Le Dernier des Mohicans (1992) de Michael Mann
Énième adaptation du célèbre roman éponyme (1826) de James Fenimore Cooper que le réalisateur signe entre "L.A. Takedown" (1989) et son auto-remake "Heat" (1995). Le roman a déjà été adapté plusieurs fois depuis le premier film en 1911. Pour les plus connus citons les versions de Clarence Brown et Maurice Tourneur en 1920, George B. Seitz en 1936 et James L. Conway en 1977... Mais la meilleure adaptation est bien ce superbe film de Michael Mann... L'histoire suit un mohican accompagné de son fils et de son fils blanc adoptif qui sont pris malgré eux dans la guerre coloniale entre les français (alliés à la plupart des tribus indiennes) contre les anglais (et leurs alliés iroquois) qui se déroulait entre 1754 et 1760. On se situe en 1757 avec en toile de fond les évènements autour du siège du Fort William Henry.
Le héros est Oeil-de-Faucon interprété par l'immense Daniel Day Lewis (le plus grand acteur du monde soit dit en passant !), fils adoptif de Chingachgook joué par Russell Means (Lakota leader amérindien pour leurs droits civiques et territoriaux) dans son premier rôle au cinéma et qu'on reverra entre autres dans "Tueurs Nés" (1994) de Oliver Stone. Le second fils est Uncas, joué par Eric Schweig (acteur inuit/Obijwe). Au casting notons que Montcalm est joué par le réalisateur français Patrice Chéreau, qui réalisera "La Reine Margot" (1993) juste après. Le méchant de l'histoire est Magua, interprété par Wes Studi (acteur cherokee) qui venait de jouer dans "Danse avec les loups" (1990) de Kevin Costner, qui sera le héros titre de "Géronimo" (1993) de Walter Hill, avant de retrouver Michael Mann pour "Heat". Tandis que la belle du film est jouée par Madeleine Stowe. Nous remarquerons l'acteur Pete Postlethwaite dans un petit rôle, qui retrouvera Daniel Day Lewis dans le chef d'oeuvre "Au nom du Père" (1993) de Jim Sheridan pour un rôle beaucoup plus conséquent... Exemple typique de la petite histoire fictive qui s'intègre à la grande Histoire, il s'agit d'un film d'aventure qui mixte tous les ingrédients qui font de ce film la quintessence du genre. La reconstitution d'époque est magnifique, le soin apporté aux costumes est fantastique, le travail sur les personnages excellent avec des acteurs qui offrent des performances fortes. Michael Mann impose un rythme soutenu sans en perdre pour autant les émotions, bien aidé en cela par la musique. D'abord composée par Trevor Jones, il fut remplacé par Randy Edelman suite à des désaccords, ce qui paradoxalement donne au final une BO prodigieuse, d'une envolée lyrique qui donne le frisson. Une des plus belles musiques de films qui colle idéalement à cet ensemble d'émotion qui nous envahit notamment dans la dernière partie. Deux (tout) petits bémols tout de même, la relation un poil ambigue et un peu trop speed, surtout peu utile, entre Uncas et la petite soeur Alice Munro, ainsi que cette scène où nos trois héros se sauvent en laissant les deux soeurs et l'anglais se faire prisonniers. Pourquoi ne sautent-ils pas aussi ?! Mais l'osmose de l'ensemble, l'action trépidante et cette immersion rêvée nous comblent assez pour passer outre. En prime les merveilleux décors de Chimney Rock Park (montagnes forestières de Caroline du Nord). Un énième grand film pour Michael Mann.
Note :