Mort du Maestro Ennio Morricone !

par Selenie  -  6 Juillet 2020, 22:36  -  #Décès de star - Bio

Celui qui doit être considéré par la grande majorité comme le plus grand compositeur de musique de films est mort. Ennio Morricone nous a quitté ce 06 juillet à l'âge de 91 ans.

Né en 1928 à Rome, d'un père trompettiste de jazz et d'une mère au foyer il aura un frère et trois soeurs. Son père le sensibilise à la musique dès son plus jeune âge jusqu'à son inscription à l'Académie Nationale Sainte-Cécile de Rome. Il y est l'élève de Goffredo Petrassi puis obtient son premier diplôme de trompette en 1946. Ensuite il rencontre Bruno Nicolai avec qui il se lie d'amitié, qui deviendra également compositeur de musiques de films surtout dansle spaghetti et le giallo mais, également, en collaborant à de nombreuses reprises avec Morricone. Il poursuite ses études pour être diplômé de composition, d'instrumentation et de direction d'orchestre en 1954.

 

Dès 1953 il signe son premier arrangement professionnel pour une série d'émissions radiophoniques. Il écrit sa première oeuvre "classique" en 1957 et est embauché à la télévision RAI en 1958 mais démissionne aussitôt. La musique classique n'étant pas viable il se tourne vers la télévision et les chansons.

 

Les vrais débuts datent de 1961, signant un documentaire et un court pour la télévision mais surtout en signant ses premières Bandes Originales pour le cinéma avec les films "Mission Ultra-Secrète" (1961) et "Elle est Terrible" (1962) tous deux de Luciano Salce.

Mais après quelques films il va connaître une renommée phénoménale avec le succès inattendu d'un nouveau genre. Il collabore une première fois avec une jeune réalisateur encore inconnu qui use encore d'un pseudo américanisé. Ainsi Morricone signe sous le pseudo Dan Savio la musique du western spaghetti "Pour un Poignée de Dollars" (1964 - ci-dessus) de Bob Robertson alias Sergio Leone

Alors que les deux hommes ont rendez-vous chez Morricone pour préparer leur film, le musicien annonce à Leone qu'ils se sont connus 25 ans plus tôt : "A peine entré chez lui qu'il m'annonce que nous avions été à l'école ensemble. J'ai cru qu'il bluffait. Pas du tout. Il me montre une photo de la classe de 5ème élémentaire et je constate que nous figurons tous les deux" raconte Sergio Leone dans "Conversations avec Sergio Simsolo". Les deux amis ont usé leur culotte sur les bancs de l'école Saint-Jean Baptiste de la Salle à Rome.

Le succès du film tient aussi beaucoup à la musiue originale et unique de Ennio Morricone qui marque les esprits. Si entre temps il signe d'autres B.O. comme pour "Avant la Révolution" (1964) de Bernardo Bertolucci ou "Les Poings dansles Poches" (1965) de Marco Bellochio, il retrouve logiquement Sergio Leone pour les suites "Et Pour Quelques Dollars de Plus" (1965) et "Le Bon, la Brute et le Truand" (1966). Les succès sont mondiaux et, surtout, la musique devient aussi culte que le film lui-même. Quelques notes suffisent pour reconnaître la patte du maestro. Cette fois Ennio Morricone gravit les échelons pour s'imposer comme l'un des plus grands compositeurs de musique de films de son temps.

Les commandes affluent et le compositeur s'essaie à aborder d'autres genres et s'internationalise comme "La Bataille d'Alger" (1966) de Gillo Pontecorvo, "Le Harem" (1967) de Marco Ferreri, "La Bataille de San Sebastian" (1967) de Henri Verneuil et "Theoreme" (1968) de Pier Paolo Pasolini.

 

Mais il signe également plusieurs autres westerns spaghettis parmi les plus fameux du genre sans compter Leone. On peut citer "Navajo Joe" (1966) et "Le Grand Silence" (1968) tous deux de Sergio Corbucci, "Le Dernier Face à Face" (1967) et "Colorado" (1967) tous deux de Sergio Sollima.

 

La carrière de Morricone monte encore d'un cran avec une nouvelle aventure pour laquelle il retrouve son ami et partenaire pour le chef d'oeuvre "Il était une Fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone. Nouveau succès phénoménal et mondial, auquel la musique de Morricone donne un souffle et un lyrisme quasi  jamais vu. Ennio Morricone est d'ores et déjà un géant du Septième Art... 

Avec les films de Leone, il y a aussi un nouveau fait accompagne les films, le succès en parallèle des disques des Bandes Originales des films qui atteignent des ventes jamais vus jusqu'ici.

 

Il multiplie les expériences, travaille de plus en plus à l'international et aborde de plus en plus de genres différents à un rythme effréné. Il signe les B.O. du film de gangsters "Le Clan des Siciliens" (1969) de Henri Verneuil, le giallo "L'Oiseau au Plumage de Cristal" (1969) de Dario Argento et le film sur fond d'esclavage "Queimada" (1969) de Gillo Pontecorvo.

Il compose, dirige, arrange pour de plus en plus de films, parfois plusieurs dizaines par an ! Du western "classique" "Sierra Torride" (1970) de Don Siegel à l'espionnage "Le Serpent" (1972) de Henri Verneuil en passant par les drames judiciaires "Enquête sur un Citoyen au-dessus de Tout Soupçon" (1970) de Elio Petri et "Sacco et Vanzetti" (1971) de Giuliano Montaldo... Dont une chanson devenue culte pour ce dernier qui sera chantée par Joan Baez.

 Morricone retrouve Sergo Leone pour "Il était une Fois la Révolution" (1971) mais aussi pour "Mon Nom est Personne" (1973) de Tonino Valerii qui est un moins connu mais dont la musique est multi-référencée tout en ajoutant une fantaisie qu'on lui connaissait encore peu.

 

Il tourne souvent pour les mêmes réalisateurs fidèles, Dario Argento avec "Quatre Mouches de Velours Gris" (1971), Pier Pasolini avec "Le Decameron" (1971) et "Salo et les 120 Journées de Sodome" (1975), Henri Verneuil avec "Le Casse" (1971) et "Peur sur la Ville" (1974), "1900" (1976) de Bernardo Bertolucci, en revenant indirectement par Leone avec "Un Génie, Deux Associés, Une Cloche" (1975) de Damiano Damiani.

Mais d'autres  font aussi appel à lui, on peut citer "Barbe-Bleue" (1972) de Edward Dmytryk, "SS Représailles" (1973) de George Pan Cosmatos, "Le Désert des Tartares" (1976) de Valerio Zurlini, "Les Moissons du Ciel" (1978) de Terrence Malick ou encore "La Cage aux Folles" (1978) de Edouard Molinaro.

 

Ennio Morricone travaille de moins en moins pour des productions italiennes et s'internationalise toujours plus. La demande est telle qu'il signe toujours plusieurs B.O. par an bien qu'il soit tout de même moins prolifique que dans les années 1968-1978.

 

Pour les années 80 citons "La Banquière" (1980) de Francis Girod, "La Dame aux Camélias" (1981) de Mauro Bolognini, "Le Professionnel" (1981) de Georges Lautner qui reste une de ses musiques les connues, "Espion Lève-Toi" (1981) de Yves Boisset, "Dressé pour Tuer" (1982) de Samuel Fuller, "Le Ruffian" (1982) de Jose Giovanni, "The Thing" (1982) de John Carpenter, "Le Marginal" (1983) de Jacques Deray...

Il retrouve une ultime fois son acolyte Sergio Leone pour l'ultime chef d'oeuvre "Il était une Fois en Amérique" (1984 - ci-dessus). Ils ne tourneront plus jamais ensemble, le réalisateur ne sait pas encore qu'il vient de réaliser son dernier film avant sa mort en 1989.

 

Le cinéaste aborde aussi le Fantasy avec "Kalidor : la Légende du Talisman" (1985) de Richard Fleischer, il signe la sublimissime musique du drame historique "Mission" (1986) de Roland Joffé, il travaille également sur "Les Incorruptibles" (1987) de Brian De Palma, le thriller "Frantic" (1987) de Roman Polanski, le film de guerre "Outrages" (1989) de De Palma, le drame "Cinema Paradiso" (1989) de Giuseppe Tornatore et signe la musique de "Attache-Moi !" (1989) de Pedro Almodovar.

La fin du siècle démontre que le compositeur travaille un peu moins, la baisse de régime est sensible et si les chefs d'oeuvres (réalisation comme musique) se font moins nombreux Ennio Morricone collabore encore sur de nombreux très bons films... "Hamlet" (1990) de Kenneth Branagh, "Bugsy" (1991) de Barry Levinson, "La Cité de la Joie" (1992) de Roland Joffé, "Dans la Ligne de Mire" (1993) de Wolfgang Petersen, "Wolf" (1994) de Mike Nichols, "Harcèlement" (1994) de Barry Levinson, le sous-estimé "U-Turn" (1997) de Oliver Stone, "Lolita" (1997) de Adrian Lyne, "Bullworth" (1998) de Warren Beatty, le très beau "La Légende du Pianiste sur l'OCéan" (1998) de Giuseppe Tornatore et "Le fantôme de l'Opéra" (1998) de Dario Argento...

 

Mais, la fin du siècle voit également un premier camouflet pour Ennio Morricone. Alors qu'il a composé la B.O. du film "Au-Delà de nos Rêves" (1998) de Vincent Ward, les producteurs rejettent son travail à seulement quelques semaines de la sortie du film et le remplace par le compositeur Michael Kamen ("Piège de Cristal", "L'Arme Fatale" et leurs suites).

Cette mésaventure a sans doute contribué au fait que le compositeur ralentit ensuite son travail avec le Grand Ecran. Son activité va connaître une baisse significative et le musicien va en profiter pour reprendre la direction orchestrale et va exécuter plusieurs tournées mondiales reprenant évidemment ses plus thèmes musicaux de films.

 

Néanmoins, il signe encore quelques B.O. dont "Mission to Mars" (2000) de Brian De Palma, "Vatel" (2000) de Roland Joffé, "Malena" (2000) de Giuseppe Tornatore, "Un Crime" (2006) de Manuel Pradal...

Mais sa carrière va connaître un nouveau retentissement en étant choisit par un de ses fans. C'est ainsi qu'il signe la musique du dyptique "Kill Bill" (2003-2004) de Quentin Tarantino (ensemble ci-dessus) qu'il retrouve ensuite pour "Inglourious Bastersd" (2009) et "Django Unchained" (2012).

 

Il retrouve aussi un de ses plus fidèles avec "The Best Offer" (2013) et "La Corrispondenza" (2016) tous deux de Giuseppe Tornatore, et passe par la France avec "En Mai, Fais ce qu'il te Plaît" (2015) de Christian Carion.

Entre temps, il retrouve surtout Tarantino pour un autre western, "Les Huit Salopards" (2015) qui va couronné, enfin, une carrière puisque Ennio Morricone obtient, enfin, l'Oscar de la meilleure musique pour ce film alors que, en 2007, il avait obtenu l'Oscar d'Honneur pour l'ensemble de sa carrière (!) et qu'il avait obtenu son étoile sur Hollywood Bd quelques jours avant. Ennio Morricone devient alors le plus vieux récipiendaire de l'Histoire des Oscars.

 

Ennio Morricone signe sa dernière Bande Originale pour un long métrage avec le film "A Rose in Winter" (2018) de Joshua Sinclair. 

 

Ennio Morricone a fait quelques incursions dans la chanson, outre ses disques qui se vendaient suite aux films on peut citer des collaborations avec l'italienne Milva, la française Mireille Mathieu et Richard Cocciante.

 

Ennio Morricone était agacé qu'on résume sa carrière à ses collaborations avec les westerns de Sergio Leone et force est de constater qu'il avait absolument raison. Ces films restent d'énormes chefs d'oeuvres mais le lyrisme, le souffle épique et/ou poétique de sa musique a accompagné le Septième Art sur bien d'autres films. parmi les meilleurs on appuira sur "Theoreme", "Le Grand Silence", "Le Clan des Siciliens", "L'Oiseau au Plumage de Cristal", "Sacco et Vanzetti", "Peur sur la Ville", "Les Moissons du Ciel", "Le Professionnel", "Mission", "Cinema Paradiso", "U-Turn", "Malena"...

Ennio Morricone se marie en 1956 et aura une fille et trois fils dont Andrea Morricone qui est devenu compositeur également et qui sera assistant de son père.

 

Ennio Morricone a composé plus de 500 bandes originales sur près de 60 ans avec en prime, plus de 70 millions de disques vendus soit un record pour un compositeur de musique de films.

 

Le maestro a été hospitalisé suite à un fracture du fémur provoqué par une chute. Il est mort ce lundi 06 juillet 2020 dans une clinique à Rome de suites de ses blessures selon les médias italiens.

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