Pig (2021) de Michael Sarnoski

par Selenie  -  17 Novembre 2021, 15:54  -  #Critiques de films

Après plusieurs courts métrages, "Love on the Dead" (2011), "Fight Night Legacy" (2011) et "That" (2012), voici le premier long métrage de Michael Sarnoski qui a entre temps travaillé pour la télévision mais, aussi et surtout il a été producteur et monteur du documentaire "Le Témoignage" (2015) de Vanessa Block sur les viols de guerre au Congo lors des récents conflits dans cette région. Le duo Sanorski et Block se reforme pour co-écrire ce long métrage dont l'idée serait venu au cinéaste après avoir vu l'image d'un homme cherchant des truffes dans les bois : "Tout a commencé par l'image de Rob, un homme d'âge mûr qui cherche des truffes dans la forêt. Ensuite, le personnage d'Amir s'est ajouté à cette idée et il m'a semblé naturel d'étudier sa personnalité. Tout cela s'est fait de manière un peu inconsciente, même si je reconnais volontiers que mon expérience a sûrement contribué à l'importance prise par cette thématique dans le film. Mais j'ai surtout suivi mon instinct." La thématique étant la dimension familiale et filiale. Le producteur-réalisateur-scénariste ajoute : "Si le film peut sembler un peu singulier pour certains spectateurs alors tant mieux, mais ce n'est absolument pas volontaire. Pour ce qui est des réalisateurs qui m'ont influencé, je dirais les frères Coen et Jim Jarmush."...  

Rob vit depuis de nombreuses années en ermite dans une forêt de l'Oregon où il est devenu chasseur de truffes avec son meilleur ami, un cochon. Mais un soir, il est agressé dans sa cabane et deux individus lui kidnappent son cochon. Evanoui et blessé, il part aussitôt après son réveil à la recherche de son cochon. Pour cela il oblige Amir, son client qui lui achète ses truffes, de le conduire en ville à Portland où Rob va devoir faire face à son passé... Vu le projet avec un budget très serré, le cinéaste a trouvé un soutien de poids avec la star "un peu" has been Nicolas Cage co-producteur et, évidemment, acteur qui incarne ce truffier ermite. Rappelons que l'acteur au sommet dans les années 90 jusqu'au début des années 2000 n'est plus que l'ombre de lui-même depuis une petite dizaine d'années. Citons quatre films qu'on peut sauver (les autres à jeter !), avec son meilleur "Joe" (2013) de David Gordon Green qui laissait espérer un réel retour, puis en regardant de plus près on tentera les films "Dog Eat Dog" (2016) de Paul Schrader, "Snowden" (2016) de Oliver Stone et en se forçant un peu peut-être "Mandy" (2018) de Panos Cosmatos. Amir est interprété par Alex Wolff vu dans le dyptique "Jumanji" (2017-2019) de Jake Kasdan, et surtout remarqué dans "Hérédité" (2018) de Ari aster et "Old" (2021) de M. Night Shyamalan. Citons ensuite Adam Arkin, beaucoup vu à la télévision, au cinéma citons "Halloween 20 ans Après, il revient" (1998) de Steve Miner, "Hitch, Expert en Séduction" (2005) de Andy Tennant, "A Serious Man" (2009) des frères Coen et "The Sessions" (2012) de Ben Lewin, puis mention à Gretchen Corbett dans un petit rôle, actrice qui écume les séries TV depuis près de six décennies... Précisons que le lieux de l'histoire se situe en Oregon simplement parce que c'est un des coins les plus recherchés pour les truffes d'Amérique du Nord, état dont la capitale est Portland, ce qui semble plaire particulièrement au réalisateur : "Portland est une ville très vibrante même si je dois reconnaître que je n'y suis pas allé qu'après avoir fini le premier jet du scénario. Je suis originaire du Wisconsin et je suis parti vivre ensuite à Los Angeles, mais ces deux endroits entretiennent des similitudes avec Portland : c'est une ville d'artistes dans laquelle on retrouve néanmoins le côté un peu familial du Midwest. J'aimais vraiment cet aspect de la ville, car je pouvais m'y identifier, à tel point que je trouvais logique d'y situer l'intrigue de Pig."

Mais si on reconnaît une petite originalité du film ce n'est pas franchement sur le cochon ou le côté ermite, bien au contraire d'emblée on pense à un certain "John Wick" (2014-2017-2019) de Chad Stahelski où un tueur à gages taciturne partait en vendetta après qu'on ait tué son chien, à une différence notable près, notre truffier n'a rien d'un guerrier. Mais on aime toujours Nicolas Cage quand il fait dans la sobriété (ou presque !), il retrouve les bois comme dans "Joe" (2013), et de nouveau il va devoir faire face à un passé. C'est le premier bémol, ou plutôt le premier questionnement car les secrets du passé s'avèrent soit peu intéressant ou peu enclin à un réel twist, soit ils sont sans véritables enjeux au sein de l'intrigue. Et finalement on se demande pourquoi devenir ermite, choix radical pas franchement compréhensible, et pourquoi la truffe ?! Des questions sans de réponses franches. Mais pourquoi pas, le climax est prenant empreint de mélancolie avec un Nicolas Cage particulièrement touchant ; un acteur inspiré et investi, notamment pour l'anecdote, l'acteur s'ets fait mordre plusieurs fois par le cochon à cause à priori d'un manque de budget n'ayant pas permis de parfaire le dressage de l'animal. Et quelques scènes sont émotionnellement très réussies comme lors du face à face avec le chef cuistot du restaurant ou lors de l'ultime dénouement. En prime une séquence de dîner qui mêle subtilement haute gastronomie et tragédie grecque. Mais s'il y a de nombreux moments de grâce, il y a également d'autres passages un peu bizarre voir complètement incongrue et là on pense surtout à cette partie façon "Fight Club" (1999) de David Fincher qui fait un peu cheveu sur la soupe. On est un peu déçu également du paramètre truffe, on va en revenir au pourquoi ?! En effet la truffe n'est qu'un prétexte, sans réel intérêt ni sur l'intrigue ni sur le repas fatidique. On aurait aimé une "imprégnation plus savoureuse" du champignon sur le récit, pourquoi pas en sauvant ce "Fight Club" ?! Néanmoins, Michael Sarnoski signe un drame humain émouvant, avec un Nicolas Cage qui ne l'est pas moins, et si les zones d'ombre sont un peu trop nombreuses il n'en demeure pas moins qu'on reste scotché au fil du récit et l'acteur dans un film de ce niveau est devenu si rare qu'il ne faut pas bouder son plaisir. 

 

Note :            

 

13/20

 

Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :               

12/20
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