Barry Seal : American Traffic (2017) de Doug Liman
Ce film est d'abord le projet d'un scénariste inconnu, dont le seul titre de gloire est d'avoir signé "Piégés" (2012) de Eduardo Rodriguez avec Dolph Lundgren. En effet, après avoir vu "Argo" (2012) de et avec Ben Affleck, Gary Spinelli s'est penché sur plusieurs scandales contemporains de cette époque et est tombé sur l'affaire Iran-Contra (en savoir plus ICI) et, par ricochet, sur le destin hors norme d'un certain Barry Seal (pour en savoir plus ICI !). Si au départ c'est Ron Howard ("Willow" en 1988, "Rush" en 2013) qui était attaché au projet c'est bien Doug Liman ("Go" en 1998, "La Mémoire dans la Peau" en 2002, "The Wall" en 2017) qui réalise le film, l'ironie veuille que son père, Arthur L. Liman ait participé à l'enquête sur l'affaire Iran-Contra ! De surcroît, ce choix aide assurément pour avoir la méga star Tom Cruise dans le rôle titre après avoir tourné ensemble le très bon "Edge of Tomorrow" (2014) en attendant le suite prévue pour 2018...
Au casting pas de très grands noms, à l'exception peut-être de Domhnall Gleeson (en ce moment dans "Mother !" de Darren Aronofsky) dans un rôle savoureux d'agent du F.B.I. tandis que madame Seal est interprétée par l'inconnue Sarah Wright (aperçue dans "Blackout Total" en 2014 de Steven Brill). Plus anecdotique, on notera que l'acteur colombien qui incarne Pablo Escobar, Mauricio Mejia, avait déjà joué le patron du Cartle de Medellin dans deux séries, "La Viuda Negra" en 2014 et "El Chapo" en 2017... Le sujet en lui-même est omniprésent au cinéma notamment hollywoodien (les agents plus ou moins infiltrés qui se retrouvent les fesses entre deux chaises, le plus souvent dans les années 70-80), et d'ailleurs on pense fortement au récent "Infiltrator" (2016) de Brad Furman où le personnage Barry Seal apparait sous les traits de l'acteur Michael Paré. Barry Seal, ou comment un pilote de ligne lambda est recruté par la C.I.A. avant de travailler également pour le Cartle de Medellin et en ayant en parallèle des services comme le F.B.I. et l'A.T.P. aux trousses.
Une histoire rocambolesque mais incroyablement vraie ! Pour la documentation l'équipe a pu compter sur Debbie Seal, la propre épouse de Barry. Le scénario reste assez classique mais parfaitement efficace au vu des faits relatés. Moins sérieux que la plupart des films du genre, Doug Liman distille une bonne dose de légèreté qui colle finalement bien à la personnalité extravagante de Barry Seal. En effet, dépassé par les évènements, porté par le succès et son bagou Barry Seal a dû descendre de haut quand il a compris que rêve devait s'arrêter un jour. Une légèreté de ton qui ne tombe heureusement pas dans la comédie pure et qui, bien dosé, permet également un retour à la réalité et donc à une dramaturgie certaine dans ce genre d'affaire. Liman a pu compter sur un chef opérateur talentueux, César Charlone, connu notamment pour son travail sur le chef d'oeuvre "La Cité de Dieu" (2002) de Fernando Meirelles. On passe des couleurs lumineuses et optimistes à des tons plus sombres et à un grain plus appuyé vers la fin du film. Si ce genre de film a atteint des sommets avec les films de Scorcese, Ridley Scott et Michael Mann, celui-ci reste un très bon film même si il manque la virtuosité de ces derniers. Doug Liman signe un film divertissant autant que passionnant avec un Tom Cruise en pleine forme en mode "chemise à fleur" qui, mine de rien, le change de ses rôles d'Action Man de ces dernières années.
Note :