Oxygène (2021) de Alexandra Aja
Signé de Christie LeBlanc, dont à ce jour le CV indique qu'elle a écrit pour la série TV "Howto Make a Reality Star" (2017), ce scénario est depuis 2016 inscrit sur la célèbre Black List des meilleurs scénarios en attente à Hollywood. Au départ il était question que le film soit réalisé par Franck Khalfoun et produit par Alexandra Aja avec en tête d'affiche la star Anne Hathaway également co-produtrice. Finalement début 2020 la star est remplacée par Noomi Rapace avant que le COVID passe par là. Le film devient un projet encore plus franco-français, Aja ets de retour en métropole hexagonale et prend la direction du film en main et le rôle principal est offert à une française. Après avoir déjà travaillé avec Aja sur ses films "2ème Sous-Sol" (2007) et "Maniac" (2012), Khalfoun reste à la co-production comme Aja lui-même et la scénariste Christie LeBlanc. Aja co-signe le scénario en collaboration avec cette dernière. Rappelons que Alexandre Aja est devenu un des meilleurs représentants du cinéma fantastique et d'horreur à la française au niveau international avec des titres comme "La Colline a des Yeux" (2006), "Horns" (2014) ou plus récemment "Crawl" (2019) et qu'il revient en France pour la première fois depuis "Haute Tension" (2004), sans compter son assistance sur la comédie "Mariage Mixte" (2004) de son papa Alexandre Arcady...
Dans un futur proche, une femme se réveille dans une capsule cryogénique. Branchée à tout un système, isolée et coincée dans un lieu restreint elle semble de surcroît amnésique. Elle n'a que pour seul intermédiaire une intelligence artificielle avec laquelle elle doit communiquer pour tenter de comprendre ce qu'elle fait là et surtout tenter de survivre alors que le taux d'oxygène diminue à vue d'oeil... Le rôle principal est donc tenu par Mélanie Laurent qu'on avait pas vu devant la caméra depuis "Six Underground" (2019) de Michael Bay, plus interessée depuis quelques temps par la réalisation avec le récent "Galveston" (2019) et le prochain "The Nightingale" (2021). Le seul protagoniste important qu'on voit en chair et en os (mais muet) est joué par Malik Zidi vu dernièrement dans "Play" (2019) de Anthony Marciano et bientôt à l'affiche dans "Vers la Bataille" (2021) de Aurélien Vernhes-Lermusiaux. Citons ensuite deux voix Off, celle de Eric Herson-Macarel justement plus connu pour ses doublages notamment et surtout pour incarner Mark Strong, Willem Dafoe ou encore Daniel Craig, puis citons MILO l'intelligence artificielle incarnée par Mathieu Amalric vu récemment dans le tout juste oscarisé "Sound of Metal" (2021) de Darius Marder et qui est un habitué du doublage également comme pour "Fantastic M. Fox" (2010) de Wes Anderson et "Le Chat du Rabbin" (2011) de Joann Sfar... Comparaison évidente, on pense beaucoup à "Buried" (2010) de Rodrigo Cortès, mais en version futuriste. À savoir un protagoniste isolé et enfermé dans une lieu inconnu et à l'espace restreint d'où il va falloir sortir et/ou survivre. Dans cet "Oxygène" on est dans une capsule hyper-connectée qui va permettre à l'héroïne de chercher des infos (internet !), comprendre et tenter sa dernière chance.
Le vrai soucis réside dans un scénario cousu de fil blanc car les infos arrivent vite et de façon si régulière qu'on a tous les tenants et aboutissants à la moitié du film. Niveau suspense zéro. Ensuite on constate par contre toute la créativité de la mise en scène de Alexandra Aja, nécessaire surtout quand tout le film presque !) se déroule dans un lieu si restreint. La caméra tourne à minima, tente d'optimiser sur la performance de Mélanie Laurent (qui fait de son mieux mais pas aider par un effet "gros plan" pas à son avantage), et même si on constate que le huis clos n'est pas assumé à fond puisque malheureusement les flash-backs mâchent le travail alors que ce "passé" qui aurait pu être plus judicieusement expliqué "intra-capsule". Le film en une seule unité de lieu est donc faussé, par ailleurs le récit en temps réel est d'autant moins efficace. Mais le pire, peut-être, reste toute la dimension scientifique et technologique. Si les films de SF ont tous un paramètre mystérieux pour les néophytes ne serait-ce que dans le vocabulaire spécifique, celui-ci bat des records dans la complexité, bref on ne comprend rien à rien alors que la plupart du temps même sans connaître le vocabulaire le contexte est assez explicite pour suivre. Là que nenni ! Ne serait-ce que les clônes : si elle est amnésique comment pourrait-elle devenir l'alter ego d'une astro-physicienne ?! Si c'est un clône de seulement quelques heures comment peut-elle être amoureuse d'un clône inconnu ?! En conclusion, Alexandre Aja signe sans doute son film le moins aboutit, malgré de bonnes idées il n'a pas su s'affranchir des influences et offre un film trop approximatif sur le fond comme sur la forme. Dommage...
Note :