6 Underground (2019) de Michael Bay
Premier film siglé Netflix pour le cinéaste spécialiste des blockbusters bourrins comme les "Bad Boys" (1995-2003) , dont il aura eu au moins la bonne idée de laisser "Bad Boys For Life" (2020) de Adil El Arbi et Bilall Falah, puis la saga "Transformers" (2007-2017). Mais il a su aussi changer son fusil d'épaule pour des surprises plutôt bonnes avec "No Pain No gain" (2013) et "13 Hours" (2016), ce qui peut laisser envisager, peut-être, une once d'espoir pour ce nouveau film qui a tout de même obtenu un budget assez colossal de 150 millions de dollars ! L'autre bon point réside dans la qualité des scénaristes, le duo Paul Wernick et Rhett Reese auxquels on doit les scénarios des deux dyptiques "Zombieland" (2009-2019) de Ruben Fleischer et "Deadpool" (2016-2018) de Tim Miller et David Leitch...
Un milliardaire organise sa mort afin de créer ensuite une société secrète d'assassins dont il organise également la mort "officielle" qui a pour but de tuer les pires dictateurs dans le monde... Le film est doté d'un casting solide et international (Netflix veut toucher le plus de monde possible !) mené par la star Ryan Reynolds vu récemment dans "Fast and Furious : Hobbs and Shaw" (2019) de David Leitch avec qui il avait déjà incarné "Deadpool", ceci expliquant cela. Les 6 autres membres "fantômes" sont incarné par la frenchy Mélanie Laurent qui avait déjà jouée une tueuse dans "Requiem pour une Tueuse" (2011) de Jérôme Le Maire et dont on peut rappeler son film en tant que réalisatrice "Galveston" (2018), le mexicain Manuel Garcia-Rulfo vu dans "Les 7 Mercenaires" (2016) de Antoine Fuqua et "Sicario, la Guerre des Cartels" (2018) de Stefano Sollima, le britannique Ben Hardy aperçu dans "X-Men : Apocalypse" (2016) de Bryan Singer, la portoricaine Adria Arjona aperçue dans "Pacific Rim Uprising" (2018) de Steven S. DeKnight et "Triple Frontière" (2019) de J.C. Chandor, puis les américains Corey Hawkins aperçu dans "Blackkklansman" (2018) de Spike Lee et Dave Franco frère de James, en caméo après l'avoir vu dans "Si Beale Street pouvait parler" (2018) de Barry Jenkins... Le film débute avec une jolie séquence aérienne dont on peut savourer les plans et les paysages magnifiques, agrémentés d'une voix Off comme entrée en matière. Une voix Off qui va vite s'avérer superflue au fil du récit. Ensuite on a droit à une course poursuite démente dans les rues de Florence (Italie) qui dure 20mn ! (?!) Mais si elle est démente à bien des égards elle reste un condensé qui regroupe tous les défauts et qualités du film qui vont se confirmer ensuite. Le gros soucis étant que les défauts vont supplanter de loin les qualités. Dans cette course poursuite se mêle ainsi des cascades dantesques, des conduites de véhicules à concurrencer les "Fast and Furious", mais aussi et surtout des effets spéciaux qui oscillent entre bons et pitoyables puis par des faux raccords à nous brûler la rétine !
On pense par exemple à cette voiture verte fluo qui se fait quasi arracher toute l'aile gauche et qui se retrouve comme neuve 30 secondes plus tard. Mais on remarque aussi que cette course poursuite sert également à présenter les membres du groupe via des encarts et incrustations façon cartoon, comme si il s'agissait d'une adaptation d'un comic ou d'une BD. Pourquoi pas, mais alors pourquoi s'arrêter là dans ce style ?! Car ensuite Michael Bay va de plus en plus se focaliser sur un film d'action classique à la dramaturgie convenue. Ces 20 premières minutes offrent donc des passages bluffants mais parasités par d'autres passages ridicules et/ou risibles. La suite est plus sérieuses, notamment dans les scènes de gunfight mais le scénario reste peu intéressant malgré une tentative de créer de la profondeur dans les liens entre les membres du groupe des "fantômes". En cela, la fin est complètement incohérente, notamment Un/le Millionnaire semble surpris d'apprendre que certains de ses "hommes" ont une vie privée alors même qu'il est censé tout savoir sur eux et qu'ils sont logiquement et officiellement mort !? Niveau jeu les acteurs sont tous plutôt bons, à noter que c'est justement la star du film, Ryan Reynolds, qui pêche en jouant une partition qui renvoie trop à ses performances dans "Deadpool" ou "Fast and Furious..."... Un film qui en met plein les yeux dans un rythme effréné mais où il y a trop d'erreurs (faux-raccords énormes, effets numériques pas toujours au point...) pour convaincre pleinement et on ne comprend pas l'écart de style entre le début et le reste. On peut ajouter que le film reste une publicité éhontée et trop voyante pour certaines grandes marques. En conclusion, un film pop corn agaçant par ses 150 millions si mal dépensés, un film sur lequel on passe trop de temps à remarquer les râtés plutôt qu'à s'intéresser à l'histoire.Un film qui sera vite tomber dans les oubliettes déjà bien remplies de Netflix.
Note :