse en forte augmentation pour un James Bond) médiocres et trop de fonds verts mal intégrés dont un palais des glaces si peu naturels. Lee Tamahori abuse de façon maladroites de ralentis grossiers qui sont si courts et si rares qu'on les remarque sans être convaincus de leur utilité. Ce film, le dernier avec Pierce Brosnan (qui ne le sait pas encore !), se place sans sans sourciller dans les plus mauvais de la saga.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :