Normandie Nue (2018) de Philippe Le Guay
Le réalisateur Philippe Le Guay explore une nouvelle fois l'âme humaine, et après "Les Femmes du 6ème Etage" (2011), "Alceste à Bicyclette" (2013) et "Floride" (2015) cette fois il nous emmène dans l'univers des paysans normands. Comme il 'explique, le cinéaste passe ses vacances depuis l'enfance en Normandie à proximité du village de Mêle-sur-Sarthe, et après avoir vu des photos d'un artiste conceptuel sur des nus groupés en ville il s'est demandé ce que ça donnerait si ce photographe voulait prendre une de ses photos dans un champs normand. Le cinéaste co-signe le scénario avec Olivier Dazat, scénariste expérimenté à la filmo plutôt moyenne avec le pire comme "Cineman" (2009) de Yann Moix, ainsi qu'avec Victoria Bedos (oui, fille de et soeur de) qui signa le scénario du succès "La Famille Bélier" (2014) de Eric Lartigau.
Outre ce projet de photo de nus, Philippe Le Guay a voulu toutefois montré la détresse du monde paysan ce qui place le film non pas en comédie pure mais plus dans un genre doux-amer. En effet, le réalisateur porte ce film depuis quatre ans, une durée qui lui semblait nécessaire pour rencontrer des fermiers divers et variés afin de se documenter un maximum et retranscrire les différentes voix et opinions... Le réalisateur a réuni un casting plutôt prestigieux avec en première ligne François Cluzet, qui est donc accompagné de François-Xavier Demaison, Philippe Rebbot, Grégory Gadebois, Arthur Dupont, Philippe Duquesne et même l'excellent acteur britannique Toby Jones qui est venu se perdre outre-Manche. Pas moins de 350 figurants et de nombreux petits rôles dévolus à des amateurs et débutants issus du village. Premier constat, si le réalisateur porte un regard bienveillant sur les paysans il n'en demeure pas moins qu'il se perd dans des clichés nombreux ; pas d'inclination à l'art, la nudité forcément taboue, les guéguerres territoriales, pas d'intérêt autre que leur petit village... etc...
On sent bien que ce n'est pas le but du cinéaste mais ce sont des maladresses omniprésentes. Le scénario est cousu de fil blanc, des rebondissements attendus et une double lecture particulièrement lourde. En effet, l'effet comique (nu ou pas) d'un côté, le propos de fond politico-social aussi caricatural que résumé qui plombe particulièrement la légèreté de l'idée première. Le soucis est que ces deux paramètres ne se confondent jamais ce qui rend le narration bancale et peu plaisante. Heureusement, les acteurs sont bons (bonus particulier pour Toby Jones sous-exploité, Philippe Rebbot touchant et une Daphné Dumons qui mérite d'être connue), quelques scènes sont assez drôles (les artistes anglophones des villes en province gauloise, la relation à la nudité) et la sincérité du projet permet d'atténuer les maladresses. Pas désagréable ni déplaisant mais trop didactique et moralisateur pour convaincre pleinement.
Note :