Alita : Battle Angel (2019) de Robert Rodriguez
Un projet de longue date que cette adaptation du manga culte "Gunnm" (1991-1995) de Yukito Kishiro, soit 9 tomes d'environ 220 pages chacun, sans compter les suites alternatives. D'abord projet envisagé par le français Jean-Pierre Dionnet, créateur de Métal Hurlant, les ayants droits finissent pourtant par annoncer au producteur français que "James Cameron a fait une offre qu'ils ne pouvaient pas refuser."... Dès lors, dès le milieu des années 2000 le nabab lance plusieurs plans de travail tout en se focalisant sur son prochain film "Avatar" (2009) dont il prédit que les avancées techniques et technologiques sur ce film sera bénéfique au projet "Gunnm". Vu le travail titanesque sur la franchise "Avatar" James Cameron décide de laisser la place de réalisateur tout en restant producteur-scénariste. Le scénario est finalement co-signé de Cameron avec le réalisateur Robert Rodriguez qu'on avait pas vu depuis "Sin City : J'ai tué pour elle" (2014). Ils collaborent au scénario avec Laeta Kalogridis connu pour avoir écrit le film "Shutter Island" (2010) de Martin Scorcese et surtout le film d'animation "Ghost in the Shell" (1995) de Mamoru Oshii, une autre adaptation manga culte qui a dû bien lui servir. Avec ce film estampillé James Cameron le budget est confortable et le casting à la fois judicieux et prestigieux. Le rôle titre est pourtant dévolu à une quasi inconnue, Rosa Salazar aperçue dans "Le Labyrinthe : le Remède Mortel" (2018) de Wes Ball et dernièrement dans "Bird Box" (2018) de Susanne Bier.
Elle est entourée de stars confirmées comme Christoph Waltz révélé grâce à un ami de Robert Rodriguez dans les films "Inglourious Basterds" (2009) et "Django Unchained" (2012) tous de Quentin Tarantino, Jennifer Connelly dont le dernier film était en e-cinema "Line of Fire" (2018) de Joseph Kosinski, Michelle Rodriguez célèbre Letty de la saga "Fast and Furious" (2000-2017) et qui retrouve Robert Rodriguez après dyptique "Machete" (2010-2013), Jackie Earle Haley cultissime Rorschach dans "Watchmen" (2009) de Zack Snyder, Ali Mahershala qui a atteint un nouveau statut avec le magnifique "Green Book" (2019) de Peter Farrelly... On se trouve donc au XXVIème siècle dans un monde post-apocalyptique après qu'une météorite est entrée en collision avec la Terre. Le monde se retrouve séparé en deux monde, Zalem métropôle suspendue où demeure l'élite et Kuzutetsu une sorte de bidonville. C'est dans ce monde qu'une jeune cyborg amnésique va peu à peu se révéler... Cette séparation des univers entre riches et pauvres est un système déjà vu plusieurs fois au cinéma, et le scénario avec une cyborg aux capacités hors normes dans un monde dystipoque permet de dire que "Alite : Battle Angel" = "Rollerball" (1975) de Norman Jewison + "Elysium" (2013) de Neill Blomkamp + "Ghost in the Shell" (2017) de Rupert Sanders... Entre le monde d'en-bas et d'en-haut, l'univers futuriste et le motorball l'univers de "Alita/Gunnm" est parfaitement cohérent, avec des effets spéciaux tout ce qu'il y a de plus magique et une photographie qu'on doit à Bill Pope connu notamment pour la trilogie "Matrix" (1999-2003) des Wachowski. L'univers ainsi recréé est dans le style cyberpunk. Le premier choc esthétique reste bien évidemment l'héroïne elle-même, incarnée par Rosa Salazar mais embellie merveilleusement par la Performance Capture. Mi-femme mi-machine dont seul le cerveau semble d'origine. Le vrai point intéressant c'est qu'il n'y pas de doute pseudo-philosophique et/ou psycologique sur ce qu'elle a été, ce qu'elle est ou ce qu'elle doit devenir.
Alita (Gally dans la manga) est une guerrière et s'assume comme tel sans hésiter, ce qui n'empêche pas un attachement sans faille à ses proches ce qui donne une sensibilité en complet antagonisme avec la violence dont elle est capable. Ce contraste reste le point le plus intéressant du personnage. Par contre, sa modernité et son pouvoir semble un peu incohérent au vu de la chronologie car comment penser et comprendre que la technologie a à ce point régresser ?! Ce petit détail est un peu dommageable... L'autre point reste que les scènes d'action et la violence sont ici grand public alors que le manga assume un côté très gore qui n'est pas complètement rendu et assumer dans le film. Par contre, Alita use d'un forme d'art martial parfaitement fluide et chorégraphié qui ne manque pas de style et d'efficacité, c'est juste impressionnant, sorte de mini-transformers ninja. Le film est pensé comme un épisode premier (environ les 5 premiers tome), on peut clairement penser à une suite (qui serait donc du tome 6 à 9 ?!). Le duo Cameron-Rodriguez signe un film d'anticipation solide et dense auquel il manque peu de chose pour atteindre les sommets. Un peu plus de Robert Rodriguez (un ton décalé, gore assumé) aurait été une bonne chose mais ça reste un très bon moment de cinéma.
Note :