Fight Club (1999) de David Fincher
Chef d'oeuvre et film culte, ce film adapté du roman éponyme (1996) de Chuck Palahniuk a été pourtant reçu fraîchement à l'époque et son succès au box-office fut plutôt mitigé. Mais c'était avant... C'est le réalisateur David Fincher qui fut choisi par les producteurs grâce à son enthousiasme, mais on peut se douter que ses débuts de carrière tonitruants ont également pesé avec trois premiers films pour trois chefs d'oeuvre avec "Alien 3" (1992), "Seven" (1995) et "The Game" (1997). Le cinéaste a travaillé en étroite collaboration avec son scénariste Jim Uhls pour un résultat qui semble particulièrement fidèle au roman d'après l'auteur lui-même qui précise sur son oeuvre : "Nous sommes des êtres physiques, qui avons oublié les plaisirs de l'animalité. Nous étouffons à l'intérieur d'un monde virtuel et irréel, et nous ignorons nos propres capacités de survie faute de les mettre à l'épreuve."... On suit donc un homme bureaucrate qui vit métro-boulot sans dodo car insomniaque, il rencontre Tyler Durden avec qui il revit en montant un club de combat. En quelque sorte on pense à "Chute Libre" (1993) de Joel Schumacher pour le burn-out mais aussi à "Trainspotting" (1996) de Danny Boyle pour le conflit entre nouvelle génération et la société de consommation mais, cette fois, la boxe remplace la drogue.
Le "héros", qui est aussi le narrateur, est interprété par Edward Norton qui venait de cartonner avec "American History X" (1998) de Tony Kaye, tandis que le charismatique Tyler Durden est incarné par Brad Pitt qui était déjà dans "Seven". L'autre rôle principal est dévolue à Helena Bonham-Carter qui, bien que tournant depuis "Chambre avec Vue" (1986) de James Ivory, verra sa carrière exploser après ce film. A leurs côtés on voit aussi le rocker Meat Loaf un habitué des seconds rôles depuis "The Rocky Horror picture Show" (1976) de Jim Sharman, ainsi que le jeune Jared Leto qui passera surtout un cap peu de temps après avec l'autre chef d'oeuvre "Requiem for a Dream" (2000) de Darren Aronofsky. Norton et Pitt se sont entrainés à des sports de combat, et tandis que Norton perdait du poids Pitt prenait du muscle afin de montrer que plus le "héros" va mal plus Tyler Durden se porte bien. Où comment un homme peut idéaliser un autre jusqu'au fantasme... Pour l'anecdote, Brad Pitt s'est si investi qu'il a demandé à son dentiste de lui casser une dent pour accentuer la crédibilité des combats.
Des combats d'ailleurs très chorégraphiés mais sur lesquels le cinéaste a demandé à ses acteurs "d'y aller à fond". Fincher a fait confiance une nouvelle fois au directeur photo Jeff Cronenweth après "Seven" et "The Game" pour soigner le climax et l'univers particulier dans lequel évolue le narrateur et Tyler Durden entre les bas-fonds sordides et les bureaux froids du boulot. Le scénario est lui d'une cohérence et d'une intelligence inouïe, nous emmenant sans coup férir vers le twist final. Durant l'évolution du récit le narrateur nous emmène dans les méandres du cerveau de Tyler Durden dans un ton aussi corrosif que cynique. Un chef d'oeuvre satirique et pamphlétaire avec en prime un final grandiose qui nous laisse comme dans un sans issue. Pour l'anecdote, notons quatre images subliminales dès les premières minutes du film (3mn57, 6mn04, 7mn15 et 12mn06). David Fincher confirme alors son statut de grand en signant ce thriller dramatico-socialo-psychologique absolument mythique, un chef d'oeuvre dense et surprenant, original et unique. A voir, à revoir et à conseiller.
Note :