El Dorado (1966) de Howard Hawks.
Howard Hawks semble vouloir terminer sa carrière tranquillement... Mais beaucoup pensent à tort que Hawks s'est tout bonnement reposé sur son chef d'oeuvre "Rio Bravo" pour en tirer une variation, surtout qu'il semblera faire de même avec son dernier film "Rio Lobo" (1970). Ce qui est faux. Néanmoins pour ce faire Hawks, également producteur, s'entoure d'une équipe de fidèles dont sa scénariste Leigh Brackett, qui avait déjà écrit "Le Grand Sommeil" (1946) et qui est de quasi tous ses films depuis "Rio Bravo". Hawks retrouve John Wayne après "La Rivière Rouge" (1948), "Hatari !" (1962) et "Rio Bravo" (1959) et pour lui faire face, un autre monstre sacré, Robert Mitchum qui n'avait jamais tourné pour Hawks et qui n'avait que croisé Wayne dans la superproduction "Le Jour le plus Long" (1962) produit par Darryl F. Zanuck. Hawks retrouve également James Caan qu'il venait de faire tourner dans "Ligne Rouge 7000" (1965), comme la jolie Michele Carey déjà vue également dans le savoureux "Le Sport favori de l'Homme" (1964).
On reconnait également quelques "gueules" du western avec Arthur Hunnicut déjà dans "La Captive aux yeux Clairs" (1952) de Hawks, et Christopher George qui retrouvera John Wayne dans "Chisum" (1970) de Andrew V. Mc Laglen, "Les Voleurs de Train" (1973) de Burt Kennedy et "Le Dernier des Géants" (1976) de Don Siegel. En prime, outre Michele Carey (rien à voir avec Harry Carey Jr ami de Wayne et fidèle de John Ford), l'autre atout charme est dévolu à la belle Charlene Holt. Pour en revenir au projet, si l'histoire est si similaire à "Rio Bravo" c'est d'abord une volonté de Hawks d'approfondir son exploration de l'archétype du genre se servant pourtant d'un matériau d'origine bien différent. En effet "El Dorado" est d'abord l'adaptation d'un roman, "The Stars in their Courses" (1960) de Harry Brown, mais comme le dit Hawks lui-même dans Combat de juillet 1967 : "il y avait beaucoup de choses que je voulais mettre dans "Rio Bravo" et je n'ai pas pu le faire par manque de place."... Hawks se sert donc de cette nouvelle histoire pour "fignoler" ses idées et nous servir un second opus qui va finir par faire une trilogie thématique rassemblant des paramètres types du western.
Wayne reprend plus ou moins son rôle, Mitchum prend la place de l'alcoolique à la place de Dean Martin, le vieux roublard est joué par Hunnycutt à la place de Walter Brenna et Caan joue le jeune à la place Ricky Nelson. D'ailleurs si Nelson chantait , Caan lui déclame de la poésie dont le texte est inspiré de Edgar Allan Poe est traduit par Stéphane Mallarmé ! Si la trame semble très similaire il y a pourtant de nombreuses différences. Les femmes minaudent moins mais sont aussi un peu plus effacées, les méchants sont moins "invisibles", la musique a beaucoup moins d'importance, le handicap des hommes est beaucoup plus visible et l'humour s'il est toujours présent est parfois un peu plus maladroit. Dans la forme la perfection de "Rio Bravo" dépasse de loin les petites imperfections de "El Dorado". Par exemple Hunnycutt ne vaut certainement pas l'estropié Walter Brennan tandis qu'une scène comme "le chinois" par Caan frôle le ridicule. Par contre on apprécie l'entente qui se ressent notamment entre Wayne-Mitchum et Wayne-Caan. Néanmoins ce film reste efficace et particulièrement solide même si, en 1966, ce genre de western n'est plus tellement à sa place par son classicisme (westerns crépusculaires et westerns spaghettis mènent déjà le bal !).
Note :