Tout Nous Sourit (2021) de Melissa Drigeard

par Selenie  -  22 Octobre 2021, 13:03  -  #Critiques de films

L'idée du film est avant tout une envie de la réalisatrice d'écrire une comédie sur la famille et l'amour : "D'ailleurs, tous nos personnages sont dans une sorte d'acte manqué, puisqu'ils croient venir dans cette maison pour une autre raison que la raison "officielle (...) C'est d'ailleurs cet "acte manqué" qui va leur permettre de réussir autre chose. Pour autant, le film ne s'inspire pas d'événements vécus littéralement, fort heureusement, mais j'espère, je crois, que ce que vivent les personnages, parle à tout le monde. Ca parle de se serrer les coudes, de protéger les gens qu'on aime, des mensonges utiles... Au bout du compte, on parle toujours d'amour." Ce projet n'est que le second long métrage cinéma de Mélissa Drigeard après "Jamais le Premier Soir" (2014), sans compter ses scénarios pour d'autres dont "Les Adoptés" (2011) de Mélanie Laurent et "Bis" (2015) de Dominique Farrugia, mais surtout elle retrouve son acolyte Vincent Juillet, qui travaille avec elle depuis leurs premières pièces de théâtre en 2007-2008 jusqu'à la série TV "Quadras" (2017)... Tout sourit à Audrey et Jérôme, ils gagnent très bien leur vie elle présentatrice télé, lui devenu rentier après la vente de son entreprise, trois enfants en prime. Arrive un week-end où ils laissent leurs enfants pour un week-end chacun d'eux part en week-end avec leurs amants respectifs ! Mais ils ne savant pas encore que les deux couples ont l'idée de passer le week-end dans la maison familiale, la rencontre est brutale mais ça empire aussitôt quand d'autres membres de la famille arrivent...

Le couple est incarné par Elsa Zyberstein et Stephane de Groodt qui se retrouvent après les films "Chacun sa Vie" (2017) et "La Vertu des Impondérables" (2019) tous deux de Claude Lelouch ; sinon les derniers films de l'actrice sont "Anya" (2020) de Ben Cookson et "Adorables" (2020) de Solange Cicurel, tandis que l'acteur a été vu dans "Pauvres Georges !" (2019) de Claire Devers et "Connectés" (2020) de Romuald Boulanger. Leurs amants respectifs sont interprétés par Giovanni Cirfiera surtout vu récemment dans "L'Ultimo Paradiso" (2021) de Rocco Ricciardulli, puis Karidja Touré révélée dans "Bande de Filles" (2014) de Céline Sciamma et vue depuis entre autre dans "Ce qui nous Lie" (2017) de Cédric Klapish et "Au Bout des Doigts" (2017) de Ludovic Bernard. Les parents de Audrey/Zylberstein sont  joués par Anne Benoît vue récemment dans "C'est la Vie" (2020) de Pierre Rambaldi et "Les Fantasmes" (2021) des frères Foenkinos, et Guy Marchand vu dernièrement dans "Le Doudou" (2018) de Julien Hervé et Philippe Mechelen et "Convoi Exceptionnel" (2019) de Bertrand Blier. Citons enfin une soeur dépressive interprétée par Emilie Caen dans un rôle donc qui n'est pas sans rappeler celui qu'elle joue dans la franchise "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?" (2014-2019-2022) de Philippe de Chauveron... Précisons que le film a reçu un accueil très chaleureux notamment au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez en obtenant le Prix Spécial du Jury, puis des deux Prix d'interprétation pour Elsa Zylberstein et Stephane de Groodt... Le film débute par une famille au petit-déjeuner, simple pour présenter les protagonistes assaisonné de quelques indices pour poser les bases d'un couple qui s'est délité au fil des ans. Mais le film entre vite dans le vif du sujet, le récit démarre donc réellement quand les amants se retrouvent pour partir en week-end. Mais le premier bémol vient du fait que (et c'est devenu trop souvent le cas !) la bande-annonce en dit trop, en montre trop, et qu'une bonne partie des meilleures scènes sont d'ores et déjà dans la bande-annonce !

Néanmoins, les 45 premières minutes sont vraiment excellentes, bon rythme, vraiment fluides, les joutes verbales sont savoureuses grâce à des dialogues qui font mouches mais surtout qui arrivent à mêler les bons mots à un réalisme d'action-réaction qui évite l'écueil du trop littéraire ou du "trop écrit". C'est donc vivant, drôle, avec modernité qui assume pourtant la dimension vaudeville de cette comédie. La mise en scène est en symbiose, alternant judicieusement entre gros plans et plan plus large pour appuyer l'émotion ou l'effet d'une phrase avec les conséquences ou la réaction des autres protagonistes. Malheureusement, la réalisatrice-scénariste n'évite pas l'autre écueil symptomatique des comédies françaises, à savoir cette propension à ajouter une partie émotive, voire triste, dans un film qui ne demandait qu'à être une vraie comédie comique de A à Z. Ainsi le film vire doucement vers la comédie dramatique avec ses séquences mélancoliques et/ou tristes où on nous force à quitter le rire ou pour les larmes. Dommage... On tenait notre comédie de l'année ! Tragico-comique, drôle et pathétique dans sa première partie on touchait au sublime, puis le rythme se fait plus saccadé, quelques baisses de régimes pour installer un sérieux plus empreint de démagogie, de drames convenus qui cassent la dynamique première. Malgré tout, les acteurs sont fabuleux, l'émotion fonctionne bien et la première partie est si réussie qu'on pardonne un peu cette perte d'envie qui essouffle une histoire qui méritait mieux, et donc des rires en continue jusqu'à la fin. Un bon moment mais on a frôlé le naufrage. 

 

Note :            

 

14/20
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