Broken (2012) de Rufus Norris
Adapté du roman de Daniel Clay et mis en scène par Rufus Norris, un premier long métrage pour ce réalisateur plus habitué au théêtre et à l'opéra. Autant dire qu'il a su s'entourer, outre la présence de Tim Roth et de Cillian Murphy le scénariste est Mark O'Rowe auteur de "Boy A" (qui a révélé Andrew Garfield). L'histoire se déroule au sein d'un même quartier de la banlieue londonienne, sorte de microcosme représentatif où se côtoient trois familles. D'un passage à tabac va découler toute une suite d'évènements plus ou moins dramatique. On entend dire que ce film est sur une adolescente et son passage à la vie adulte ; c'est réducteur.
Car tous les personnages ont leur importance, les actes de chacun inflkuent autant sur les autres, de façon directe ou indirecte. Des parents qui tentent d'aider leur fils instable, un père qui aiment aveuglément ses pestes de filles, une ado témoin de tout ce qui l'entoure se retrouve en difficulté comme actrice, elle aussi, du quotidien de son quartier... Le scénario est bien construit, suivant un fil conducteur changeant et sinueux tout en gardant l'oeil directeur de notre ado Skunk (Eloïse Laurence épatante). Le passage à l'âge adulte me semble hors sujet, les ados restent jusqu'au bout des enfants, ils tentent de comprendre, leur insouciance en prend un coup certe mais leur innocence reste maitresse de leur progéniture. Rufus Norris se laisse aller malheureusement à des effets de style (la fin) qui ne colle pas au réalisme fataliste du film. La vraie force du film reste les profils psychologiques de chaques personnages, ces histoires personnelles qui s'imbriquent les unes aux autres avec une tension qui monte très progressivement. Ce n'est donc pas un film sur la perte d'innocence d'une ado mais beaucoup plus un portraits pessimistes d'un petit quartier où la tragédie peut frapper à tout moment, comme un miroir de notre société. Ce grand pessimisme fait que le réalisateur ne lésine pas sur le mélo, mais heureusement avec assez de contrôle pour rester sous l'angle du réalisme social.
Note :