Le Festin de Babette (1987) de Gabriel Axel.

par Selenie  -  21 Mai 2018, 08:56  -  #Critiques de films

Une production danoise qui met à l'honneur la gastronomie française sur un projet qui aura mis 14 ans à voir le jour. En effet, le réalisateur Gabriel Axel a dû batailler longtemps avant que des producteurs ne croient en son projet d'adapter une nouvelle extraite du recueil "Anecdotes du Destin" (1958) de Karen Blixen, auteure connue mondialement pour son autobiographie "Out Of Africa" (1937) porté sur grand écran (1985) par Sydney Pollack avec Robert Redford et Meryl Streep...

Au casting que des acteurs danois méconnus à l'exception notable de l'actrice suédoise fidèle du réalisateur Ingmar Bergman, Bibi Andersson dans un de ses derniers rôles et surtout, dans le rôle titre, la française Stéphane Audran (un autre français se trouve au casting, Jean-Philippe Lafont dans un petit rôle). Précisons que l'actrice était alors sur le déclin après avoir divorcé du réalisateur Claude Chabrol, ironie du sort, le cinéaste danois la désirait après l'avoir remarquée dans des films de Chabrol... L'histoire se lit sur deux niveaux, d'abord le destin d'une petite communauté puritaine isolée et qui vit sous le souvenir d'un pasteur dont les (vieilles) filles sont les garantes. Ensuite le destin de Babette, française exilée pour fuir les évènements de la Commune à Paris (1871). Le film débute il y a plusieurs années, quand les filles du pasteur étaient courtisées, on arrive ensuite à l'arrivée de Babette jusqu'à son festin final qu'après 14 ans d'exil la cuisinière se propose d'offrir. Les producteurs se sont donnés les moyens, par exemple avec l'emploi d'un grand chef cuisinier danois Jan Cocotte-Pedersen pour mijoter menu et plats (pour un festin "à la française" ?!), et même des robes signées Karl Lagerfeld pour Babette/Stéphane Audran... Mais, ce qui peut paraitre surprenant, le cinéaste fait le choix d'atténuer dans son film la critique envers le rigorisme luthérien pour accentuer l'importance du dîner. Un dîner dont Karen Blixen ne donnait que les ingrédients occultant les recettes qui furent donc créées spécialement pour le film.

Un dîner qui va devenir une messe épicurienne qui va réunir la petite communauté malgré les rancoeurs et les rivalités que des années en quasi autarcie ont nourri. Une belle reconstitution qui montre bien l'isolement et le climat difficile du village, la modestie financière de ses habitants en adéquation avec la mise en scène qui reste sobre et proche de ses personnages qui vivent quasi en huis clos. On peut regretter une première partie qui résume trop brièvement des idylles qui auront pourtant une grande importance ensuite. Un film d'une humanité qui fait chaud au coeur même si on regrette aussi que la critique religieuse soit arasée. Un festin qui donne en tous cas l'eau à la bouche, avec un menu devenu un classique internationalement connu, notamment grâce au succès du film qui obtiendra l'Oscar du meilleur film étranger.

 

Note :            

15/20

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