Mort sur le Nil (2022) de Kenneth Branagh
Après "Le Crime de l'Orient-Express" (2017) déjà adapté de Agatha Christie, voici donc que le british Kenneth Branagh revient avec un nouveau film tiré d'un autre célèbre roman éponyme (1937) de la romancière qui, à l'instar du précédent a connu une précédente version prestigieuse (1978) de John Guillermin avec un Hercule Poirot incarné par Peter Ustinov. Entre temps, Kenneth Branagh a réalisé le pire avec le médiocre "Artemis Fowl" (2020) et surprend son monde avec le très personnel et remarqué "Belfast" (2022) qui sera un des favoris aux Oscars. Pour ce nouveau Agatha Christie le réalisateur-acteur retrouve Michael Green, scénariste de "Le Crime de l'Orient-Express", mais qui a su surtout s'imposer comme un scénariste qui compte après avoir signé des films comme "Logan" (2017) de James Mangold ou "Blade Runner 2049" (2017) de Denis Villeneuve... Une fois n'est pas coutume, le célèbre détective Hercule Poirot s'octroie des vacances avec une croisière prestigieuse sur le Nil. Les autres passagers sont surtout de la haute aristocratie, dont une couple particulièrement glamour qui fête leur lune de miel un petit peu à l'improviste. Malheureusement la jeune épouse est retrouvée assassinée ce qui oblige Hercule Poirot à écourter ses vacances pour une nouvelle enquête impromptue avec en arrière-plan les beautés et les mystères d'Egypte...
Hercule Poirot est logiquement de nouveau incarné par Kenneth Branagh lui-même, qui revient ainsi devant la caméra après avoir été le méchant dans "Tenet" (2020) de Christopher Nolan. Les passagers sont interprétés par un casting quatre étoiles comme le veut la tradition inhérente au genre avec Gal Gadot célèbre Wonder Woman vue dans le récent "Zack Snyder's Justice League" (2021) et dans "Red Notice" (2021) de Rawson Marshall Thruber, Tom Bateman qui retrouve Branagh après "Le Crime de l'Orient-Express" et vu dans "Sang Froid" (2019) de Hans Petter Moland, Annette Bening qu'on n'avait pas vu depuis "Captain Marvel" (2019) du duo Fleck-Boden et "Goodbye" (2019) de William Nicholson, Russell Brand dont on se souvient dans "Sans Sarah Rien ne Va" (2008) et "American Trip" (2010) tous deux de Nicholas Stoller, Ali Fazal aperçu dans "Fast and Furious 7" (2015) de James Wan et remarqué dans "Confident Royal" (2017) de Stephen Frears, Dawn French remarquée comme la Grosse Dame dans "Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban" (2004) de Alfonso Cuaron et qui retrouve après la série TV culte "Absolutely Fabulous"(1992-2012) sa partenaire Jennifer Saunders qui retrouve Branagh après "Au Beau Milieu de l'Hiver" (1995), Armie Hammer vu récemment dans "Rebecca" (2020) de Ben Wheatley et "Crisis" (2021) de Nicholas Jarecki, Rose Leslie révélée par la série TV "Game of Thrones" (2012-2014) et vue dans "Le Dernier Chasseur de Sorcière" (2015) de Breck Eisner et "Morgane" (2016) de Luke Scott, Emma Mackey révélée dans la série TV "Sex Education" (2019-...) et vue récemment dans le film français "Eiffel" (2021) de Martin Bourboulon, Sophie Okonedo vue notamment dans "Hotel Rwanda" (2004) de Terry George, "Wild Rose" (2018) de Tom Harper ou "Hellboy" (2019) de Neil Marshall, et enfin Letitia Wright révélée en Shuri soeur d'un célèbre "Black Panther" (2018) de Ryan Coogler... Comme sur "Le Crime de l'Orient-Express" Kenneth Branagh modifie le roman originel dans une tentative de moderniser le récit et surtout de mettre en place un suspense forcément inexistant pour tous les lecteurs de Agatha Christie. Certains changements sont plutôt judicieux, d'autres plutôt dommageables.
Ainsi on ne comprend pas pourquoi le voyage se résument soudain à une douzaine de protagonistes soit moitié moins que dans le roman, tandis qu'un certain Bouc remplace son ami le colonel Race, plus judicieux on peut noter que les Otterbourne mère et fille deviennent des artistes de blues afro-américaines. Mais il y a aussi le prologue qui paraît aussi gratuit que superflu, un luxe que s'offre le réalisateur-acteur Kenneth Branagh. Un court métrage plutôt bien fait mais qui sonne comme hors sujet, surtout qu'on devine alors une conclusion qui affiche surtout une invraisemblance physique qui n'a rien à faire dans ce film. Sur l'Egypte, par contre on aime beaucoup l'atmosphère, à la fois post-colonial et jazzy avec des décors somptueux même si on aurait aimé un côté moins kitsh. Le vrai soucis vient de l'enquête, ou les indices sont soit fumeux soit improbables. On tique donc sur un objet retrouvé dans le fond du Nil de façon drôlement facile (draîner le Nil en 1937 ça paraît simple !), et cette preuve ultime est d'une subtilité rare, sans compter l'incroyable sens devinatoire de Poirot/Branagh, car on n'est plus dans la déduction mais dans le devin. Heureusement, Branagh n'est pas manchot, il offre quelques séquences qui ne manquent pas de charmes comme cette séquence très blues dans le cabaret, les plans larges sur les images icôniques de l'Egypte et un casting qui fonctionne à merveille. Branagh signe un second Agatha Christie dans la veine du premier, un climax idéal, une photographie soignée, un casting étoilé, un charme suranné mais des choix plus tendancieux sur la déroulement de l'intrigue. Pas déplaisant mais pas marquant non plus.
Note :