Escobar (2018) de Fernando Leon de Aranoa.
Pablo Escobar, (tout savoir ICI !), tristement connu pour avoir été le plus gros parrain narco-trafiquant des années 80-90 n'arrête pas d'inspirer... Après une apparition dans "Blow" (2001) de Ted Demme, il semble que le cinéma y revient plus fortement après "Paradise Lost" (2014) de Andrea Di Stefano (incarné par Benicio Del Toro) et plus récemment et moins directement dans "Infiltrator" (2015) de Brad Furman. Cette fois, il s'agit d'offrir un nouveau point de vue en adaptant le livre "Amando a Pablo, odiando a Escobar" (2007 - en français on pourrait traduire par "Aimer Pablo, haïr Escobar") de la journaliste Virginia Vallejo qui raconte sa relation amoureuse avec le caïd qui dura cinq années.
Une approche qu'apprécie particulièrement l'acteur Javier Bardem qui a accepté ce film après avoir déjà été approché pour d'autres films auparavant. Le film lui tenait à cœur au point d'en être co-producteur. Il retrouve pour l'occasion le réalisateur Fernando Leon de Aranoa après "Les Lundis au Soleil" (2001), réalisateur qui a signé aussi récemment "A Perfect Day, un jour comme un autre" (2016) avec Benicio Del Toro. Bardem retrouve aussi son épouse à la ville, Penelope Cruz pour leur 6ème film ensemble depuis "Jambon Jambon" (1992) de Bigas Luna jusqu'au prochain "Everybody Knows" (2018) de Asghar Farhadi en passant par un film où ils avaient déjà exploré le monde des narco-trafiquants avec "Cartel" (2013) de Ridley Scott. Au casting les deux stars ont pour partenaire Peter Sarsgaard, qui fut choisi par Bardem lui-même et qui retrouve ainsi Penelope Cruz après "Lovers" (2009) de Isabel Coixet. A noter que la belle épouse de Escobar est incarnée par l'actrice colombienne Julieth Estrepo, née en 1986 à Medellin ! Plus anecdotique, précisons qu'à la production on retrouve le nom d'un certain Dany Boon... Le but est donc de faire un biopic de Escobar mais via le regard de Virginia Vallejo (exfiltrée depuis par la DEA américaine vivant aujourd'hui en réfugiée politique à Miami), que son interprète Penelope Cruz n'a pas rencontré mais dont elle a étudié 800 pages d'interview et dont elle dit : "Virginia a aidé Pablo à prendre conscience de l'influence qu'il pouvait exercer sur le peuple colombien.". En parallèle, Javier Bardem avoue avoir puisé son inspiration grâce à l'animal favori de Escobar, l’hippopotame (!) qu'il explique ainsi : "Pensez au rythme d'un hippopotame : quand on le voit marcher, on le trouve assez lent. Il n'a pas vraiment l'air d'un animal féroce... Mais en réalité c'est un tueur. Et je pense que c'est pour ça que c'était l'animal préféré de Pablo. C'est parce qu'il était comme ça, lui aussi. Extérieurement, il n'avait pas l'air de quelqu'un de menaçant. Il marchait assez lentement, et tout d'un coup, il était capable de se transformer en véritable monstre. C'est vraiment cette énergie physique qu'il dégage."... Rien à dire, les deux acteurs offrent une jolie performance dont Bardem particulièrement terrifiant. Mais, malheureusement il manque la dimension centrale du récit,à savoir la relation amoureuse qui dura 5 ans.
En effet, le film se déroule de 1981 à 1993 tandis que l'histoire d'amour se passe entre 1983 et 1987. Outre les ellipses de temps, ce qui nous est montré de cette relation est minime pour ne pas dire juste anecdotique, résumé à deux dîner en tête à tête et deux quick sex qui sont 4 moments inintéressants de surcroît ! Un peu court pour étoffer un temps soit peu leur relation et comprendre l'importance de Virginia Vallejo dans l'univers de Escobar et, surtout, pouvoir asseoir correctement le fait qu'elle ait pu en savoir autant. Rien dans le film nous montre une intimité suffisante et nécessaire... Et c'est bien dommage, car le film qui est tourné en Colombie, a une réelle puissance dramatique, Bardem impose un colosse en soif de "respect", tandis que le parcours entre 81 et 93 est écrit dans une belle densité (à l'exception de la relation amoureuse) même si sur la forme on reste dans un film plutôt académique.
Note :