L'homosexualité au cinéma : les pionniers
Suite à mon article "Films militants ou dénonciateurs : homosexualité" du 13 avril dernier j'ai voulu me repencher sur ce thème à la fois récurrent et rare du cinéma.
En effet suite à mes recherches il est évident que le thème de l'homosexualité est aujourd'hui plus présent qu'il y a 50 ans mais qu'il est devenu plus un point important du cahier des charges de la production plutôt qu'un réel sous-genre. En effet les films dont l'homosexualité est un des ingrédients sont innombrables mais les films dont l'homosexualité est le thème principal et le fil conducteur de l'histoire sont beaucoup plus rares.
Sur Wikipédia (homosexualité au cinéma) la liste des films sur l'homosexualité est aussi longue que faussée. Beaucoup des films énoncés sont des films qui parlent d'internat comme "zéro de conduite" (1933) de Jean Vigo, de polar avec "La chasse" (1980) de William Friedkin ou encore d'orgie plus ou moins assumée avec par exemple les films de Pasolini... Des films donc où l'homosexualité n'est qu'un élément du scénario parmi tant d'autres ou encore complètement inventé par certains qui pensent déceler l'homosexualité dans des relations qui ne sont ni plus ni moins que de l'amitié simple.
Le film pionnier est sans doute "Jeunes filles en uniforme". La première version (photo ci-dessus à gauche) de 1931 de Leontine Sagan et la seconde (photo droite) de Géza Von Radvanyi avec Lilli Palmer et Romy Schneider se distingue par un fond plus humaniste dans la version de 1931 et peut-être plus de mélo dans la seconde. Cette histoire d'une jeune fille qui tombe follement amoureuse de son institutrice à l'époque de la guerre 1914-1918 est assez franche pour saluer également la fin pleine de compréhension et de tolérance pas si évident surtout pour la version de 1931 en Allemagne.
Il me semble que le vrai premier film parlant de front de l'homosexualité est un court-métrage de 25 minutes de 1950 réalisé par Jean Genet "Un chant d'amour" (photo ci-dessus). Ce film raconte la relation entre deux prisonniers via un trou entre leurs deux cellules et qui sont épiés par leur gardien. Ce film à la photographie splendide est aussi un film qui a été censuré en France jusqu'en 1975 ; censure due à son propos mais surtout à ses scènes explicites et culottées pour l'époque.
Denys de la Patellière parle avec parcimonie de l'homosexualité dans "Les oeufs de l'autruche" (1957) sur ton de comédie ; un père a des difficultés à comprendre ses fils dont celui qui est passionné de couture et a des moeurs plutôt féminin. ce même père deviendra compréhensif lorsqu'il verra le succès de son fils dans la haute couture ! Entre comédie facile et tolérance superficielle le film tente tout de même de créer une ouverture en prouvant que l'homosexulaité n'est pas une tare.
Les années 50 sont un vivier impressionnant de films souvent cités pour leurs scènes gay plus ou moins explicites ; les plus cités étant "Ben-Hur" ou "Certains l'aiment chaud" mais si on considère le premier comme une simple amitié viril entre Ben-Hur et Messala et le second comme un simple travestissement de circonstance (ce qu'il est la fin n'étant qu'un trait d'humour) il est clair que ce ne sont pas de vrais films sur l'homosexualité et que ses films prouvent surtout qu'il est facile d'extrapoler sur tout et n'importe quoi.
Les années 60 débutent avec un "faux" film sur la question en mettant en exergue la facilité de créer une rumeur sans fondement et surtout les difficultés que cela peut engendrer surtout en 1961 avec "La rumeur" de Wyllima Wyller ; deux institutrices jouées par Shirley MacLaine et Audrey Hepburn sont soupçonnées (accusées ?!) d'être lesbienne suite à une rumeur lancée par une des élève après avoir été punie. L'homosexualité est ici montrée comme un handicap certain dans une société puritaine et intolérante que ce soit d'ailleurs sur le fondement ou non de cette rumeur.
"Les amitiés particulières" (1964) de Jean Delannoy est une oeuvre d'importance dans l'histoire de l'homosexualité au cinéma. Ce film est sans doute avec celui de Genet qui est un des premiers a être sans équivoque. L'histoire triangulaire entre trois jeunes adolescents dans un internat catholique dans les années 20. Le film fut interdit aux moins de 18 ans à sa sortie au cinéma.
L'autre film emblématique de cette décennie est sans aucun doute "Persona" (1966) de Ingmar Bergman avec ses actrices fétiches Bibi Anderson et Liv Ullman. Le film raconte la relation très ambigüe entre une actrice plongée dans le mutisme et son infirmière et une fin quasi inverse. La ressemblance physique des deux actrices accentue la superposition psychologique des deux personnages.
Les années 60 se terminent par un film culte considéré par beaucoup comme un des piliers du cinéma homosexuel alors qu'en fait il en est rien ! "Macadam Cow-boy" (1969) de John Schlesinger et avec Dustin Hoffman et Jon Voight n'est pas un film sur l'homosexualité !
Le film est avant tout une histoire d'amitié simple entre deux marginaux dont l'un (joué par Jon Voight) se prostitue ; ce dernier se prostitue aussi bien auprès des femmes que des hommes et au final il est clair que cet état de chose n'est qu'un des paramètres du scénario et que la préférence du personnage est tout de même l'hétérosexualité.
Luchino Visconti réalise "Mort à Venise" (1971) un film sur l'homosexualité qu'on pourrait qualifié de platonique. L'histoire d'un musicien (joué par un génial Dirk Bogarde) se passionne pour un jeune éphèbe, l'admirant, l'épiant il n'aura jamais le courage de lui parler. Ce film est un hymne à la beauté et une réflexion sur le désir.
En France arrive coup sur coup deux point de vue totalement différents. "La meilleur façon de marcher" (1975) de Claude Miller. Dans une colonie de vacance un moniteur macho (Patrick Bouchitey), après un concours de circonstance, soupçonne un de ses collègues (Patrick Dewaere) d'être homosexuel s'en suit une relation ambigüe et malsaine ; le film partant d'un malentendu distille aussi le doute chez le spectateur et n'oublie pas une hypothèse, celle que le comportement du premier est peut-être aussi la frustration et le complexe d'un gay refoulé que les codes sociaux de l'époque ont transformé en machiste viril... A méditer...
L'autre film est évidemment le cultissime "La cage aux folles" (1978) de Edouard Molinaro. Zaza (Serrault) et Simone (Tognazzi) forment un couple homosexuel qui tiennent un cabaret où le travestissement est de mise. Les disputes se font plus nombreuses au moment où le fils de Simone vient leur présenter sa fiancée et ses parents conservateurs. Le film est d'abord une comédie burlesque qui repose sur la caricature appuyée des gays. Malgré les médisants ce film est un must, malgré une caricature excessive le film montre aussi un côté frivole, drôle et humain de l'homosexuel que le rire démocratise plus facilement qu'une quelconque leçon de morale. Le succès du film est aussi le point de départ d'une ouverture au monde plus facile dans l'hexagone.
Pour finir les pionniers je terminerais par Pier Paolo Pasolini. Beaucoup se diront mais pourquoi aucun de ses films n'a été cité. Tout simplement parce que je considère que Pasolini n'a pas réalisé de films ayant comme thème principal l'homosexualité. Beaucoup de ses films ont des scènes de sexe homosexuelles, des relations gay mais toujours alliées à la bisexualité. Par exemple dans "Les mille et une nuits" (1974) ou dans "Le decameron" (1971) il s'agit surtout de plusieurs parties constituant une sorte de puzzle. Dans "Theoreme" (1968) le visiteur (Terence Stamp) séduit le père et le fils mais aussi la mère et la fille... Cependant Pasolini est sans conteste un des cinéaste qui a osé et permis à l'homosexualité de sortir du placard.
En effet suite à mes recherches il est évident que le thème de l'homosexualité est aujourd'hui plus présent qu'il y a 50 ans mais qu'il est devenu plus un point important du cahier des charges de la production plutôt qu'un réel sous-genre. En effet les films dont l'homosexualité est un des ingrédients sont innombrables mais les films dont l'homosexualité est le thème principal et le fil conducteur de l'histoire sont beaucoup plus rares.
Sur Wikipédia (homosexualité au cinéma) la liste des films sur l'homosexualité est aussi longue que faussée. Beaucoup des films énoncés sont des films qui parlent d'internat comme "zéro de conduite" (1933) de Jean Vigo, de polar avec "La chasse" (1980) de William Friedkin ou encore d'orgie plus ou moins assumée avec par exemple les films de Pasolini... Des films donc où l'homosexualité n'est qu'un élément du scénario parmi tant d'autres ou encore complètement inventé par certains qui pensent déceler l'homosexualité dans des relations qui ne sont ni plus ni moins que de l'amitié simple.
Le film pionnier est sans doute "Jeunes filles en uniforme". La première version (photo ci-dessus à gauche) de 1931 de Leontine Sagan et la seconde (photo droite) de Géza Von Radvanyi avec Lilli Palmer et Romy Schneider se distingue par un fond plus humaniste dans la version de 1931 et peut-être plus de mélo dans la seconde. Cette histoire d'une jeune fille qui tombe follement amoureuse de son institutrice à l'époque de la guerre 1914-1918 est assez franche pour saluer également la fin pleine de compréhension et de tolérance pas si évident surtout pour la version de 1931 en Allemagne.
Il me semble que le vrai premier film parlant de front de l'homosexualité est un court-métrage de 25 minutes de 1950 réalisé par Jean Genet "Un chant d'amour" (photo ci-dessus). Ce film raconte la relation entre deux prisonniers via un trou entre leurs deux cellules et qui sont épiés par leur gardien. Ce film à la photographie splendide est aussi un film qui a été censuré en France jusqu'en 1975 ; censure due à son propos mais surtout à ses scènes explicites et culottées pour l'époque.
Denys de la Patellière parle avec parcimonie de l'homosexualité dans "Les oeufs de l'autruche" (1957) sur ton de comédie ; un père a des difficultés à comprendre ses fils dont celui qui est passionné de couture et a des moeurs plutôt féminin. ce même père deviendra compréhensif lorsqu'il verra le succès de son fils dans la haute couture ! Entre comédie facile et tolérance superficielle le film tente tout de même de créer une ouverture en prouvant que l'homosexulaité n'est pas une tare.
Les années 50 sont un vivier impressionnant de films souvent cités pour leurs scènes gay plus ou moins explicites ; les plus cités étant "Ben-Hur" ou "Certains l'aiment chaud" mais si on considère le premier comme une simple amitié viril entre Ben-Hur et Messala et le second comme un simple travestissement de circonstance (ce qu'il est la fin n'étant qu'un trait d'humour) il est clair que ce ne sont pas de vrais films sur l'homosexualité et que ses films prouvent surtout qu'il est facile d'extrapoler sur tout et n'importe quoi.
Les années 60 débutent avec un "faux" film sur la question en mettant en exergue la facilité de créer une rumeur sans fondement et surtout les difficultés que cela peut engendrer surtout en 1961 avec "La rumeur" de Wyllima Wyller ; deux institutrices jouées par Shirley MacLaine et Audrey Hepburn sont soupçonnées (accusées ?!) d'être lesbienne suite à une rumeur lancée par une des élève après avoir été punie. L'homosexualité est ici montrée comme un handicap certain dans une société puritaine et intolérante que ce soit d'ailleurs sur le fondement ou non de cette rumeur.
"Les amitiés particulières" (1964) de Jean Delannoy est une oeuvre d'importance dans l'histoire de l'homosexualité au cinéma. Ce film est sans doute avec celui de Genet qui est un des premiers a être sans équivoque. L'histoire triangulaire entre trois jeunes adolescents dans un internat catholique dans les années 20. Le film fut interdit aux moins de 18 ans à sa sortie au cinéma.
L'autre film emblématique de cette décennie est sans aucun doute "Persona" (1966) de Ingmar Bergman avec ses actrices fétiches Bibi Anderson et Liv Ullman. Le film raconte la relation très ambigüe entre une actrice plongée dans le mutisme et son infirmière et une fin quasi inverse. La ressemblance physique des deux actrices accentue la superposition psychologique des deux personnages.
Les années 60 se terminent par un film culte considéré par beaucoup comme un des piliers du cinéma homosexuel alors qu'en fait il en est rien ! "Macadam Cow-boy" (1969) de John Schlesinger et avec Dustin Hoffman et Jon Voight n'est pas un film sur l'homosexualité !
Le film est avant tout une histoire d'amitié simple entre deux marginaux dont l'un (joué par Jon Voight) se prostitue ; ce dernier se prostitue aussi bien auprès des femmes que des hommes et au final il est clair que cet état de chose n'est qu'un des paramètres du scénario et que la préférence du personnage est tout de même l'hétérosexualité.
Luchino Visconti réalise "Mort à Venise" (1971) un film sur l'homosexualité qu'on pourrait qualifié de platonique. L'histoire d'un musicien (joué par un génial Dirk Bogarde) se passionne pour un jeune éphèbe, l'admirant, l'épiant il n'aura jamais le courage de lui parler. Ce film est un hymne à la beauté et une réflexion sur le désir.
En France arrive coup sur coup deux point de vue totalement différents. "La meilleur façon de marcher" (1975) de Claude Miller. Dans une colonie de vacance un moniteur macho (Patrick Bouchitey), après un concours de circonstance, soupçonne un de ses collègues (Patrick Dewaere) d'être homosexuel s'en suit une relation ambigüe et malsaine ; le film partant d'un malentendu distille aussi le doute chez le spectateur et n'oublie pas une hypothèse, celle que le comportement du premier est peut-être aussi la frustration et le complexe d'un gay refoulé que les codes sociaux de l'époque ont transformé en machiste viril... A méditer...
L'autre film est évidemment le cultissime "La cage aux folles" (1978) de Edouard Molinaro. Zaza (Serrault) et Simone (Tognazzi) forment un couple homosexuel qui tiennent un cabaret où le travestissement est de mise. Les disputes se font plus nombreuses au moment où le fils de Simone vient leur présenter sa fiancée et ses parents conservateurs. Le film est d'abord une comédie burlesque qui repose sur la caricature appuyée des gays. Malgré les médisants ce film est un must, malgré une caricature excessive le film montre aussi un côté frivole, drôle et humain de l'homosexuel que le rire démocratise plus facilement qu'une quelconque leçon de morale. Le succès du film est aussi le point de départ d'une ouverture au monde plus facile dans l'hexagone.
Pour finir les pionniers je terminerais par Pier Paolo Pasolini. Beaucoup se diront mais pourquoi aucun de ses films n'a été cité. Tout simplement parce que je considère que Pasolini n'a pas réalisé de films ayant comme thème principal l'homosexualité. Beaucoup de ses films ont des scènes de sexe homosexuelles, des relations gay mais toujours alliées à la bisexualité. Par exemple dans "Les mille et une nuits" (1974) ou dans "Le decameron" (1971) il s'agit surtout de plusieurs parties constituant une sorte de puzzle. Dans "Theoreme" (1968) le visiteur (Terence Stamp) séduit le père et le fils mais aussi la mère et la fille... Cependant Pasolini est sans conteste un des cinéaste qui a osé et permis à l'homosexualité de sortir du placard.
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