Conan le barbare (1982) de John Milius
Adapté librement de la saga de l'Âge hyborien, récits de Robert E. Howard, ce projet a d'abord été lancé par le producteur Edward R. Pressman qui a demandé au jeune Oliver Stone (qui vient de signer l'excellent "Midnight Express" en 1978 de Alan Parker et qui n'est pas encore le réalisateur de "Platoon" en 1987 et "JFK" en 1991) d'écrire le scénario. Mais n'ayant pas les finances nécessaires Pressman se retrouve dans l'obligation de travaillé avec un autre producteur, le nabab Dino De Laurentiis qui choisit John Milius pour reprendre le projet à son compte. Milius est alors le réalisateur de "Dillinger" (1973) et "Le Lion et le Vent" (1975), mais surtout il est surtout un des meilleurs scénaristes de sa génération avec "L'Inspecteur Harry" (1971) de Don Siegel, "Jeremiah Johnson" (1973) de Sydney Pollack, "Les Dents de la Mer" (1975) de Steven Spielberg et "Apocalypse Now" (1979) de F.F. Coppola. Milius reprend le scénario de Oliver Stone et en modifie largement la teneur. On suit donc un jeune orphelin qui va devenir en grandissant un barbare à la force herculéenne qui va se venger d'une secte, ceux qui ont assassiné ses parents.
Le rôle-titre est tenu par un quasi inconnu, Arnold Schwarzenegger qui trouve ici son premier rôle principal depuis son premier long métrage au titre prédestiné, "Hercule à New-York" (1969) de Arthur Allan Seidelman. Il est entouré de seconds rôles inexistants à l'exception notable de James Earl Jones alors connu pour être la voix mythique d'un certain Dark Vador et du géant Max Von Sidow, mythique chevalier dans "Le Septième Sceau" (1957) de Ingmar Bergman qui est ici un roi fantoche. L'arrivée de Laurentiis sur le projet libère un budget plus conséquent, en témoigne alors la qualité de l'équipe technique dont la présence de Ron Cobb, chef décorateur réputé ayant auparavant travaillé sur "La Guerre des Etoiles" (1977) de George Lucas, "Alien" (1979) de Ridley Scott, et qui sera un fidèle de James Cameron par la suite. On salue également la qualité de la musique, épique idéal pour le genre Fantasy, signée de Basil Poledouris qui deviendra un fidèle de Paul Verhoeven notamment sur "La Chair et le Sang" (1984) et "Starship Troopers" (1997)... Malheureusement malgré une équipe talentueuse force est de constater que John Milius signe un mauvais film, un nanard de luxe qui est clairement sur-estimé, sans doute dû au prestige et de la postérité de Schwazy et d'un certaine nostalgie.
Tout de même ! Arnold Schwarzenegger est sans conteste l'acteur dont le talent est aussi bas que son aura dans le star-system est élevé. Jeu aussi inexpressif qu'un robot, amusant d'ailleurs puisque son meilleur rôle encore aujourd'hui sera celui d'un "Terminator" ! Mais la qualité du film ne repose pas uniquement sur lui... Dialogues creux et ineptes, scénario basique et sans ambition, Voix Off solennellement grotesque, et surtout le film véhicule des propos et des images d'un vide intersidéral, d'une profondeur primaire qui frôle la bêtise simpliste (culte de la force, haine et individualisme, la loi du plus fort...). Dans l'évolution du récit on peut aussi déplorer un rythme trop découpé, comme une succession de court-métrage, séparé par acte thématique (jeunesse et massacre, gladiateur et apprentissage, amitié viril et quête...). Luxure, violence et appât du gain, la trilogie primaire à l'image d'un film qui l'est tout autant sur tous les fronts. L'humour n'est jamais recherché, il est présent mais à l'insu du plein gré de la production. Avec un réel désire d'auto-dérision peut-être en aurait-il été différent...
Note :