Le Jouet (1976) de Francis Veber
En étant scénariste pour les autres, notamment sur "L'Emmerdeur" (1973) de Edouard Molinaro, "Le Magnifique" (1973) de Philippe De Broca et "Peur sur la Ville" (1975) de Henri Verneuil, Francis Veber s'est forgé une belle réputation qui va le mener en toute logique à la réalisation de son premier long métrage. Il signe logiquement le scénario de cette histoire qui fût entre autre inspiré du licenciement abusif mais véridique d'un employé par Marcel Dassault parce qu'il avait les mains moites (!), et après avoir constaté qu'effectivement, certains enfants s'adressaient à des domestiques de façon si irrespectueuse qu'ils pouvaient se sentir comme de simples jouets. Le cinéaste, également co-producteur, a reçu le soutien de deux personnalité de poids via leur société respective, Claude Berri et surtout l'acteur Pierre Richard qui retrouve ainsi un personnage nommé François Perrin (alter ego de Pignon, personnages fétiches de Francis Veber) écrit par Veber après le dyptique "Le Grand Blond avec une Chaussure Noire" (1972) et "Le Retour du Grand Blond" (1974) tous deux de Yves Robert... François Perrin, après plusieurs mois de chômage, trouve un poste de journaliste dans un grand journal d'un patron implacable et intolérant. Mais alors qu'il fait un reportage dans un grand magasin appartenant à son patron il tombe sur le fils pourri gâté de son patron qui décide à la surprise générale de s'offrir en cadeau le pauvre François Perrin comme nouveau jouet. D'abord réfractaire à ce jeu François Perrin finit par se plier aux caprices de l'enfant devant l'insistance de sa direction. Bon gré mal gré, Perrin se fait le jouet de l'enfant jusqu'à devenir un ami véritable au grand désespoir du papa milliardaire...
François Perrin est donc une nouvelle fois incarné par la star de la comédie Pierre Richard qui a connu le succès dans le dyptique sus-nommé mais aussi avec son film "Le Distrait" (1970). L'enfant est joué par le jeune Fabrice Greco dans son seul et unique rôle. Le père milliardaire est interprété par Michel Bouquet, acteur plus habitué des drames vu notamment dans "La Femme Infidèle" (1968) de Claude Chabrol et "Deux Hommes dans la Ville" (1973) de José Giovanni. Le Rédacteur en Chef est joué par l'excellent Jacques François qui retrouve Michel Bouquet après "L'Attentat" (1972) de Yves Boisset et vu dans "Section Spéciale" (1974) de Costa Gravas. Citons encore Daniel Ceccaldi vu dans "Domicile Conjugal" (1970) de François Truffaut et "Le Téléphone Rose" (1975) de Edouard Molinaro écrit par Veber, Charles Gérard vu dans "L'Aventure c'est l'Aventure" (1972) de Claude Lelouch et retrouve son acolyte Ceccaldi après "L'Incorrigible" (1975) de Philippe De Broca, Michel Aumont qui retrouve Charles Gérard après "La Gifle" (1974) de Claude Pinoteau puis Pierre Richard après "La Course à l'Echalotte" (1975) de Claude Zidi, et enfin un jeune Gérard Jugnot qui n'est pas encore la star du Splendid mais qu'on a déjà pu apercevoir dans "Les Valseuses" (1974) et "Calmos" (1976) tous deux de Bertrand Blier... La première chose qu'on constate est qu'il ne s'agit nullement d'une comédie habituelle pour Veber et surtout pour Pierre Richard. En effet, loin du personnage de distrait et/ou de maladroit popularisé par l'acteur, ce François Perrin là est plus "normal" malgré qu'il soit piégé par un gamin.
En effet, cette fois il est un travailleur responsable qui se retrouve à jouer le jouet, le copain esclave des désirs d'un gosse de riche à qui on ne refuse rien. Que ne ferait-on pas pour ne pas perdre son travail !?! Sur ce dernier point Veber nous renvoie sans aucun doute au "Discours de la Servitude Volontaire" (écrit en 1548, publié en 1576) de La Boétie, notamment lors du passage particulièrement dur : "Qui de nous deux est le monstre Blenac ? Moi qui vous demande d'ôter votre pantalon ou vous qui acceptez de montrer votre derrière ?"... Cette séquence est en quelque sorte l'apogée du film, à savoir non pas une comédie forcément à rire, mais une comédie socialo-satirique, une farce grinçante qui dénonce le vice du pouvoir mais aussi ses faiblesses, sans oublier l'envers du décor et les moutons qui se cachent derrière. Le film connaîtra un remake américain, "Le Joujou" (1982) de Richard Donner. Pierre Richard porte le film évidemment, grâce à un jeu moins clownesque parfaitement diriger par Veber qui signe sans doute son film le plus aboutit, à défaut d'offrir les rires auxquels on aurait pu s'attendre. Ceci expliquant sans doute un succès en salle mitigé (1,2 millions entrées France).
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :