Riders of Justice (2021) de Anders Thomas Jensen
Presque surprenant de voir le réalisateur danois se laisser aller à un film d'action, Anders Thomas Jensen nous avait en effet plus habitué à des comédies noires sur des marginaux. Ainsi c'est un bonheur non dissimulé de revoir le cinéaste après quatre premiers petits bijoux que sont "Flickering Lights" (2000), "Les Bouchers Verts" (2003), "Adam's Apples" (2005) et "Men and Chicken" (2015). Sans compter les quelques scénarios co-signés pour et avec d'autres dont "Antichrist" (2009) de Lars Von Trier, "Revenge" (2010) de Susanne Bier et le western danois (!) "The Salvation" (2014) de Kristian Levring. Fidèle, le cinéaste fait appel à ses acteurs fétiches dont la star Mads Mikkelsen qui retrouve lui de nombreux membres de l'équipe avec qui il a travaillé sur plusieurs films, dont les producteurs qui étaient derrière le succès "Drunk" (2019) de Thomas Vinterberg... Markus, militaire danois en poste au Moyen-Orient doit rentrer précipitamment chez lui après un accident ferroviaire où se trouvait sa femme et sa fille et dont seule est rescapée sa fille. En parallèle, Otto, un autre rescapé qui est un spécialiste des statistiques entre en contact avec Markus et lui soumet l'idée qu'en fait il s'agirait d'un assassinat maquillé en accident. Les probalitiés statistiques et les preuves emmagasiner par Otto et ses amis hackers poussent Markus à préparer sa vengeance avec ses nouveaux amis...
Le réalisateur retrouve donc trois de ses acteurs fétiches, Mads Mikkelsen vu récemment dans "Chaos Walking" (2021) de Doug Liman et Nikolaj Lie Kaas qui ont joué ensemble dans tous les films de Anders Thomas Jensen et dans "Open Hearts" (2002) de Susanne Bier, à noter que Mikkelsen jouait aussi dans "Drunk" qui s'est par ailleurs trouvé en seconde position au box-office danois devant "Riders of Justice", tandis que Lie Kaas a surtout été remarqué ces dernières années sur les films de la franchise "Les Enquêtes du Département V" (2013-2018). Les deux acteurs et le réalisateur retrouve également Nicolas Bro vu dernièrement dans "Domino" (2019) de Brian de Palma et qui est de tous les films de Anders Thomas Jensen à l'exception du premier "Flickering Lights", qui a aussi croisé Lie Kaas dans l'épisode "Les Enquêtes du Départment V : Dossier 64" (2018) de Christoffer Boe. Citons ensuite l'excellent Roland Moller vu dans de nombreux excellents films comme "Hijacking" (2012) de Tobias Lindholm, "Les Oubliés" (2015) de Martin Zandvliet, "Atomic Blonde" (2017) de David Leitch ou "Bluebird" (2018) de Jérémy Guez, il retrouve son partenaire Jacob Lohmann après "Darkland" (2017) de Fenar Ahmad, qui retrouve aussi Nikolaj Lie Kaas après l'épisode "Les Enquêtes du département V : Délivrance" (2016) de Hans Petter Moland et vu récemment dans le très bon "The Guilty" (2018) de Gustav Möller... Le film débute de façon assez classique, présentation des protagonistes principaux, aperçu du quotidien mais aussi des personnalité jusqu'à cet accident qui va déclencher la rencontre entre eux. À partir de là on reconnaît plus le style du réalisateur, des personnages plus ou moins fragiles, fracassés par la vie, au destin fissuré, des hommes psychologiquement instables, finalement des marginaux mais qui essaient toujours de bien s'intégrer à la communauté.
Et comme toujours le réalisateur s'applique à mêler le drame au rire, toujours sur la tangente, rire oui mais avec une vraie empathie pour les personnages. C'est la première force du film. Ensuite on reconnaît aussi le soin apporté au scénario, à la fois minutieux et malin, qui nous mène par le bout du nez dans une intrigue parfaitement ficelé jusqu'à un twist bien amené et qui apporte une dernière dose de tension. C'est le grand atout du film. Ainsi le récit fourmille d'idées géniales comme les "amis" un peu dingues qui s'improvisent psychologues, le moins crédible un fusil à la main s'avère le plus surprenant, jusqu'à ces séquences d'action aussi brutales que réalistes, sans fioritures sans omettre l'impact psychologique de telles faits sur l'esprit. Les "héros", ou plutôt anti-héros sont donc tous des marginaux plus ou moins fêlés, littéralement, qui apportent autant d'émotion que de drôlerie sans jamais occulter le fait que la tragédie ambiante est pourtant bien présente avec son lot d'angoisse et de suspense. On pourra juste être un peu déçu par une fin un peu facile, invraisemblable sur le fond mais qui reste tellement attachante. Anders Thomas Jensen signe un premier film d'action judicieux et efficace, qui brasse les genres avec génie avec en prime un quintet d'acteurs au diapason absolument tous géniaux. Un vrai très bon moment à voir et à conseiller.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :