L'Ouragan de la Vengeance (1965) de Monte Hellman

par Selenie  -  15 Février 2022, 10:20  -  #Critiques de films

Issu de l'écurie d'un certain Roger Corman, ayant d'ailleurs collaboré sur le film "L'Halluciné" (1963), Monte Hellman et Jack Nicholson ont travaillé ensemble sur "Flight tu Fury" (1964) et "Back Door to Hell" (1964), Hellman à la réalisation pour les deux, Nicholson devant la caméra, et les deux avaient co-écrit le premier. Des expériences qui les mènent à poursuivre leur route ensemble avec ce western, Hellman toujours à la réalisation et Nicholson au scénario et acteur. Le titre du film est un peu générique alors que le titre en V.O. est "Ride in the Whirlwind" qui signifie "Chevauchée dans le Tourbillon". Le film tourné en 1965 ne sortira pourtant pas en salles aux Etats-Unis mais sera diffusé à la télévision seulement en 1968, alors que pourtant il sortira au cinéma en France également en 1968. Certains parlent de "western bressoniens", on y décèle surtout ce que Hellman et Nicholson pousseront encore plus loin dans leur prochain western, souvent considéré comme le précurseur du "Acid Western" (Tout savoir ICI !), "The Shooting" (1966)... Trois cow-boys rencontrent trois autres dans une cabane isolée. Mais le lendemain plusieurs hommes qui se déclarent comme une milice civile les assiègent et leur demandent de se rendre. Trois hommes sont en fait des braqueurs en fuite tandis que les trois autres se trouvent au mauvais endroits au mauvais moment. Mais la milice ne se pose pas de question, trois hommes pris au piège décident de se battre, les trois autres tentent de fuir...

Parmi les hommes pris pour cible il y a donc Jack Nicholson, pas encore star, mais qui le deviendra en jouant en peu de temps dans les films "Chinatown" (1974) de Roman Polanski, "Profession : Reporter" (1975) de Michelangelo Antonioni et "Vol Au-Dessus d'u Nid de Coucou" (1975) de Milos Forman. A ses côtés Cameron Mitchell, vétéran de l'Âge d'Or habitué des westerns dont "Le Jardin du Diable" (1954) de Henry Hathaway, "Les Implacables" (1955) de Raoul Walsh ou "Hombre" (1967) de Martin Ritt et qui retrouvera Nicholson dans "Les Motos de la Violence" (1970) de Martin B. Cohen ainsi que Harry Dean Stanton, ami proche de Nicholson qu'il retrouvera encore sur "The Shooting", "Missouri Breaks" (1976) de Arthur Penn, "Man Trouble" (1992) de Bob Rafelson, "The Pledge" (2001) de Sean Penn et "Self Control" (2003) de Peter Segal, et qui retrouvera Monte Hellman une fois de plus sur le film culte "Macadam à Deux Voies" (1971) dans lequel jouera aussi George Mitchell vu dans "3h10 pour Yuma" (1957) de Delmer Daves et "Le Prisonnier d'Alcatraz" (1962) de John Frankenheimer, puis Rupert Crosse vu dans "Shadows" (1959) et "Too Late Blues" (1961) tous deux de et avec John Cassavetes, et aperçu dans "Pas de Printemps pour Marnie" (1964) de Alfred Hitchcock. Et enfin citons l'un des rares personnages féminins incarnée par Millie Perkins révélée dans le rôle titre de "Le Journal d'Anne Frank" (1959) de George Stevens, qui retrouvera Hellman et d'autres sur "The Shooting" (1967) et "Cockfighter" (1974), puis plus tard dans "Comme un Chien Enragé" (1984) de James Foley et "Wall Street" (1987) de Oliver Stone...

Si le speech tient sur un timbre-poste (des hommes poursuivis par une milice) l'idée géniale est que les "(anti)-héros" sont innocents, mais que les miliciens croient qu'ils font parti du gang de braqueurs, mais surtout le duo Hellman-Nicholson ont écrit une histoire où rien n'est trop explicatif, que tout semble couler de source pour les miliciens comme pour les fuyards, et pour ainsi dire comme pour le spectateur qui doit plus ou moins faire avec ce qu'il a. Ainsi les miliciens ont retrouvé les braqueurs, mais qu'ils soient 3 ou 6 il s'en moquent bien la justice doit passer de façon expéditive, les hommes dans la cabane sont pris au piège, les coupables n'ont plus rien à perdre, les 3 innocents qui ont la malchance d'être là par hasard décident de fuir car comment expliquer l'inexplicable ?! Ironie du sort, s'ils fuient ne sont-ils pas coupables ?! On frôle l'absurde mais les erreurs judiciaires existent encore de nos jours alors dans l'Ouest sauvage des années 1870-1880 ce n'est pas invraisemblable surtout quand les hommes tirent au moindre doute. Le film va à l'essentiel, les uns combattent, les autres fuient, Hellman s'attarde juste assez sur les paysages pour matérialiser l'isolement ou l'aridité, les dialogues sont d'un contenu primaire mais logique et utile, il n'y a pas de séquence plus longue ou plus lente qu'il n'est nécessaire, et en même temps la peur ou l'angoisse amènent à une certaine sobriété ou simplicité comme des cowboys qui ont des ampoules aux pieds ou qui jouent au jeu de dames. Monte Hellman signe avec ce western son premier grand film, Nicholson marque les esprits surtout pour son scénario, devant la caméra c'est surtout Cameron Mitchell qui impressionne sans compter une Millie Perkins assez fascinante, un film malin tant il est épuré de tout artifice. À voir et à conseiller.

 

Note :            

 

16/20
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