Le Terroriste (1963) de Gianfranco De Bosio

par Selenie  -  8 Juillet 2025, 08:30  -  #Critiques de films

Premier long métrage de Gianfranco De Bosio (En savoir plus ICI !) qui est alors pourtant déjà un grand metteur en scène renommé en Italie mais essentiellement au théâtre, mais il est aussi reconnu comme un grand résistant et ce n'est pas anodin puisque le cinéaste va puiser dans son expérience pour raconter une oeuvre de fiction plus vraie que nature. En effet, sous le pseudo "Renato" il aura lutté contre l'occupant nazis et contre ses compatriotes fascistes alors qu'il était sous le commandement de Othello Pighin justement nommé "l'Ingénieur".  Il co-écrit son scénario avec l'aide de Luigi Squarzina qui signera plus tard les histoires de films comme "Identikit" (1974) de Giuseppe Patroni Griffi ou "L'Affaire Mattei" (1972) de Francesco Rosi. Le film est un succès malgré les polémiques (guerres civiles avec les fascistes surtout) et salué par la critique le film reçoit en 1963 le Prix Spécial du Jury au Festival de Venise. Le réalisateur-scénariste reviendra surtout au théâtre, puis à l'opéra mais réalisera peu de films mais on peut citer la fresque biblique "Moïse" (1974)... Venise, 1943, alors que Mussolini est devenu le fantoche de Hitler, et que les alliés sont bloqués au sud de Rom, la Résistance sous l'autorité du Comité de Libération Nationale (CLN) tente de s'entendre malgré les différents courant politique, pour combattre l'occupant nazi et se garder des compatriotes fascistes qui rêvent de reprendre le pouvoir. L'Ingénieur qui organise les attentats contre les nazis est priés de stopper ses actions mais ça crée des tensions entre les représentants des 5 partis politiques que composent le Comité tandis que les allemands préparent les représailles...

L'ingénieur est incarné par Gian Maria Volonte apparu dans "La Fille à la Valise" (1960) de Valerio Zurlini ou "A Cheval sur le Tigre" (1961) de Luigi Comencini et qui va confirmer son aura international avec "Pour une Poignée de Dollars" (1964) et "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) tous deux de Sergio Leone. Citons ensuite la frenchy Anouk Aimée star de "La Dolce Vita" (1960) de Federico Fellini et "Lola" (1961) de Jacques Demy et joue la même année dans "Le Jour le plus Court" (1963) de Sergio Corbucci avec l'autre frenchy Philippe Leroy-Beaulieu remarqué dans "Le Trou" (1960) de Jacques Becker et "Pleins Feux sur l'Assassin" (1961) de Georges Franju et retrouvera plus tard dans "Mon Curé va en Boîte" (1980) de Pasquale Festa Campanile son partenaire Carlo Bagno vu dans "Le Commissaire" (1962) de Luigi Comencini. Citons encore Giulio Bosetti vu dans "Sept Epées pour le Roi" (1962) de Riccardo Freda et plus tard "Le Chevalier à la Rose Rouge" (1966) de Steno dans lequel il retrouvera l'actrice Raffaella Carrà vue dans "Nuits d'Europe" (1959) de Alessandro Blasetti ou "Les Camarades" (1963) de Mario Monicelli, Tino Carraro vu dans "Panique à Gibraltar" (1953) de Duilio Coletti ou "Vénus Impériale" (1962) de Jean Delannoy, José Quaglio vu dans "L'Ange de la Nuit" (1944) de André Berthomieu ou "Le Vicomte de Bragelonne" (1954) de Fernando Cerchio et retrouvera son réalisateur pour "Moïse" (1974), puis enfin Franco Graziosi remarqué dans "les Frères Corses" (1961) de Anton Giulio Majano qui retrouvera Gian Maria Volonté dans "Les Hommes contre" (1970) et "L'Affaire Mattei" (1972) tous deux de Francesco Rosi... Le film débute de façon très clinique, voir trop clinique dans un style à la fois très naturaliste et trop figé ce qui accentue l'effet méticuleux et professionnel de l'Ingénieur/Volonté mais qui engonce toute tentative d'émotion. Le plus perturbant est qu'au début on ne sait pas du tout à quelle époque on se trouve, et on peut presque y voir un film visionnaire sur les Années de Plomb qui vont arriver à la fin des années 60 en Italie. Mais pas du tout, il faut attendre un plan sur un drapeau et sa croix gammée pour soudain comprendre qu'on est dans les semaines qui précèdent la chute définitive de Mussolini.

On est donc dans la lutte armée, en immersion dans les actions contre les occupants nazis et donc, désormais contre le fasciste Mussolini. Le récit se focalise sur deux facettes du réseau résistant, le côté pile et politique où cinq représentants respectifs des partis politiques tentent de s'entendre en secret pour s'organiser et coordonner leurs actions pour libérer l'Italie, puis le côté face des actions violentes sous l'autorité de l'Ingénieur dont la radicalité ne correspond évidemment pas à la dimension politiquement correcte du Comité de Libération Nationale. On pense à une variation italienne du chef d'oeuvre français "L'Armée des Ombres " de Jean-Pierre Melville, toute proportion gardée mais on pense aussi ensuite au cinéma de Francesco Rosi qui est justement plus mobile et plus efficace, moins attentiste dans sa narration. La politique semble un débat constamment stérile, un dialogue de sourd au point où la situation leur échappe, tandis que l'homme de terrain agit même si c'est parfois au prix du sacrifice jusqu'à celui des innocents. La seule séquence qui paraît peu crédible reste la rencontre avec Anouk Aimée... ATTENTION SPOILERS !... vivant dans la clandestinité l'Ingénieur/Volonté rend visite à son épouse/Aimée en faisant croire aux hôtes chez qui elle se cache qu'il n'est qu'un ami du mari, puis enfin ils sont seuls, instants intimes qui durent forcément mais le vieux couples seraient assez naïfs et aveugles pour ne rien voir ni comprendre ?!... FIN SPOILERS !... Gianfranco De Bosio signe passionnant sur les coulisses d'une organisation "terroriste", on apprécie la forme statique et quasi apathique qui fait un parallèle au fond qui repose sur la réflexion, la précision et la qualité des actions menées par l'Ingénieur, mais ça manque un peu de chair et de passion il manque un supplément d'âme pour nous embarquer vraiment.

 

Note :                  

13/20

 

MERCI énorme à Rimini Editions pour ce coffret DVD/BluRay accompagné d'un livret passionnant sur le tournage et le contexte géo-politique. La qualité du support est parfaite grâce à la restauration 4K pour un Noir et Blanc sublime. A conseiller !

 

 

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